Devenus un véritable casse-tête pour le gouvernement algérien qui fait face, à l’instar de beaucoup de gouvernements d’autres pays, à la pression des ressortissants nationaux qui veulent être rapatriés et l’obligation d’un strict respect des mesures de confinement pour endiguer la propagation du coronavirus, des centaines de voyageurs algériens sont bloqués à l’aéroport international d’Istanbul (Turquie).
Des vidéos, qui ont largement été partagées sur les réseaux sociaux, montrent des conditions déplorables et des voyageurs abandonnés à leur sort sans la moindre information. Des appels dans le pays ont commencé à s’interroger et dénoncer le silence des autorités. Ces dernières ont fini par réagir. « Après avoir vu sur des vidéos nos ressortissants malmenés par la police turque qui les tabassait, nous avons tenu une réunion d’urgence pour examiner avec les autorités turques la possibilité de les rapatrier et une décision urgente sera prise », a déclaré hier sur les ondes de la Radio nationale, le directeur central au ministère de l’Intérieur Abdelouahab Bertima. Ce dernier a rappelé que pas moins de 8 000 voyageurs ont été rapatriés par Air Algérie, ce qui est « un effort qu’aucun état n’a fait » selon ce responsable qui déplore une « campagne contre le gouvernement algérien sur les réseaux sociaux ». « Ces critiques sont déplorables et injustes », a estimé ce responsable qui raconte qu’il a fallu aux responsables du consulat général d’Algérie de « courir derrière certains Algériens qui refusent le confinement à l’intérieur de l’aéroport d’Istanbul ».
De son côté, stigmatisée par les témoignages et d’Algériens toujours coincés en Turquie, l’ambassade de la Turquie a réagi mardi dernier dans un communiqué, en affirmant que la situation que vivent ces Algériens est due « aux précautions prises par le gouvernement algérien pour lutter contre la pandémie du Covid-19 ». « Nous suivons la situation de près et travaillons pour obtenir l’autorisation requise des autorités algériennes qui permettra aux citoyens algériens de retourner dans leur pays », a tenté de rassurer la chancellerie turque établie en Algérie, promettant de faire de « leur mieux pour alléger les difficultés rencontrées par nos frères et sœurs algériens bloqués à l’aéroport d’Istanbul ». « Les autorités turques offrent chaque jour des biens de subsistance et de première nécessité », souligne-t-on dans le communiqué. Et de conclure : « Nous appelons nos frères et sœurs algériennes à faire preuve de retenue et d’agir conformément aux instructions des autorités dans l’attente des autorisations nécessaires au rapatriement des citoyens Algériens».
Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, rendue publique mardi dernier par le CNES (Conseil national de l’enseignement supérieur), des universitaires, étudiants et personnes âgées ont appelé Abdelmadjid Tebboune a intervenir pour accélérer leur rapatriement. « Nous, les Algériens bloqués à l’aéroport international d’Istanbul en Turquie, depuis le 17/3/2020, après le report de notre vol AH3823, dans des conditions qui se dégradent de jour en jour (…), sollicitons les autorités algériennes d’intervenir en urgence en vu de notre rapatriement ».
Les ressortissants algériens bloqués en Turquie ont déclaré qu’ils « se trouvent actuellement dans la zone de transit international de l’aéroport, après l’attribution des titres de sortie des territoires turques et le dépôt de nos bagages ». Ils poursuivent : « Nous sommes l’objet de plusieurs actes d’intimidation après que l’administration de l’aéroport a décidé de fermer tous les locaux commerciaux et de nous mettre dans une zone assiégée par les forces de sécurité turques ». Ils affirment aussi s’être retrouvés livrés à eux-mêmes : « Les responsables de l’aéroport, au vu et au su d’un représentant diplomatique algérien ont porté la responsabilité de notre situation aux autorités algériennes, au motif qu’elles refusent de nous accueillir. Ce que nous refusons en bloque et considérons comme une humiliation à notre pays ». Les autorités algériennes sont appelées ainsi à intervenir sans délais et de trouver une solution pour mettre un terme au désarroi de ces Algériens pris de court par la pandémie du coronavirus.
Hamid Mecheri