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Aggravée par la discussion des lois organiques à l’APN : la fracture entre les partis du pouvoir et l’opposition s’élargit davantage

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Contrairement à ses habitudes, en pareil moment, ces dernières années, la classe politique n’a pas chômé durant le présent Ramadhan. Non pas pour des raisons d’activités partisanes propres : sans être inexistantes, celles-ci n’en sont pas moins rares, mais du fait, essentiellement, des « répliques » à l’adoption, en février dernier, par le Parlement réuni en session extraordinaire, de la Constitution réaménagée.

Depuis quelques jours, en effet, toute l’actualité politique nationale tourne autour de ce qui se passe au sein de l’APN. Où plusieurs projets de lois découlant de l’adoption de la Constitution dans sa forme réaménagée, et d’autres, sont en débat. Des débats qui ont clairement mis en évidence que le hiatus existant entre les partis du et proches du pouvoir et ceux de l’opposition représentée à l’APN, n’est pas près de se réduire. Tant les accusations des uns et les contre-accusations des autres ont accompagné lesdits débats. Au point de, carrément, éclipser leur teneur. Un jeu auquel se sont particulièrement adonnés les députés issus des partis se réclamant de l’opposition. Ceux-ci ont, en effet, dès le départ, inscrit leur action dans un cadre global ; celui de la critique systématique de tous les projets de lois soumis à leur appréciation et ce, au prétexte, qu’ils étaient, pour reprendre les termes du communiqué commun, signé par huit partis qui y ont pris part, publié à l’issue de la réunion qu’ils ont tenue mercredi dernier, 22 juin, « liberticides, contre le multipartisme, contraires à la Constitution, et antidémocratiques car remettant en cause la citoyenneté ». Des « dangers » qui expliquent, ont clairement insinué les formations signataires, dont le PT, le FFS, le FJD (Al Adala) et l’AAV (Alliance de l’Algérie Verte), « leur programmation démentielle ». En clair, en un temps vraiment court qui ne permet pas d’en débattre profondément et sereinement. Surtout que le nombre de ces projets est important. Pour rappel, pas moins de huit qui concernent plusieurs secteurs d’activité. Sauf que la levée de boucliers des partis de l’opposition a été autrement plus forte pour deux projets de loi : ceux relatifs, pour le premier, « au régime électoral» et, pour le second, « à la Haute instance indépendante de surveillance des élections ». Nettement plus forte que celle qui a eu lieu lors de la présentation, le 13 du mois en cours, et des débats qui l’ont suivie,du nouveau code des investissements ; un texte de loi dont l’importance n’est pas à démonter. De là, les supputations de nombre d’observateurs de la scène politique nationale sur le caractère quelque peu sélectif des « levées de bouclier » de l’opposition.
En mettant le paquet des critiques sur les projets de lois relatifs « au régime électoral » et « à la Haute instance indépendante de surveillance des élections», cette dernière a confirmé qu’elle y voyait dans leur adoption attendue, parce qu’inévitable au regard du rapport de forces, défavorable pour elle, existant dans les deux chambres du Parlement, un danger certain pour la survie de nombre de ses composantes. Mais, également, la preuve de la duplicité du pouvoir. Une duplicité qui transparaît nettement, ont soutenu nombre de ses membres, dans l’article 73 du projet de loi relatif « au régime électoral » et dans la mission assignée « à la Haute instance indépendante de surveillance des élections » : Le premier, en limitant la participation aux prochaines échéances électorales aux seuls partis ayant engrangé plus de 4% de voix aux élections de 2012, laisse, soutiennent-ils, « par l’élimination de la scène politique nombre de partis aujourd’hui existants, le champ libre à ceux du pouvoir et, partant, à la perpétuation du système en place ». Et la seconde, en laquelle l’opposition regroupée dans la CNLTD ne voit qu’un fâcheux avatar de « la commission de contrôle des élections » qu’elle a proposée, en se limitant à la seule mission de surveillance, constitue, argumentent-ils, un encouragement à peine voilé à la poursuite de la fraude électorale. Une lecture des faits (faite par l’opposition) que partage, avec quelques nuances, Sofiane Sakhri, docteur en Sciences politiques et maître de conférences à l’université d’Alger 3.
Joint par téléphone, celui-ci n’en a pas moins ajouté, en effet, que l’opposition « se devait d’être réaliste ». Plus précis, il a ajouté que celle-ci « doit écarter toute idée de boycott des prochaines élections et aller plutôt vers la constitution d’alliances électorales et de listes (électorales) communes ». Bien mieux, il a suggéré à l’opposition, dans le cas où elle sera contrainte à la collecte de signatures pour pouvoir participer aux élections à venir, « d’utiliser cette collecte comme une pré-campagne électorale pour la sensibilisation des citoyens à son projet politique ». Et d’ajouter : « plus le nombre de « sensibilisés » sera grand, plus les risques de fraude (électorale) diminueront ». Sauf qu’il n’a pas manqué d’ajouter qu’un tel scénario ne peut se concrétiser que si « les composantes de l’opposition sont sincères dans leur engagement ». Une manière, assurément, de suggérer que pour certaines de ces composantes la question reste posée. Pour en revenir au « tumulte » que connaît présentement l’APN, Nabil Yahiaoui, chargé de la Communication du parti TAJ s’est déclaré quelque peu peiné par le comportement de l’opposition : « Tout débat autour de l’adoption des lois quelles qu’elles soient doit se faire dans un climat d’entente », nous a-t-il, en effet, déclaré.
Non sans ajouter, dans un clair rejet de son comportement actuel, que « l’opposition doit impérativement respecter la règle de base de la démocratie basée sur l’existence d’une majorité et d’une minorité ». Et d’ajouter plus explicite : « Elle n’a pas à aller à chaque fois qu’un projet de loi ne lui plait pas à « convoquer » la presse et à organiser des sit-in. Elle ne doit aucunement vouloir imposer ses points de vue par tous les moyens.
Bien au contraire, elle gagnerait, et le pays, à privilégier les voies du dialogue et de la concertation avec l’autre bord ». à titre indicatif, nous avons tenté, dans le cadre de la rédaction du présent article, d’entrer en contact avec des parlementaires du FLN, du RND, du PT et du FJD. Malheureusement, en vain.
Mourad Bendris

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