Plus d’une quinzaine de personnalités politiques et représentants de la société civile de Libye se sont réunis hier, à Alger, pour renouer avec les échanges d’idées et le dialogue entre eux sur le destin de leur pays ravagé, depuis près de quatre ans, par l’usage du langage des armes entre Libyens. Considérée comme une avancée importante, vers la recherche de la solution politique à la crise en Libye, la rencontre des Libyens à Alger, entamée hier et qui se poursuivra aujourd’hui, a été possible grâce à la volonté politique d’acteurs libyens et algériens convaincus que l’ultime voie, pour sortir la Libye du tourbillon chaotique qui dure depuis quatre ans, n’est autre que le dialogue interlibyen. Déclarant qu’à l’ouverture officielle, hier, de la rencontre interlibyenne, le chef de la diplomatie algérienne a estimé que le conclave libyen, dans ses efforts pour rapprocher les points de vue des parties libyennes et préparer les conditions d’un dialogue inclusif interlibyen, pour parvenir à une solution politique consensuelle à la crise dans ce pays, Alger jouit du soutien de la communauté internationale, à travers la mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul, laquelle supervise le conclave interlibyen, d’Alger. L’Algérie «n’a ménagé aucun effort pour accompagner les frères en Libye et œuvrer à unifier les rangs et trouver une issue à la crise dans ce pays». Déclaration du ministre délégué, chargé des Affaires maghrébines et africaines, hier, lors de son allocution d’ouverture des travaux du conclave libyen réunissant des chefs de partis et de militants politiques de Libye et en présence de Bernardino Leone, l’Envoyé spécial des Nations unies pour la Libye. Rappelant dans son allocution que des liens historiques et la proximité géographique lient les deux pays, en indiquant que l’Algérie «qui partage avec la Libye sœur des relations de voisinage, la lutte contre le colonialisme et une histoire commune» Messahel souligne qu’Alger «ne pouvait rester les bras croisés alors que les frères libyens en proie à la fitna traversent la plus dangereuse des étapes menaçant leur pays et leur unité». Pour rappel, outre la situation sécuritaire chaotique qui prévaut en Libye, l’aggravation de celle ayant trait au volet politique aussi complexe, avec l’existence de deux Parlements parallèles et deux gouvernements rivaux, se disputant le pouvoir. La rencontre des Libyens à Alger se veut un moyen qui doit permettre aux différentes parties libyennes d’arriver à une solution politique consensuelle en vue de former un gouvernement d’union nationale qui aura pour mission la gestion de l’étape de transition et de surmonter la crise qui secoue ce pays voisin. Le chef de la diplomatie algérienne, la veille de la tenue du conclave libyen d’Alger, a exprimé le souhait que «cette réunion sera un sursaut collectif de nos frères et sœurs libyens vers un accord d’un consensus national sur la création d’un gouvernement d’union nationale».
Ajoutant dans ce même ordre d’idées, «et également sur les arrangements de sécurité qui permettront au pays d’évoluer et d’aller vers la constitution des élections dans le calme et la sérénité, la sécurité et la stabilité», a-t-il précisé.
Par ailleurs, la chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, a exhorté, lundi dernier, les parties en conflit en Libye à trouver les compromis nécessaires pour conclure un accord sur un gouvernement d’union nationale dans les jours qui viennent, évoquant une «ultime chance» de règlement du conflit. Pour la responsable européenne, «les dirigeants politiques libyens doivent faire tout leur possible pour trouver les compromis nécessaires, pour saisir cette ultime chance et se mettre d’accord sur un gouvernement transitoire d’union nationale», a-t-elle affirmé. Déclarations de Mme Mogherini devant le Conseil de sécurité des Nations unies, pour la première fois, dans ses fonctions de chef de la diplomatie européenne. Indiquant précisément que l’accord et le consensus interlibyen «doivent intervenir dans les jours et non dans les semaines qui viennent».
De son côté, Bernardino Leone intervenant, hier, au conclave interlibyen d’Alger a fait savoir que la Libye n’a que deux voies, celle en cours et qui mènera à sa destruction, ou celle qui mène vers un accord entre Libyens, et prémunir le pays du pire qui le guète. «la Libye n’a que deux options, ou l’accord politique ou la destruction, et je sais que la destruction n’est pas une option», a déclaré le représentant spécial de l’ONU. Opposée à toute intervention étrangère en Libye, Alger n’a cessé de consentir des efforts en vue de promouvoir la solution politique en direction de la crise libyenne, en vue d’écarter le spectre de l’intervention militaire étrangère dans ce pays, laquelle option militaire a prouvé ses échecs par le passé lointain et plus récent, pour ne citer que l’Afghanistan et l’Irak, où la paix et la sécurité font cruellement défaut.
Karima Bennour