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Cinéma : Coppola se lance enfin dans «Megalopolis»

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À bientôt 80 ans, le papa d’« Apocalypse Now » est prêt à réaliser le vertigineux film de science-fiction dont il rêve depuis les années 1980.

Au rayon des films cultes jamais réalisés, on trouve le Napoléon de Stanley Kubrick, le Leningrad de Sergio Leone ou, bien sûr, le Dune d’Alejandro Jodorowsky (dont l’histoire est contée dans le superbe documentaire Jodorowsky’s Dune). Mais il y a aussi le Megalopolis de Francis Ford Coppola. Tout bon cinéphile (oui, on fait des généralités) a déjà entendu parler de cet immense film de science-fiction annoncé depuis les années 1980 et qui n’a jamais réussi à entrer en phase de production. Jusqu’à maintenant du moins. Dans la plus grande décontraction, et alors qu’il vient de boucler un nouveau montage d’Apocalypse Now (intitulé Final Cut), Coppola a annoncé au site spécialisé Deadline qu’il va relancer la machine. À bientôt 80 ans, il est prêt à réaliser son fantasme.
« Oui, je prévois de commencer cette année ce qui est une ambition de longue date : une œuvre majeure utilisant tout ce que j’ai appris durant ma carrière, commencée au théâtre à l’âge de 16 ans. Et ce sera une épopée à grande échelle, que j’ai intitulée Megalopolis », déclare le cinéaste derrière la trilogie du Parrain. Selon Deadline, le script du film est prêt (pas étonnant après tant d’années de gestation). Coppola aurait même déjà entamé des discussions avec plusieurs stars hollywoodiennes, dont Jude Law, qui reviendrait à la science-fiction presque 20 ans après A.I. Intelligence artificielle (lui-même projet avorté de Stanley Kubrick, avant d’être repris par Steven Spielberg).
Le légendaire réalisateur ne s’en cache pas : Megalopolis est un projet mégalo. «C’est inhabituel ; ce sera une grosse production avec un grand casting. Elle s’appuiera sur toutes ces années où j’ai essayé différents types et styles de films pour aboutir à ce qui est mon propre style, mes propres voix et aspiration. Cela n’entre pas dans le courant mainstream de ce qui est produit actuellement, mais j’ai l’intention – et d’ailleurs j’y suis encouragé – de pouvoir commencer la production cette année. » Quand on s’appelle Coppola, on peut bien se le permettre…

Le rêve d’un démiurge
Mais, au fait, de quoi ça devait parler, Megalopolis ? Le script débuté en 1983 (212 pages à l’arrivée !) met en place un univers dans la veine du Metropolis (1927) de Fritz Lang, qui est grandement influencé par l’œuvre littéraire d’Ayn Rand et ses univers dystopiques. Megalopolis se déroule dans une version futuriste de New York, en pleine reconstruction après un cataclysme. On suit un architecte torturé rêvant de bâtir une cité utopique, baptisée « Cityworld », mais qui se retrouve face à un maire très conservateur. Et pour se faire une idée plus précise de ce qu’aurait donné (ou pourrait donner) ce bout de pellicule, plusieurs dessins de préproduction ont fait surface, montrant des visuels très inspirés de Metropolis, avec une touche de cyberpunk.
Ayant essuyé plusieurs échecs à l’époque (notamment Rusty James en 1983 et Cotton Club en 1984), Coppola n’avait pas pu obtenir les financements nécessaires à son entreprise. Ce qui ne l’empêcha pas de s’y accrocher jusqu’au bout – il avouera avoir accepté, dans les années 1990, des longs-métrages moins personnels comme Dracula, Jack et L’Idéaliste, pour financer son bébé.
En 2001, l’affaire semblait lancée et plusieurs acteurs avaient défilé devant le réalisateur pour tenir un rôle dans son épopée SF : Russell Crowe, Nicolas Cage, Paul Newman, Kevin Spacey ou encore Uma Thurman. Mais, tandis que les repérages débutent, la tragédie du 11 Septembre survient. Coppola ne peut alors envisager un film sur un New York utopique en pleine reconstruction et le projet est enterré. Aujourd’hui, le rêve semble de nouveau permis. Francis Ford Coppola, qui fêtera ses 80 ans le 7 avril prochain, s’apprête à relever le défi le plus démesuré de sa carrière.

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