Les forces d’occupation israéliennes ont multiplié, mercredi, les opérations de répression à travers la Cisjordanie occupée et El-Qods, menant à la destruction de biens palestiniens et à l’arrestation d’au moins 11 Palestiniens, dans un contexte de violences systématiques qui s’intensifient à l’ombre de la guerre menée contre Ghaza. Selon des sources locales à El-Qods occupée, les forces israéliennes ont pris d’assaut la localité de Jabal Al-Mukabber, où elles ont procédé à la démolition d’un bâtiment situé à proximité du barrage de Sheïkh Saâd. Des engins militaires ont également rasé plusieurs commerces à Kafr Aqab et aux abords du camp de Qalandia, au nord d’El-Qods, aggravant encore la pression économique et sociale sur les habitants palestiniens de la ville. Au nord de la Cisjordanie, les forces d’occupation ont détruit la maison de la famille du martyr Malek Salem, dans le village de Bazaria, au nord-ouest de Naplouse. Dans la même région, des incursions violentes ont été menées dans les camps de Balata et Askar, ainsi que dans la localité de Beït Iba, où une femme palestinienne a été agressée et six Palestiniens arrêtés. Le directeur du centre d’ambulances et d’urgences du Croissant Rouge à Naplouse, Imad Ahmad, a indiqué que les équipes médicales avaient pris en charge une femme de 45 ans, blessée après avoir été violemment battue lors de l’incursion du camp de New Askar, à l’est de la ville. Dans le gouvernorat de Bethléem, les forces israéliennes ont également arrêté cinq Palestiniens après avoir perquisitionné et fouillé leurs domiciles, tandis que le village de Turmus Ayya, au nord de Ramallah, a été pris d’assaut par l’armée.
Violences de colons : une stratégie de terreur quotidienne
Parallèlement aux opérations militaires, les violences des colons israéliens se poursuivent en toute impunité. Dans la nuit, des colons ont attaqué une maison dans la région de Wadi Ajhish, à l’est d’As-Samu’, au sud d’Hébron, saccageant son contenu et égorgeant plusieurs têtes de bétail. Dans le village d’Al-Mughayir, au centre de la Cisjordanie, la famille palestinienne Abu Naïm subit, depuis des années, un harcèlement continu. Chaque semaine, des colons armés font passer leurs troupeaux à travers les oliveraies cultivées par la famille depuis des générations, brisant les branches, affaiblissant les racines et accaparant les rares sources d’eau. « Je les supplie de nous laisser tranquilles. Nous ne voulons pas de problèmes », raconte Abu Naïm, 70 ans, contraint de surveiller ses terres depuis des tentes rudimentaires surplombant la vallée. Il affirme que des colons ont confisqué de vastes parcelles de terres familiales après l’installation de nouveaux avant-postes coloniaux, souvent illégaux mais appelés à être régularisés par les autorités israéliennes. Un reportage du New York Times, signé par Michael D. Shear, Daniel Berehulak, Lian Abraham et Fatima Abdul Karim, documente l’ouverture de routes coloniales à travers les pâturages palestiniens, le vol répété de bétail, ainsi que des attaques nocturnes, dont une incursion armée à 3 heures du matin et le pillage de panneaux solaires appartenant à la famille.
Une transformation forcée du territoire
Derrière ces scènes de violence quotidienne se dessine une reconfiguration profonde de la Cisjordanie occupée. Alors que la guerre contre Ghaza a capté l’attention mondiale ces deux dernières années, les faits accomplis se sont accélérés à Bethléem, Ramallah, El-Khalil ou Ariha. Pour les Palestiniens, ces terres constituent le socle de leur futur État. Pour une partie de la droite israélienne et des colons extrémistes, elles représentent un « droit historique » à imposer par la force. Depuis le retour de Benjamin Netanyahou au pouvoir en 2022, et plus encore depuis octobre 2023, le gouvernement israélien soutient ouvertement l’expansion coloniale. Selon l’ONG “La Paix Maintenant”, environ 130 nouveaux avant-postes coloniaux ont été établis entre 2024 et 2025, un chiffre inédit. En parallèle, plus de 1 500 structures palestiniennes ont été détruites en 2025 seulement, soit le double de la moyenne annuelle avant la guerre. L’armée sioniste affirme agir pour «maintenir l’ordre et la sécurité », mais sur le terrain, les témoignages concordent : les colons opèrent souvent sous la protection tacite, voire directe, de l’armée, tandis que les Palestiniens sont arrêtés arbitrairement et privés de toute réelle protection juridique.
« Vider les villages »
À Al-Mughayir, comme dans d’autres villages du centre de la Cisjordanie, la stratégie est désormais visible : demandes d’évacuation, barrages métalliques, isolement progressif, puis expansion coloniale. Les écoles ferment côté palestinien, les maisons sont détruites, tandis que des quartiers entiers surgissent pour accueillir des milliers de colons. « Chaque colonie, chaque logement est un clou de plus dans le cercueil de la solution à deux États », a déclaré récemment le ministre israélien d’extrême droite Bezalel Smotrich, assumant l’objectif de rendre impossible toute perspective d’État palestinien viable. Les Nations unies, les États-Unis et de nombreux pays occidentaux avertissent depuis des années que cette politique rendra irréversible la fragmentation du territoire palestinien. Sur le terrain, la peur grandit que ce point de non-retour soit déjà atteint. Entre démolitions, arrestations, violences de colons et expansion coloniale accélérée, la Cisjordanie occupée vit une guerre silencieuse, moins visible que celle menée contre Ghaza, mais tout aussi destructrice pour l’avenir du peuple palestinien.
M. S.














































