Accueil ACTUALITÉ Ahmed Adimi, porte-parole du parti de Benfils, avertit : « Le...

Ahmed Adimi, porte-parole du parti de Benfils, avertit : « Le climat ambiant est inquiétant »

0

Le porte-parole de Talaïe El-Houriat (TAH) de l’ex-chef du gouvernement, Ali Benflis, a condamné, hier, les scènes de destruction et de pillage des biens publics et privés, lors des événements survenus à Béjaïa; et parle d’un «climat ambiant inquiétant», dans ses réponses à l’entretien qu’il nous a accordé.
Pour ce responsable de TAH, «tout le monde a le droit de s’exprimer, dont les jeunes», qui, poursuit-il, ont le droit également «de réclamer ce qu’ils veulent et exprimer à quoi ils aspirent», mais, souligne Ahmed Adimi, «loin de toute violence», avant d’affirmer qu’«ils n’ont pas le droit de s’adonner à la destruction et au pillage»

Le Courrier d’Algérie : -Votre réaction sur les incidents survenus à Béjaïa?
Ahmed Adimi : -Les Algériens ont le droit de réclamer leurs droits socio-économiques, comme ils ont le droit de s’exprimer librement; mais, malheureusement, les espaces d’expression, très limités dans notre pays, ont amené l’Algérie à être dans l’état actuel des choses. Pour TAH, notre parti a toujours appelé à faire attention à ce qui se passe et avertit sur la difficulté de ce qui peut se produire à l’avenir, du moment qu’il y ait un vide politique et idéologique, il n’y a plus personne en mesure de parler et communiquer avec notre jeunesse, laquelle est livrée à elle-même, en l’absence de symboles ou de grands hommes, en plus du recul inquiétant du rôle de l’État et de son autorité, c’est ce que nous constatons en réalité. Le parti TAH refuse et condamne les pillages, les dérapages et le vandalisme ayant marqué les événements à Béjaia, et à toute destruction de notre pays. Certes, tout le monde a le droit de s’exprimer, dont les jeunes qui ont le droit de réclamer ce qu’ils veulent, loin de toute violence, ils n’ont pas le droit de s’adonner à la destruction des biens, publics ou privés, où à des pillages, les biens publics sont intouchables et l’Algérie est au-dessus de tous.

-Et quelle est votre lecture des évènements en question ?
-Il est très aisé d’expliquer ce genre de situation, en recourant à la manipulation, ou bien la main étrangère, nul n’ignore que ces derniers ont de tout temps existé à travers le monde, notamment depuis la naissance de la première Nation. Donner cette seule explication, je pense que cela veut dire que nous ne sommes pas en mesure de faire face à ce genre de situation; et, donc, nos services de sécurité sont faibles et ont failli, ce qui n’est pas vrai; ces derniers sont compétents et regorgent de compétences. Et si la manipulation et la main étrangère ont réussi à provoquer ce qui s’est produit à Béjaia, cela a été possible en l’absence de compréhension de la part des responsables politiques de la réalité algérienne, de l’écoute de ce qui préoccupe notre société et les forces vives du pays. Cette volonté de s’ouvrir est absente et fait défaut. Aller vers l’ouverture effective des espaces pour les débats, le dialogue, les échanges et les concertations est à même de permettre à la société d’exprimer ses aspirations et ses préoccupations.
Et c’est aux responsables en charge de la gestion politique, économique et sociale des affaires de la Cité de prêter l’oreille à écouter, et non pas se contenter d’entendre les expressions des citoyens, sans donner suite. C’est facile de pointer du doigt les réseaux sociaux, quand il s’agit d’un appel anonyme à la grève des commerçants, il faut apporter les solutions et les réponses aux problèmes et interrogations exprimés dans les réseaux sociaux. Et continuer, sur la lancée, à faire la sourde oreille et ignorer ce qui anime notre société, ce qui fait peur, c’est aller sur la voie de tous les dangers et dérives aux conséquences gravissimes pour le pays. Il faut tirer les leçons sur ce qui vient de se produire à Béjaia, il faut nous interroger sur le “comment allions-nous réagir et faire face”, si ces événements avaient touché d’autres régions du pays. L’heure est grave. Il faut s’ouvrir sur la société, notamment aller vers cette jeunesse, comme il faut, impérativement faire évoluer le système politique dans notre pays, lequel, faut-il le souligner, cumule un retard important.

-D’habitude, les citoyens ne répondent pas, favorablement, à un appel anonyme pour manifester, alors que ce fut le cas, cette fois-ci, à Béjaïa, comment expliquez-vous cela ?
-Si des citoyens ont répondu à un appel anonyme, dont vous faites part, c’est que le climat ambiant a été favorable pour le lancement dudit appel.
Et je dirai autre chose, où sont les partis politiques, notamment ceux du pouvoir, et les centaines d’associations de la société civile qui gravitent autour de lui, où étaient-ils avant et pendant ces évènements qui ont secoué la ville de Béjaia, s’ils avaient un réel ancrage, ou leurs représentants au sein des institutions du pays, députés et autres, jouaient et assumaient pleinement leurs mandats, ils auraient réussi à jouer un rôle, et faire entendre la raison à ceux qui sont sortis, dans les rues de Béjaïa, du moment qu’ils les ont élus.
Le climat ambiant étant favorable, comme je l’ai expliqué auparavant, il y a eu ceux qui ont répondu à cet appel, et la ville a vécu des heures de pillage et de destruction. Il est très aisé et facile de détruire, mais quand il s’agit de construire, peu s’engagent sur cette voie, pourtant c’est la seule voie salutaire pour notre pays. Notre jeunesse est inquiète et préoccupée sur son avenir, ses espoirs sont minimes, alors que, nous, nous avons été animés, dans notre jeunesse, d’idéal et d’ambitions, dans une dynamique collective et d’ensemble, et c’est ce qui fait défaut de nos jours.
Ceci dit, notre jeunesse demeure, malgré cela, pleine de dynamisme et animée d’espoir, pour voir un lendemain meilleur, pour elle et également pour son pays.
Entretien réalisé par Karima Bennour

Article précédentViolences survenues après la grève des commerçants : Le calme est revenu dans les wilayas du Centre
Article suivantLa classe politique et la société civile condamnent l’usage de la violence comme expression de revendication : Appels unanimes à l’apaisement