Après la baisse enregistrée la semaine dernière, les marchés pétroliers ont connu une fin de semaine avec une tendance haussière, soutenue par l’escalade des tensions entre l’Iran et les États-Unis. Ainsi, les prix de l’or noir ont terminé en légère hausse vendredi, après la « confiscation » d’un pétrolier britannique dans le détroit d’Ormuz.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre s’est établi à 62,47 dollars à Londres, en hausse de 0,87% ou 54 cents par rapport à la clôture de jeudi. À New York, le baril américain de WTI pour livraison en août a gagné 0,59%, ou 33 cents, à 55,63 dollars. Outre le navire britannique, la compagnie nationale des hydrocarbures a fait savoir, hier, que le pétrolier « MESDAR », a été contraint avant-hier de mettre le cap vers les eaux territoriales iraniennes, par les garde-côtes de la marine iranienne, au moment où il traversait le détroit d’Ormuz.« Le vendredi 19 juillet 2019, à 19H30 heure algérienne, le pétrolier MESDAR, de 2 000 000 de barils de capacité, propriété de Sonatrach, a été contraint de mettre le cap vers les eaux territoriales des côtes iraniennes, par les garde-côtes de la marine iranienne, au moment où il traversait le détroit d’Ormuz », a expliqué la même source dans un communiqué. « Le navire se dirigeait, en fait, vers Tanura pour charger du pétrole brut pour le compte de la compagnie chinoise UNIPEC », a-t-on ajouté. À cet effet, une cellule de suivi a été immédiatement mise en place entre les départements ministériels de l’Énergie et des Affaires étrangères, jusqu’au dénouement de cette affaire à 20H45, a fait savoir Sonatrach, précisant qu' »aucun incident humain ou matériel n’a été enregistré ». Par ailleurs, abordant les raisons de la saisie du pétrolier britannique, l’agence de presse iranienne Fars, a fait savoir que celui-ci est impliqué dans un incident avec un bateau de pêche avant d’être confisqué par les autorités. L’équipage, composé de 23 marins, se trouve désormais au port de Bandar Abbas et restera à bord du pétrolier jusqu’à la fin de l’enquête, a précisé, hier, l’agence. Citant les propos du directeur général de l’organisation portuaire et maritime de la province de Hormozgan où est situé le port, Allah-Morad Afifipoor, le Stena Impero était « entré en collision avec un bateau de pêche sur sa route. Et conformément à la loi, après un accident, il est nécessaire d’enquêter sur les causes ». « L’enquête sur les causes de l’accident a été ouverte hier, par les experts relevant de l’Autorité portuaire et maritime de la province de Hormozgan », a-t-il ajouté. Afifipoor a indiqué qu’après la collision, les personnes à bord du bateau de pêche avaient « contacté le navire britannique mais n’avaient pas reçu de réponse ». Ils ont alors informé l’Autorité portuaire de Hormozgan « conformément aux procédures légales », a-t-il poursuivi, précisant que les 23 membres d’équipage « sont tous à bord ».
La réaction de Londres n’a pas tardé à tomber. En effet, celle-ci a considéré qu’il s’agissait d’une « atteinte inacceptable à la liberté de navigation». Hier matin, le secrétaire au Foreign office, Jeremy Hunt, a estimé que la saisie du Stena Impero dans le Golfe montrait que Téhéran était vraisemblablement en train d’opter pour un comportement illégal visant à la déstabilisation de la situation.
Suite à cet incident, l’armée américaine a annoncé que le Pentagone a autorisé le déploiement de personnel et de ressources militaires en Arabie saoudite, pour contrer des « menaces crédibles ».Cette mesure fournira « un moyen dissuasif supplémentaire et garantira notre capacité à défendre nos forces et nos intérêts dans cette région face à des menaces émergentes et crédibles », a déclaré dans un communiqué le Commandement central américain (CENTCOM). Selon le communiqué, le Pentagone a pris cette décision à l’invitation de l’Arabie saoudite.Ceci dénote de la tension qui est montée d’un cran dans la région du Golf. Reste à rappeler que ces saisies de navires dans ce détroit d’Ormuz, à travers lequel transitent 40 % de la consommation mondiale de pétrole, intervient dans un contexte de regain de tension entre Washington et Tehéran après la destruction d’un drone iranien par la marine américaine. Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu’un bâtiment de guerre américain a détruit un drone iranien au-dessus du détroit d’Ormuz, ce que Téhéran a démenti.
Lamia Boufassa