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Cinéma : Le Fespaco de Ouagadougou fête son cinquantenaire sous tension

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Le plus grand festival de cinéma africain, le Fespaco de Ouagadougou, célèbre, à partir de samedi, son cinquantenaire avec pour thème « la mémoire et l’avenir » du 7e art sur le continent, dans un contexte tendu par la multiplication des attaques jihadistes au Burkina Faso.

Quelque 165 films ont été sélectionnés pour cette 26e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), dont 20 longs métrages de fiction en compétition pour l’Etalon d’or de Yennenga, la récompense suprême. Pendant huit jours, du 23 février au 2 mars, le festival présentera aussi courts métrages, documentaires, séries télé, films d’animation, ainsi que des films d’écoles africaines de cinéma, en compétition dans les différentes sections. Parmi les longs métrages en compétition sont attendus notamment le film kényan « Rafiki », de Wanuri Kahiu, sélectionné à Cannes et un temps interdit de diffusion dans son pays en 2018 parce qu’il raconte un amour lesbien, ainsi que « Desrances », le nouveau film de la Burkinabè Apolline Traore – remarqué en 2017 pour « Frontières » – sur la crise postélectorale ivoirienne de 2010-11. Outre 4.500 professionnels, les organisateurs attendent 100 000 spectateurs lors des 450 projections prévues dans neuf salles de cinéma de la capitale burkinabè, mais aussi à Bobo Dioulasso et à Ouahigouya, les deux autres principales villes du pays. Pour cette édition du cinquantenaire, le délégué général du Fespaco Adiouma Soma souhaite « revenir aux fondamentaux du festival » avec des projections ambulantes dans les quartiers populaires de Ouagadougou », afin que le public « puisse suivre le maximum de films, et que les cinéastes puissent véritablement aller à la rencontre de leur public ». Des rétrospectives des classiques du cinéma africain et des films lauréats de l’Etalon d’Or seront diffusés lors de ces séances ambulantes. Une grande opération de nettoyage des principales avenues de la capitale s’est poursuivie jeudi et le siège du Fespaco grouillait déjà de festivaliers venus chercher leurs accréditations.

Festival sous tension
Depuis sa fondation en 1969, le Fespaco – devenu biennal en 1979 – s’est imposé à la fois comme la principale manifestation internationale pour les professionnels du 7e art africain et de sa diaspora, et comme une grande fête populaire. Mais plus encore qu’en 2017, le festival se tient cette année sous tension, avec la crainte d’une nouvelle attaque jihadiste. Les habitants de Ouagadougou restent marqués par trois attaques en trois ans contre la capitale, de 2016 à 2018, ayant fait au total près de 60 morts. Deux de ces attaques ont visé particulièrement des hôtels et restaurants fréquentés par des Occidentaux. Depuis qu’elles ont débuté il y a quatre ans, les attaques islamistes au Burkina sont d’intensité croissante. Depuis début décembre, une quinzaine ont été perpétrées, visant les régions du nord et de l’est du pays, tuant 80 personnes, civils et membres des forces de l’ordre. Ces dernières semblent impuissantes à enrayer ce déferlement de violences. Soucieux de rassurer public et professionnels sur la sécurité de la seule manifestation de rayonnement mondial de ce pays sahélien très pauvre, le ministre burkinabè de la Culture, Abdoul Karim Sango, a assuré que « le gouvernement prendra toutes les dispositions » nécessaires. Ainsi, 2.000 membres des forces de sécurité ont été mobilisés, a annoncé jeudi le commissaire Joseph Toni, président de la commission sécurité du Fespaco, pour des patrouilles jour et nuit, « la surveillance des hôtels, des lieux de manifestations, des salles de cinéma », où des « contrôles rigoureux et des fouilles systématiques » seront effectués. La cérémonie d’ouverture du festival se déroulera au Stade municipal qui compte 25.000 places. Au terme des sept jours de projections, le jury du Fespaco, présidé par l’universitaire et critique de cinéma algérien Ahmed Bedjaoui devra désigner, parmi les 20 longs métrages venant de 16 pays, lequel succédera au palmarès à « Félicité » d’Alain Gomis, primé en 2017. En marge du Fespaco se tiendra le 19e Mica, le Marché international du cinéma et de la télévision africains, une bourse de programmes audiovisuels africains et sur l’Afrique ouverte aux professionnels.

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