Comme de coutume, chaque année, le nouvel an berbère revient avec diverses manifestations à travers tout le territoire du pays. Plusieurs festivités sont au rendez-vous dans différentes régions. Les Algériens, à travers leurs diversités linguistiques et sociologiques, célèbrent Yennayer dans le but de préserver ce rituel hérité de nos aïeux et qui constitue un pan important de la culture et l’identité Amazighes.
Cette culture se réfère aux différentes pratiques et habitudes sociales ainsi qu’aux croyances populaires qui entourent, au fil des générations et des siècles, cette date qui symbolise dans le calendrier berbère, le premier jour du calendrier agraire. Des plats traditionnels très riches à savoir le couscous, tchekhtchoukha, refis et d’autres mets traditionnels comme le Barkoukes ou la Trida dont les senteurs chatouillent les narines sont préparés avec soin dans une ambiance familiale très conviviale. Ces repas sont non seulement une manifestation culinaire mais surtout une façon de consolider les liens familiaux et communautaires. Ce rituel consacre aussi le sacrifice du coq pour le repas de Yennayer, le tout pour agrémenter le couscous, ce plat aux saveurs spécifiques que l’on lui reconnaisse. Un sacrifice qui symbolise la protection de la famille du mauvais sort durant toute l’année. «Le coq est aussi le symbole de la fertilité et de la lumière puisque c’est lui qui annonce le lever du jour. Les œufs incarnent la fécondité, symbole d’abondance des vivres pour toute l’année», explique-t-on. Des expositions, des préparations de plats traditionnels, des pièces théâtrales et des projections de films en Tamazight sont au programme concocté dans les quatre coins du pays. Yennayer est d’abord une porte qui s’ouvre sur le nouvel an berbère et appelée «Tabburt useggwass» (la porte de l’année). Sa célébration s’explique aussi par l’importance accordée aux rites et aux superstitions de l’époque dont certaines subsistent encore de nos jours. La période en question attire particulièrement l’attention car la saison correspond à l’approche de la rupture des provisions gardées pour l’hiver. Il convient donc de renouveler ses forces spirituelles en faisant appel aux rites. À cette époque de l’année, la coutume doit symboliser la richesse. Ainsi, pour que la nouvelle année entamée soit plus fructifiante et la terre plus fertile, il convient de se purifier et de nettoyer les lieux des mauvais sorts. En outre, il faut savoir que dans la région de la Kabylie en Algérie, on prépare souvent du couscous mais aussi une bouillie contenant le pois chiche, blé, la fève et un noyau de datte, alors que dans d’autres régions, on sert pour l’occasion la datte et les chênes comme dessert. Ainsi, toute la famille se réunit autour de ce plat pour célébrer la nouvelle année : celui qui trouvera le noyau de datte est chanceux. Ce grain porte bonheur (symbole d’une année joyeuse et prospère). Dans certaines régions, la célébration de Yennayer dure jusqu’à trois jours. Chaque jour on y prépare un plat différent : le premier jour, on y prépare la bouillie, le deuxième jour le couscous aux sept légumes et le troisième jour, on y prépare des poulets. À Tizi Ouzou, la richesse du patrimoine culinaire et artisanal de la wilaya est au cœur de deux expositions qui sont ouvertes dimanche dernier, à la placette de la salle omnisport (stade 1er novembre) et à la maison de la culture «Mouloud Mammeri», de la ville de Tizi-Ouzou. Initiées par les directions locales de la Culture et de la Jeunesse et des sports (DJS), dans le cadre de la célébration du nouvel an Amazigh, ces expositions proposent aux visiteurs de découvrir ou de redécouvrir plusieurs pans du patrimoine local, notamment le volet lié à la célébration de Yennayer qui coïncide avec le 12 janvier de chaque année. Plusieurs stands exposent des plats traditionnels variés, servis par les familles pour célébrer Yennayer, une fête intimement liée à l’activité agricole jadis largement pratiquée par les familles. L’occasion est offerte jusqu’au 14 de ce mois de janvier, aux visiteurs de découvrir ces plats ainsi que les ingrédients entrant dans leur confection, généralement des légumes secs, pour augurer une bonne récolte. Des objets de l’artisanat traditionnel notamment de vannerie et de poterie, dans laquelle était préparé ou servi le couscous au poulet aux sept ingrédients, le plat avec lequel les habitants de Tizi-Ouzou accueillent le nouvel an amazigh, sont exposés à la placette de la salle omnisports sise à proximité du stade 1er novembre, à côté de l’habit traditionnel et d’anciens outils agricoles utilisés par le passé tel que la Houe à deux dents, la fourche, des cultivateurs et des charrues à traction animale. Une exposition de tenues et masques que portent les animateurs du carnaval Ayred, événement organisé par les Béni Snouss dans la wilaya de Tlemcen pour célébrer Yennayer, de la maison de jeunes de Mizrana (Tigzirt), a captivé l’attention de la foule nombreuse présente sur ce site, et particulièrement des enfants dont certains étaient effrayés et d’autres amusés et impressionnés par les mannequins grandeur nature habillés de haillons et le visage dissimulé derrière un masque, a-t-on constaté. Ce site qui a attiré, dès la matinée une foule nombreuse de visiteurs est animé par des représentants de 24 maisons de jeunes, 13 associations, et 5 artisans, répartis sur 40 chapiteaux, a indiqué la DJS. à la placette du musée les produits de la ruche sont à l’honneur. La 3eme foire du miel de Kabylie (du 4 au 14 janvier courant) organisée par la Coopérative agricole polyvalente de la wilaya de Tizi-Ouzou en partenariat avec l’association des apiculteurs professionnels du massif du Djurdjura et animée par une trentaine d’apiculteurs, apporte sa touche pour augurer une nouvelle année douce comme le miel, espèrent les apiculteurs rencontrés sur place. Les festivités de célébration de Yennayer se poursuivront, au chef-lieu de wilaya et dans les différentes localités, jusqu’à samedi prochain et seront à leur apothéose jeudi, 12 janvier, premier jour de l’an amazigh 2967, avec une parade de Yennayer qui sera organisé par la direction locale de la Culture avec la participation de troupes représentant 12 wilayas, et un défilé en robes kabyles et burnous programmé par la DJS en plus de dégustation du plat de Yennayer et de galas artistiques prévus par ces deux institutions. Par ailleurs, la direction de la jeunesse et des sports qui entamera son programme, dimanche, par des portes ouvertes sur les sports à la placette de l’olivier, organisera à partir de lundi au parking du stade premier novembre, une exposition sur les différentes traditions et coutumes locales, d’objets de l’artisanat, et une démonstration d’un mariage traditionnel Kabyle. La journée du 12 janvier débutera par une dégustation du plat de Yennayer (un couscous au poulet au sept ingrédients) et un concours du meilleur plat célébrant l’avènement du nouvel an Amazigh, et se poursuivra dans l’après-midi par un défilé avec robes Kabyles et burnous agrémenté de chants et de poésie, selon le programme de la DJS qui a prévu également une riche animation au chef-lieu de wilaya et dans les établissements sportifs et de jeunesse des différentes localités. De son côté, la direction de la culture qui organise cet événement en partenariat avec d’autres directions de wilaya (éducation, forêts, services agricoles, tourisme et artisanat), a prévu un marché de Yennayer des produits de l’artisanat, agricoles, et plats traditionnels, qui se tiendra du 8 au 14 janvier courant, à la placette du musée et de l’olivier. La bibliothèque principale de lecture publique abritera, le 11 janvier, des conférences sur la thématique de «Yennayer, référent ancestral national de partage et de communion». Le théâtre régional Kateb Yacine, la cinémathèque de Tizi-Ouzou et les centres culturels d’Azazga et de Ain El Hammam proposeront, entre autre, des films et des pièces théâtrales. Une «caravane de Yennayer» se déplacera du 9 au 12 janvier dans des établissements scolaires, bibliothèques et salles de lecture de la wilaya ou sera organisé un concours sous le thème «pourquoi célèbre-t-on Yennayer et comment». Cette intense activité culturelle que vivra la ville des Genêts atteindra l’apothéose le 12 janvier journée qui sera marquée par l’organisation d’une parade qui démarrera de la placette de l’olivier (entrée ouest de Tizi-Ouzou) pour rejoindre la maison de la culture Mouloud Mammeri. Une Waada (repas collectif) sera offerte aux visiteurs qui pourront ensuite assister à un gala artistique à la salle des spectacles de ce même établissement, selon le même programme de la direction de la culture. Cette même institution organisera la première édition du Colloque national autour de «la poésie populaire amazighe» en hommage à Youcef Oukaci, Si Moh Ou Mhand et Cheikh Mohand Oulhoucine, qui se teindra les 9 et 10 de ce mois, rappelle-t-on. Des poètes de douze wilayas participeront à cette manifestation culturelle dédiée à la mémoire des grandes figures de la poésie amazighe telles que Youcef Oukaci, Si Moh Ou Mhand et Chikh Mohand Ou Lhocine.Le colloque comprendra des conférences débat animés par des universitaires et spécialistes de la langue et littérature amazighe, portant sur divers sujets comme la dimension nationale dans la poésie amazighe, une étude linguistique de la chanson féminine targuie et la force du verbe chez les figures emblématiques de la poésie berbère. Cette initiative est organisée dans le cadre de la célébration du premier jour du calendrier amazigh 2967 du 8 au 14 janvier, sous le slogan‘’ «Yennayer, un référent ancestral national de partage et de communion», les festivités comporteront diverses activités, dont une exposition de plats traditionnels, d’objets d’arts et autre conférences portant sur la célébration du nouvel an Amazigh. À Bouira, les habitants du village d’Ilyiten, perché sur les hauteurs du Djurdjura et qui relève de la commune de Saharidj, (Est de Bouira), travaillent d’arrache-pied depuis déjà une semaine pour célébrer le nouvel an berbère avec au menu un riche programme culturel, a-t-on appris des organisateurs dimanche. «Nous sommes en train de faire les dernières retouches pour organiser une série d’activités culturelles et artistiques à l’occasion de la célébration du nouvel an berbère, dont la fête aura lieu à Ilyiten le 14 du mois en cours en présence des autorités locales de la wilaya», a expliqué Bouzid Merzouk, membre du comité des sages d’Ilyiten, organisateur de l’événement. C’est pour la première fois que cette localité montagneuse organise cet événement malgré le peu de moyen dont dispose le village et la commune de Saharidj. Les organisateurs préparent un programme culturel et artistique ainsi que des expositions et une visite guidée des sites archéologiques de ce village connu pour être le fief de la résistance pendant la guerre de libération nationale. Une conférence sur la célébration de Yennayer ainsi qu’un concours du meilleur plat culinaire traditionnel marqueront également le jour de cette fête qui sera rehaussée par la présence du wali Mouloud Chérifi, ainsi que d’autres responsables de la wilaya, a indiqué Merzouk. à cette occasion, le premier responsable de la wilaya Chérifi devra avoir une rencontre avec les notables de la région pour débattre de quelques problèmes auxquels fait face ce village, selon le programme établi. Dimanche matin, des groupes de jeunes s’activaient pour réussir cet événement, dont certains étaient chargés de créer des espaces pour une exposition qui sera dédiée à l’habit traditionnel (robe kabyle), aux bijoux traditionnels, à la tapisserie locale, ainsi qu’aux mets traditionnels. Dans une ambiance festive, d’autres habitants du village, des jeunes notamment, s’affairaient à installer, entre autres, l’estrade et à créer tout un périmètre qui sera réservé à la chorale des jeunes filles du village. «Nous avons presque terminé les travaux, il ne nous reste que quelques retouches pour pouvoir accueillir cet événement que nous organisons pour la première fois», a souligné Merzouk.
Lazreg Aounallah et Aps