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Cinéma : «Dumb & Dumber De», opération recyclage

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Rencontre avec le comédien en caoutchouc, à l’affiche de Dumb & Dumber De, suite vingt ans après de la comédie culte des frères Farrelly. Dans une suite d’un hôtel du VIIIe arrondissement de Paris, les journalistes trépignent. Ils sont venus rencontrer Jim Carrey et Jeff Daniels, révélés en 1994 dans les rôles de Lloyd Christmas et Harry Dunne, les héros de Dumb and Dumber des frères Farrelly. Vingt ans après le premier volet, les deux acteurs ont signé pour un nouveau voyage en camionnette chien.
À 52 ans, Jim Carrey est toujours l’acteur au visage le plus expressif de Hollywood. Il s’est enfin senti prêt à retrouver son corps élastique, ses célèbres grimaces, son air benêt, sa coupe au bol et son vieux tee-shirt délavé pour redevenir le personnage le plus débile de l’histoire du cinéma. Une envie qui lui a pris un soir de nostalgie dans une chambre d’hôtel. Dumb and Dumber, film culte pour les Américains, passe à la télévision. Carrey redécouvre l’humour sans limites des frères Bobby et Peter Farrelly. Toute la folie des futurs réalisateurs de Mary à tout prix, Fous d’Irène, L’Amour extra large, Deux en un, Les Femmes de ses rêves ou encore Bon à tirer (B.A.T.) est déjà là. Dumb and Dumber est la première pierre d’une œuvre frappadingue et subversive, éloge des crétins, asociaux et autres canards boiteux. «J’étais harcelé en permanence par des fans qui voulaient une suite, explique Carrey. Moi, j’avais envie d’utiliser mon temps pour faire autre chose, je n’étais pas prêt. Mais ce soir-là, j’ai regardé ces personnages et je me suis dit: le monde a besoin d’eux! Ils vont libérer l’univers de ses tracas!» Une décision naturellement applaudie par les frères Farrelly et par Jeff Daniels. «J’ai dit oui tout de suite, se souvient ce dernier. On avait envie de contenter nos fans, qui ont de 8 à 90 ans!» Peter Farrelly se souvient de l’appel de l’acteur avec émotion. «Jim avait oublié à quel point le film est drôle!»
Depuis ses débuts dans la célèbre émission américaine «Saturday Night Live» et avec ses trois succès fulgurants en 1994 (Dumb and Dumber, The Mask, Ace Ventura), Carrey est devenu une célèbre grimace dont la présence en haut de l’affiche garantit un succès. Son tempérament de fou furieux sur les plateaux de télévision et sa gestuelle outrancière en ont fait la star de la comédie américaine familiale (Le Grinch, Menteur, Menteur ou Bruce Tout-Puissant…). Mais l’acteur a eu envie d’explorer d’autres facettes. Il s’illustre dès 1998 dans une performance dramatique brillante avec The Truman Show, la première critique de la téléréalité réalisée par Peter Weir, dans lequel il joue un M. Tout-le-Monde touchant. Même s’il se bat pour s’imposer dans des rôles moins grimaçants (Man on the Moon, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, I Love You Philip Morris), Hollywood ne cesse de le renvoyer au vestiaire des clowns avec des films mineurs comme M. Popper et ses pingouins (2011). Un retour forcé à la comédie qui a parfois donné envie à Carrey d’arrêter les frais. Il y a deux mois encore, il affirmait vouloir mettre un terme à sa carrière et se consacrer à la sculpture. Grosse fatigue. «Je n’avais surtout pas envie de passer dix ans à faire de mauvais films juste pour rester à la mode!» Jeff Daniels, qui a su rebondir avec la série d’Aaron Sorkin The Newsroom, comprend que son ami en ait eu assez. «Les studios veulent toujours ranger les acteurs dans des cases, explique-t-il. Jim a envie d’être libre.» Mais la comédie, et l’envie de faire n’importe quoi à l’écran, a rattrapé l’humoriste. «Nous vivons dans un monde trop politiquement correct, raconte Jim Carrey. Les gens ont peur de dire ce qu’ils ressentent, de ne pas être assez patriotique. Tout est sous contrôle. À Hollywood, personne ne pensait qu’on pourrait faire cette suite, et pourtant on a été premiers au box-office!» En novembre dernier, les deux losers ont raflé la mise lors du premier week-end d’exploitation aux États-Unis, damant le pion aux Nouveaux Héros, le dernier Disney. Dans un monde lisse et triste, il était temps de reprendre le volant de la camionnette chien, même si c’est pour l’envoyer dans le décor. «Je pensais qu’il aurait changé, se souvient Peter Farrelly, qu’il faudrait quelques jours pour faire revenir les deux acteurs à l’état d’esprit de l’époque… Mais dès le premier “action!” ils ont repris exactement comme si c’était hier.» Quand on voit Carrey dans la peau de Lloyd Christmas mettre le feu à une chambre de motel ou jeter une peau de banane dans un cercueil, nous voilà rassurés. La comédie américaine peut fêter le retour de son fils prodigue.

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