Une conférence de presse a été organisée, jeudi 12 février à l’hôtel El- Djazaïr, en présence de Ahmed Masood, directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale, au FMI, et des cadres de la Banque d’Algérie. Masood a ouvert la séance en brossant un tableau sur «l’impact de la chute du prix du pétrole sur les pays de la région». Le conférencier a présenté des schémas sur les perspectives et les évolutions mondiales, dans les marchés pétroliers. Il a mis en exergue les facteurs importants pour montrer comment les pouvoirs publics peuvent gérer ces fluctuations conjoncturelles, à travers les politiques budgétaires et monétaires. Il s’agit de la faible croissance économique, les fortes fluctuations des principes du taux de change, en euros. Il a évoqué la croissance mondiale plus lente dans la zone euro qui pèse sur les exportations et les envois de fonds pour les pays exportateurs de pétrole.
Et à Masood d’esquisser un scénario catastrophe pour le moins: «Sil’Algérie persiste dans cette politique et que le prix du pétrole se stabilise entre 50 et 75 dollars, le déficit budgétaire se creusera, la dette publique connaîtra une hausse du PIB et les recettes fléchiront de 20 milliards de dollars.» Une situation intenable, selon le représentant du FMI qui signalera au passage que même le chômage de 9%, dont 25% de jeunes et de femmes, connaîtra un renchérissement. De ce fait, Masood a affirmé que le prix du pétrole a chuté brutalement (100 à 120 dollars). Les perspectives régionales se sont détériorées, surtout sous l’effet de la la chute du cours du pétrole. Selon Masood, cette chute entraînera un manque à gagner considérable des recettes d’exportation qui pèsera sur les équilibres budgétaires.
Ce manque à gagner dans les recettes d’exportation se résume comme suit: Koweit : 50 $, Quatar 44 $, Irak 46 $, Oman 15 $, Lybie 10 $, Arabie saoudite 138 $, Émirats arabes unis 47 $, Algérie 20 $, Bahrein 3 $, Iran 16 $ et le Yémen 0,4 $. S’agissant des perspectives économiques, cette évolution dans les marchés pétroliers a montré que l’Algérie a fait des progrès.
Les prix budgétaires de l’Algérie étaient, donc, plus élevés. Par contre, si les politiques restent inchangées, l’Algérie risque de se retrouver avec un niveau d’endettement alarmant, une politique budgétaire non viable, et très vulnérable aux fluctuations du prix du pétrole, un ralentissement de la croissance économique, une augmentation du taux de chômage. Par ailleurs, Mohamed Laksaci gouverneur de la Banque d’Algérie a déclaré que le véritable choc de la chute des prix du pétrole a été ressenti durant le 4e trimestre de l’année dernière. Toutefois, l’inflation est évaluée par l’ONS à 2,9%, alors qu’elle était de 3,26% en 2013, les crédits à l’économie ont augmenté de 26%, les banques connaissent une certaine solidité et elles ne sont pas endettées. Cependant, ajoutera Laksaci, elles devront mobiliser l’épargne des ménages, en faisant la promotion des produits financiers. «Elles doivent être plus attrayantes pour les épargnants, à travers l’augmentation du taux d’intérêt.»
De son côté, Masood a affirmé que l’Algérie n’est pas dans une situation de crise, mais elle doit accélérer les réformes économiques, afin de réaliser son potentiel énorme. En outre, elle doit mettre en œuvre une consolidation budgétaire graduelle, mais soutenue, et stimuler la contribution de l’investissement privé et des exportations nettes plus viables. Aussi, elle doit assurer la protection des plus vénérables, et renforcer la gouvernance économique.
Elle doit mettre en œuvre la consolidation budgétaire par les subventions et les transferts. Selon le conférencier, l’Algérie doit améliorer le climat des affaires pour que les entreprises privées et publiques puissent continuer à fonctionner, normalement, et surtout pour pouvoir améliorer la compétitivité, et promouvoir une croissance solidaire, et la création d’emplois. D’autre part, l’Algérie doit faire face à la vulnérabilité macroéconomique, vis-à-vis du prix du pétrole, considérablement réduit à moyen terme, et les propositions budgétaires pour l’action extérieure, à long terme.
Lazreg Aounallah