Le processus de sélection du jury, qui siégera au procès du policier accusé du meurtre de George Floyd, s’est achevé mardi 23 mars. Il a mis en lumière la difficulté du tribunal à identifier des citoyens capables d’occulter leurs convictions personnelles dans cette affaire connue de tous, rapporte hier le journal Le Monde.
La décision qu’ils prendront dans quelques semaines aura une résonance à travers le monde. Quinze Américains ont été sélectionnés pour composer le jury siégeant au procès de Derek Chauvin, le policier blanc accusé de meurtre au second degré et d’homicide involontaire, après la mort de George Floyd, un Afro-Américain qu’il avait maintenu plusieurs minutes sous son genou en mai 2020. Mardi 23 mars, le quinzième et dernier juré, un jeune comptable blanc, a été retenu par le juge Peter Cahill, qui préside le procès au tribunal de Minneapolis (Minnesota), sous le regard attentif de M. Chauvin. Comme chaque jour, ce dernier est apparu en costume cravate, masqué, séparé de son avocat par une plaque de Plexiglas, et le plus souvent absorbé par sa prise de notes sur de larges feuilles jaunes. Les débats sur le fond de cette affaire devenue symbole des violences policières débuteront le 29 mars, pour quatre à six semaines d’une audience ultramédiatisée, gage d’une pression inédite sur les jurés. Il reviendra à 9 femmes et 6 hommes – 9 Blancs, 4 Noirs, 2 métisses de tous âges – de déterminer la culpabilité ou non de l’accusé. Alors que la population de la ville est aux deux-tiers blanche, la diversité ethnique du jury n’est pas anodine dans une affaire marquée par les questions raciales dans la police et le système judiciaire. Au final, seuls 14 siégeront et 12 d’entre eux se prononceront, mais le juge a estimé sage de prévoir 3 suppléants, en raison de la pandémie de Covid-19 et de la charge émotionnelle qui pourraient rendre indisponible l’un des jurés.
Des auditions à la pelle
Sur les 326 citoyens initialement tirés au sort, plus de 70 ont été auditionnés. Avant d’être interrogés, parfois longuement, par l’avocat de la défense et le procureur, ils avaient répondu à un questionnaire d’une quinzaine de pages. Une manière pour le tribunal de connaître les vues de ces Américains ordinaires sur toute une série de sujets : leurs sources d’information, leurs relations avec la police, leurs opinions sur les discriminations raciales et le mouvement Black Lives Matter. Sans négliger aucun détail : il leur a non seulement été demandé s’ils avaient pris part aux manifestations contre les violences policières et le racisme, mais aussi quel était le slogan porté sur leurs pancartes.
Dommages et intérêts pour la famille de la victime afro-américaine
Pour rappel, la famille de George Floyd avait déposé plainte au civil en juillet 2020 contre la municipalité et les quatre policiers impliqués dans la mort de George Floyd.
La famille de George Floyd, un Afro-Américain mort lors de son arrestation en mai 2020, va recevoir 27 millions de dollars (22,5 millions d’euros) de dommages et intérêts après avoir trouvé un accord avec la ville de Minneapolis (Minnesota), ont annoncé vendredi 12 mars les avocats de la famille. « Cet accord à l’amiable est le plus important de l’histoire des Etats-Unis dans une procédure concernant les droits fondamentaux intentée pour une mort imputable à une faute », ont expliqué les avocats dans un communiqué.
La famille de George Floyd avait déposé plainte au civil en juillet 2020 contre la municipalité et les quatre policiers impliqués dans sa mort.
George Floyd, 46 ans, a été tué le 25 mai 2020 après avoir été menotté et immobilisé au sol sur le ventre, suffoquant sous le genou d’un policier blanc, Derek Chauvin. Il était soupçonné d’avoir utilisé un faux billet de 20 dollars pour s’acheter un paquet de cigarettes.
Sa mort a provoqué un mouvement de colère inédit depuis les années 1960 aux États-Unis contre le racisme et les violences policières, qui s’est propagé dans le monde entier, avec des manifestations aux cris de « Black lives matter » (« les vies noires comptent »).
Le procès de Derek Chauvin a commencé mardi 9 mars avec la sélection de premiers jurés. Il est poursuivi pour «meurtre» et «homicide involontaire». Les trois autres agents seront jugés plus tard.