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Arnold Schwarzenegger a la peau dure

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À 67 ans, Arnold Schwarzenegger n’a pas fini de conquérir la planète. Après avoir interrompu sa carrière d’acteur pour la politique et fondé l’ONG R20 pour promouvoir l’écologie, il retrouve les chemins des studios. Il est à l’affiche de «Maggie», film dans lequel il incarne le père d’une jeune fille atteinte d’un mal mystérieux.

L’occasion pour le comédien le plus cuirassé du monde de montrer qu’il sait aussi jouer les tendres. Mais pas question de lâcher la proie pour l’ombre : dans «Terminator. Genisys», qui sortira le 1er juillet, Schwarzy reprend l’un des personnages qui ont forgé son succès.

Paris Match : Les critiques sont unanimes sur votre performance dans «Maggie». Vous n’avez jamais été aussi bon que dans ce rôle de père tendre qui essaie de sauver sa fille d’une pandémie. Deviendriez-vous plus humain en vieillissant ?
Arnold Schwarzenegger. Pendant des années, mon seul but dans ce métier a été de faire de l’argent. Et comme, en plus, j’en rapportais beaucoup, personne ne songeait à me proposer ce genre de film. C’est la première fois qu’on parle vraiment de moi comme acteur. Les gens découvrent que je ne suis pas un zombie ou une montagne de muscles, mais un homme qui éprouve des émotions et peut parfois pleurer. Tant que je n’avais pas d’enfants, je ne pouvais pas imaginer ce que pourrait être la douleur d’en perdre un. Maintenant, je peux.

Il faut dire que jusqu’à présent, dans vos films, les hommes étaient surtout amoureux des armes…
Je fais des films pour les spectateurs, pas pour moi. J’ai 67 ans. Mon public est aujourd’hui un public de baby-boomeurs, ils ont peut-être envie de me voir autrement. Le divertissement, c’est comme la politique, si vous n’êtes pas en contact avec votre public, vous ne pouvez pas réussir.

«En politique comme dans le cinéma, pour réussir il faut pénétrer le cœur de celui qui est en face de vous»

Est-ce qu’on peut dire qu’inversement la politique est du cinéma ?
En politique comme dans le cinéma, pour réussir, il faut pénétrer le cœur de celui qui est en face de vous. Après un débat politique, si vous demandez à quelqu’un de vous répéter ce qu’il a entendu, il en sera incapable une fois sur deux. En revanche, il vous dira tout de suite s’il a aimé la personne qui s’est exprimée, et si elle le rassure. Le problème, c’est qu’en politique tout change tout le temps : une année, c’est le budget qui est le plus important ; l’année d’après, c’est l’éducation. Il faut s’adapter vite.

Etre acteur, ça aide quand même pour faire de la politique…
Pas sûr.

Vous avez servi deux mandats comme gouverneur de Californie. Qu’avez-vous appris sur vous ?
À être plus réaliste. L’idéologie est facile quand vous n’avez pas à affronter la réalité. Je suis un immigrant. J’ai besoin de rendre de ce que j’ai reçu. Servir les gens est ma passion, et puis j’ai toujours préféré donner que recevoir. Quand je suis devenu gouverneur, je gagnais plus de 30 millions de dollars par film. J’ai perdu des millions de dollars en renonçant à mon métier d’acteur, mais je ne l’ai jamais regretté.

Vous placez l’argent au centre de toute discussion. D’où vous vient cette obsession ?
Dans la vie, je vois tout sous forme de compétition. À mes débuts, j’étais dévoré d’ambition. Je n’avais qu’un but, être l’acteur le mieux payé au monde. J’ai travaillé comme un forcené pour y arriver. Il n’y a pas de secret. À dix ans, j’avais organisé un petit business au bord du lac où nous habitions : le dimanche, j’allais chez l’épicier acheter des glaces que je revendais deux fois plus cher aux promeneurs avant qu’elles ne fondent. Avec les bénéfices, je m’offrais des vêtements de sport. Quand j’ai touché un chèque de 12?000?dollars pour “Hercule à New York”, je l’ai déposé à la banque au lieu de le dépenser et, en 1974, avec mes 20 000 dollars d’économies, j’ai acheté mon premier appartement. Je ne sais pas de qui je tiens ça, mais j’ai toujours été très bon avec l’argent.

Ce qui est fascinant, c’est que vous ne doutez jamais de vous !
Quand j’étais jeune, j’avais deux idoles, Clint Eastwood et Kirk Douglas. Je voulais devenir comme eux. J’ai toujours su qu’un jour je ferais de grandes choses.

«Ma confiance en moi s’est construite sur mes victoires»

D’ou vous vient cette certitude ?
Ma confiance en moi s’est construite sur mes victoires. J’applique les règles que j’ai apprises pour gagner au body-building : le travail et la visualisation très claire de ce que je veux. Il n’y a pas de plan B, pas de filet de sécurité. Vous échouez, vous vous plantez. Vous tombez, vous vous ramassez. Ce sont mes coachs et mes mentors qui m’ont encouragé ; mes parents, jamais.

Pourquoi ?
Ils pensaient que j’étais dingue. Ils ne comprenaient pas pourquoi je voulais être le meilleur du monde, pourquoi je levais des poids pendant des heures. Avant de mourir, en 1972, mon père a eu le temps de me voir gagner mon troisième titre de champion du monde. Il m’a dit : “Nous n’avons jamais su d’où tu tenais cette force, mais apparemment, ça marche !”

Et votre mère ?
À la mort de mon frère, je me suis beaucoup occupé d’elle. Je l’emmenais partout avec moi, sur les tournages, à la Maison-Blanche, aux Golden Globes, aux Oscars… Elle adorait ça. Quand j’étais marié, elle venait au printemps passer deux mois avec nous. Sa mort, en 1998, m’a dévasté. Mon grand regret est qu’elle ne m’ait pas vu devenir gouverneur.

Les politiques font souvent des promesses qu’ils ne tiennent pas. Avez-vous tenu les vôtres ?
J’étais déterminé à toutes les tenir. Mais, à la fin, si vous réussissez à en tenir la moitié, vous pouvez vous estimer heureux. Quand vous êtes républicain et que vous n’êtes entouré que de leaders démocrates, comme c’était le cas, vous êtes coincé, c’est une lutte permanente. La politique est comparable aux échecs : s’il vous reste deux pièces et que l’adversaire en a seize, vous avez peu de chances de gagner.

Vous êtes un ardent défenseur de l’environnement. Dans ce domaine, de quoi êtes-vous le plus fier ?
D’avoir fait diminuer les émissions de gaz à effet de serre en Californie. J’appartiens à cette catégorie d’hommes politiques qui pensent qu’on peut respecter l’environnement sans pour autant ralentir l’économie. La lutte contre le réchauffement climatique est ma grande croisade. J’irai jusqu’au bout.

Quel candidat soutiendrez-vous dans la prochaine campagne présidentielle ?
Eisenhower disait que si l’on roule trop à droite ou trop à gauche, on va directement dans le caniveau ; on ne peut conduire qu’au milieu. Je suis, par principe, contre les extrêmes. Je veux quelqu’un de mesuré, mais je ne me suis pas encore décidé. C’est trop tôt.

« Je respecte George Clooney. Dès qu’il me demande de signer une pétition, je le fais »

Croyez-vous que George Clooney va, un jour ou l’autre, se présenter comme gouverneur, voire à un autre poste ?
Même si nos points de vue politiques sont différents, nous sommes très amis. Dès qu’il me demande de signer une pétition, je le fais. Je le respecte et l’apprécie beaucoup. Mais, sincèrement, je ne sais pas s’il va se présenter. Tout est possible. Regardez… moi?!

Qu’est-ce qu’il reste d’Européen en vous ?
Je suis né en Autriche, mais je me suis construit en Amérique. J’adore le Vieux Continent. Le problème c’est qu’en Europe on sanctionne stystématiquement la réussite.

Vous avez quatre enfants…
Non, cinq !

Etes-vous inquiet pour leur avenir ?
Nous en parlons beaucoup ensemble. Ils sont très privilégiés et savent qu’ils n’auront jamais faim, mais ils ont les pieds bien sûr terre. Qu’ils deviennent plombier, politicien ou acteur, je respecterai leur choix. La seule chose que je leur demande, c’est d’avoir une vision claire de ce qu’ils veulent faire. La plus jeune de mes filles, Christina, qui a 23 ans, est toujours étudiante. Katherine, l’aînée, veut devenir journaliste à la télévision, comme sa mère. Un de mes fils prend des cours pour être acteur, tout en apprenant le business : il ne veut pas seulement gagner de l’argent, mais aussi savoir le garder. Je ne peux que l’encourager dans ce sens-là.

Après vingt-cinq ans de mariage, vous avez annoncé, en mai 2011, votre séparation avec Maria Shriver. Comment se passe votre divorce ?
Ça suit son cours. Nous ne sommes pas encore divorcés. Vu les circonstances, nous avons la meilleure relation possible. Même chose avec mes enfants, et j’ai la chance qu’ils s’entendent très bien. Sur les plans professionnel et personnel, tout va donc bien.

Y a-t-il une nouvelle femme dans votre vie ?
Oui, j’ai une girlfriend… mais je ne tiens pas à en parler.

Clinton, Strauss-Kahn, vous… A des niveaux différents, vous avez tous pris le risque de faire exploser ce que vous avez mis des années à construire, à cause du sexe. Faut-il en déduire que le sexe est plus important que le pouvoir ?
[Il éclate de rire.] Si vous avez la réponse, je vous en supplie, donnez-la moi !

Peut-on considérer que vous vivez une des périodes les plus heureuses de votre existence ?
Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que c’est, pour le fils d’un modeste policier d’un petit village d’Autriche, que de remporter à 20 ans le titre de M. Univers et de monter sur un podium à Londres, ce que c’est que de mettre pour la première fois le pied sur le sol américain en 1968, de gagner mon premier million de dollars, de prendre la nationalité américaine en 1983, de me marier avec une femme comme Maria, d’avoir quatre enfants puis un cinquième… Je n’échangerais ma vie pour rien au monde ! Je ne me retourne jamais sur mon passé. Je ne regarde jamais mes photos ni mes films. A quoi cela servirait-il ? Je suis entièrement tourné vers l’avenir. La seule chose que j’espère, c’est de laisser un impact positif sur ce monde. Je ne me suis jamais pris très au sérieux…
In Paris Match

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