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Cinéma : «Spectre», un bond en arrière

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Alors que James Bond revient au cinéma dans «Spectre», voici la critique de ce quatrième film avec Daniel Craig. Avec Daniel Craig, la franchise 007 avait tiré le bon numéro. Dès «Casino Royale», il était indéniable que la vieille veine de Ian Flemming recevait du sang neuf, tant du côté de l’interprétation que du scénario. Les vieilles rides attrapées par James Bond dans les seventies subissaient à la fois un lifting et une cure de vitamines. Terminé les aristos beaux gosses, welcome le look buriné de bad boy mi-Poutine mi-Steve McQueen. Out le flegme british, bienvenue aux tourments de l’âme et aux problèmes d’identité du super héros enfin humanisé… mais pas trop. Le dernier épisode, «Skyfall», a atteint un succès historique au box-office, faisant entrer le chiffre 007 dans le nombre sacré des 10 plus grosses recettes de l’histoire du cinéma avec un trésor de guerre de plus d’un milliard de dollars (7 millions d’entrées en France). Après un tel exploit, Sam Mendes est retourné aux fourneaux pour nous mitonner «Spectre» avec Craig dans le costume sur mesure de l’agent secret de Sa Majesté et, cocorico, Léa Seydoux dans les dessous chics de la James Bond girl de service. Quant au rôle du méchant, c’est Christoph Waltz qui s’y colle. Le couvert est mis, il est temps de passer à table…

ASTON MARTINI… DRY
Question mise en bouche, Sam Mendes sait nous en mettre plein la vue. Rien que le générique vaut à lui seul bien des longs-métrages insipides et formatés qu’on nous sert à longueur d’année. Des images sublimes, une musique envoûtante signée Sam Smith. Ça y est, on a l’eau à la bouche, et presque la larme à l’œil. Tout l’univers et l’histoire de James Bond sont là. La séquence d’ouverture dans un Mexique où la mort se fait carnaval vous prend au col et vos pieds ne touchent plus terre. Puis, le film prend son rythme, l’intrigue place ses pions et nos pieds se reposent sur le sol. Les effets du shoot d’adrénaline du début ne se font plus sentir. Après avoir été mis en orbite dans une centrifugeuse, le spectateur revient tout doucement dans le monde normal et référencé du Bond old school. Dès lors, le film étire son scénario comme des tentacules, mais les ventouses ont du mal à nous scotcher à l’écran. Filant sur les rails trop huilés d’une intrigue trop prévisible, Daniel Craig crawle à la surface de son personnage, protégé par un masque de flegme qui l’empêche d’aller dans les profondeurs sombres du héros.
L’acteur a beau avoir de sacrés abdos, ce «Spectre» a des moments de ventre mou. Il faut dire que l’opus dure près de 2h30. Y a du gras… Si l’on est ravi de retrouver une Monica Bellucci dont la puissance du sex appeal est sans appel, la prestation de Léa Seydoux est moins convaincante. La frenchie fait le job, mais il lui manque cette dimension torride qui nous ferait comprendre que Bond craque pour elle. Leur histoire d’amour est aussi téléphonée qu’un texto. Du trop vite fait. Celui qui rate sa prestation, c’est malheureusement Christoph Waltz. Alors qu’il en faisait des tonnes dans le «Big Eyes» de Tim Burton, là il n’en fait pas assez pour donner un vrai relief à son personnage. Dommage… Bien sûr, tout n’est pas à jeter dans ce nouveau chapitre des aventures de 007. Le charme opère toujours, les cascades sont spectaculaires (même si les scènes d’action dérapent trop souvent dans l’univers du jeu vidéo), l’humour est toujours présent, les dialogues enlevés, mais ce retour aux fondamentaux plombe le film aussi sûrement qu’un tir du 7,65 Walther PPK de l’ami Bond. Vivement le prochain…

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