Abdellah Laghrieb, directeur général de l’Établissement national du contrôle technique automobile (Enacta), a été l’invité, hier, de la Chaîne III. Au cours de cet entretien, il a été évoqué le bilan effarant des accidents de la route qui endeuillent quotidiennement des familles. Mais jusqu’à quand ? Le constat est terrifiant. Près de 4 000 personnes meurent chaque année suite à ces accidents tragiques de la route. Face à ces drames terribles, cette situation est-elle due en partie à la vétusté du parc automobile ? Selon Laghrieb, ce ne sont pas les véhicules vétustes qui sont à l’origine des accidents, mais plutôt les plus récents. En outre, il a ajouté que tous les spécialistes ont affirmé que le facteur humain demeure, évidemment, le plus important dans les accidents de la route. Selon le DG, le comportement des conducteurs sur la voie publique est le plus déterminant dans le nombre d’accidents, quant au non-respect du Code de la route, à savoir les manœuvres dangereuses, les franchissements des lignes continues, la vitesse excessive, sans pour autant citer d’autres comportements condamnables, à l’origine de ces terribles accidents. D’autre part, le Parc national automobile est constitué de 5,4 millions de véhicules, selon les chiffres communiqués par l’ONS en août dernier, soit une hausse de 5,89%. Ce taux reflète-t-il réellement, aujourd’hui, l’idée d’un rajeunissement du parc automobile ? À cela, Laghrieb a confirmé que le parc est en train de rajeunir progressivement. Selon lui, pour pallier à cet état de fait, il faudrait réduire l’importation des véhicules qui grève sensiblement la balance commerciale de l’État. En effet, il y a lieu de bien entretenir en permanence ce parc pour que sa durée de vie soit la plus longue possible. Questionné sur le nombre de véhicules ayant été soumis au contrôle technique à ce jour, l’intervenant a déclaré que depuis le démarrage du contrôle technique le 1er février 2003 jusqu’à juillet 2015, 27 millions de véhicules ont subi des contrôles, ce qui représente plus de 642 629 véhicules. D’autre part, 230 000 véhicules ont été immobilisés durant la période allant de 2003 à 2015. Suite à cela, Laghrieb a déclaré que certains véhicules, notamment des bus, assez vétustes, continuent à rouler, sans que leurs propriétaires ne soient inquiétés, avec tous les risques que cela engendre.
Par ailleurs, il est à souligner que les véhicules neufs ne sont pas soumis à ce contrôle pendant deux ans. Par la suite, comme pour tous les autres véhicules, il y a lieu de refaire le contrôle chaque année. Ainsi, les véhicules ayant fait l’objet d’un manquement aux conditions imposées, par le contrôle technique, ont été mis en sursis de 15 à 30 jours, selon la gravité des défauts. Selon Laghrieb, il a été relevé une évolution significative dans le comportement des propriétaires de véhicules qui ont fini toutefois par comprendre la nécessité de se faire contrôler. L’Enacta compte au total 327 agences de contrôle qui sont actuellement opérationnelles sur tout le territoire national, et dispose de trois (3) agences mobiles activant sur le terrain. Reste à confirmer, si tous les véhicules subissent régulièrement des contrôles. Pour toute éventuelle transgression de la réglementation en vigueur, en matière de contrôle technique, il a été donc évoqué les différents types de sanctions devant être infligées aux conducteurs défaillants, en fonction de la gravité de la faute commise. Selon le représentant, tout véhicule qui ne répond pas aux normes réglementaires représente, de toute évidence, un danger potentiel pour la circulation. Par conséquent, l’intervenant a reconnu que certains contrôleurs s’adonnent à des pratiques illicites, en délivrant à des automobilistes des certificats de complaisance. À ce titre, il a affirmé qu’une dizaine de contrôleurs ont fait l’objet d’un retrait définitif de l’agrément. De même, il a parlé des retraits provisoires. Selon lui, les services concernés continueront toujours à sévir dans ce sens pour mettre un terme à cet état de fait. De toutes les façons, il y aura toujours des carences et des défaillances de fonctionnement et de gestion pour mener à bien cette mission délicate. En outre, la réglementation fixant les règles de la sécurité routière n’est pas soigneusement respectée, pour éviter d’autres drames à l’avenir. Pour faire face à cette situation désobligeante, des sanctions seront-elles vraiment infligées, conformément à la gravité des fautes ? N’y aura-t-il pas deux poids, deux mesures ? Comprendre la loi est une chose, l’appliquer en est une autre.
Lazreg Aounallah