Des dizaines de milliers de civils ont fui les bombardements du régime syrien et de son allié russe cette semaine à Idleb (Nord-Ouest), dernier grand bastion hostile à Damas, où les combats se sont intensifiés vendredi, ont indiqué les Nations unies.
La province d’Idleb, qui abrite environ trois millions de personnes, dont de nombreux déplacés d’autres régions syriennes, est dominée par les jihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ex-branche syrienne d’Al-Qaïda. Cette région, qui échappe encore au régime, a fait l’objet d’un cessez-le feu fin août, fragilisé depuis des semaines par de réguliers bombardements et affrontements. «A la suite de l’intensification des frappes aériennes et des bombardements depuis le 16 décembre sur le sud d’Idleb, des dizaines de milliers de civils auraient fui la région de Maaret al-Noomane (…) vers le nord de la province. Des milliers d’autres attendraient que les bombardements diminuent pour partir», a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) dans un communiqué. Vendredi «les combats au sol ont aussi repris le long des lignes de front dans le sud de la province d’Idleb, amplifiant les déplacement depuis le sud d’Idleb», est-il ajouté dans le texte. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, plus de 80 combattants ont été tués depuis jeudi à Idleb lors de violents affrontements entre les forces du régime et des groupes armés, dont 51 jihadistes et rebelles, et 30 combattants prorégime. Ces affrontements meurtriers se sont déroulés notamment près de la ville de Maaret al-Noomane, contrôlée par les jihadistes. En parallèle, l’aviation russe, qui soutient les forces du régime, pilonne les zones autour de Maaret al-Noomane et de la ville voisine de Saraqeb, selon l’OSDH. Un correspondant de l’AFP a confirmé une vague de déplacements, les habitants des zones visées fuyant en masse les violences.
«Des centaines de roquettes»
Yasser Ibrahim al-Dandal et sa famille font partie de ces déplacés. Ils ont décidé de fuir vers le nord d’Idleb, où ils devront dormir en plein air dans les oliveraies, faute de moyens, selon le père de famille. «Des centaines de roquettes ont visé Maaret al-Noomane hier», dit-il à l’AFP. «La situation est très mauvaise.» «Des pénuries d’essence dans la région d’Idleb limitent aussi les mouvements des civils fuyant les hostilités», a indiqué l’Ocha, précisant que «les déplacements durant l’hiver rendent encore plus vulnérables les personnes» ayant besoin d’aide humanitaire. «Beaucoup de ceux qui ont fui ont un besoin urgent (…) d’abris, de nourriture et d’aide sanitaire», a ajouté l’organisation des Nations unies. Vendredi, la Russie et la Chine ont mis leur veto au Conseil de sécurité à un projet de résolution de l’Allemagne, de la Belgique et du Koweït étendant d’un an l’aide humanitaire de l’ONU, passant par les frontières turque et irakienne, à quatre millions de Syriens. Principal soutien du régime, Moscou estime que ce dernier a repris depuis un an suffisamment de contrôle dans le pays pour assurer le transfert de l’aide humanitaire internationale à partir de son territoire. Mercredi, la conseillère humanitaire auprès de l’envoyé spécial des Nations unies en Syrie, Najat Rochdi, a condamné la recrudescence des violences dans la région d’Idleb, appelant à une «désescalade immédiate», au lendemain de bombardements menés par le régime ayant tué 23 civils. En dépit de la trêve annoncée par Moscou dans cette région, les bombardements et combats au sol ont déjà tué plus de 250 civils depuis fin août en plus de centaines de combattants des deux camps, selon l’OSDH. En octobre, le président syrien Bachar al-Assad avait effectué sa première visite dans la province depuis le début de la guerre en 2011, affirmant que la bataille d’Idleb était la clé pour y mettre fin. Le conflit en Syrie, déclenché par la répression de manifestations prodémocratie par le régime de Damas, a fait plus de 370.000 morts et des millions de déplacés.