Les agriculteurs d’Abadla ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur la remontée des sels qui menace les terres qu’ils ont mis en valeur depuis des années.
Cette remontée des sels s’accentue de plus en plus en période estivale marquée par de fortes chaleurs et coïncidant avec le moment de la collecte des cucurbitacées.Pour rappel, la remontée des sels a découragé, ces dernières années, un grand investisseur venu du Nord et qui avait introduit, pour la première fois dans cette région du Sud, des techniques sophistiquées comme l’arrosage au goutte à goutte où les engrais et fertilisants étaient dissous en laboratoire et mélangés à l’eau d’irrigation. Une fois le projet abandonné, la nature a repris le dessus. Ce périmètre qui a coûté une fortune pour sa mise en valeur est à nouveau envahi de Tamarix articula, arbre qui pousse sur des terres à haut niveau de salinité.Il faut dire que la daïra d’Abadla se trouve à proximité d’une grande plaine de 12 100 km2 et sur laquelle on pariait de devenir la Californie du Sud de l’Algérie. Elle est irriguée par les eaux du barrage de Djorf Torba. Ce projet, rappelons-le, avait été inauguré en 1969 par le président de la République, feu Houari Boumediene. Il a une capacité de retenue de 360 millions de m3. Cet ouvrage devait contribuer à la mise en valeur des terres en irrigué, à la création de postes d’emploi durables et au développement de l’agriculture dans toute la région, mais c’était sans compter sur la salinité du sol. Les réserves de ce barrage sont actuellement utilisées pour l’alimentation en eau potable des villes de Béchar, Kénadsa et Abadla. Pour les agriculteurs qui irriguent leurs champs au moyen des eaux en provenance du barrage de Djorf Torba, il devient urgent de trouver un moyen de lutte contre la salinité du sol à commencer par le remplacement de la canalisation à ciel ouvert qui draine les eaux depuis le barrage. L’évaporation d’une grande quantité l’eau en cours d’acheminement donne un taux élevé de salinité à celle qui parvient aux terres cultivables. Initier les fellahs à la pratique des drains et à l’utilisation de fertilisants ne contenant pas de sels minéraux et les orienter vers d’autres cultures de plants résistants à la salinité.
Messaoud Ahmed