Accueil ACTUALITÉ Abdelaziz Medjahed : «Des restrictions des libertés, en vue»

Abdelaziz Medjahed : «Des restrictions des libertés, en vue»

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L’ancien général major de l’Institution militaire, l’ANP, Abdelaziz Medjahed, s’exprime, dans ce bref entretien, sur la lecture qu’il fait des attentats de lundi soir, à Bamako, et de Bruxelles, hier matin.

Le Courrier d’Algérie : – Quelle lecture faites-vous sur les attentats de Bruxelles, survenus après 12h de l’attaque terroriste à Bamako, Mali, contre une base militaire de l’Union européenne (UE)
Abdelaziz Medjahed : – Cette série d’actions terroristes, en commençant par Londres, Paris et Bamako, contribue à préparer l’opinion quant aux préparatifs des interventions où tout changement est possible. Pour Bruxelles surtout, c’est préparer l’opinion à tout ce que les citoyens vont subir comme restrictions des libertés, comme ce fut le cas auparavant aux États-Unis, en Angleterre puis en France, et maintenant en Belgique. Quant au Mali, là c’est pour renforcer la présence étrangère dans ce pays, soit européenne ou bien solliciter l’appui militaire des Américains.

Le Courrier d’Algérie : Pensez vous que les acteurs occidentaux, notamment les plus influents d’entre eux, vont s’engager d’une manière plus déterminante dans la lutte contre le terrorisme en s’attaquant davantage aux sources financières du terrorisme, et notamment au wahhabisme, la matrice de l’islamisme politique radicale, lequel produit des terroristes, en empoisonnant les esprits de concepts et d’interprétations fausses et erronées des textes de la religion de l’Islam ?
A. M : L’exécutant, ce n’est pas lui le commanditaire, il n’est pas le concepteur de l’affaire, ni le planificateur, il me semble que les terroristes sont uniquement des outils d’exécution et peut-être qu’ils, (les terroristes : ndlr) ignorent le but réel et recherché par ces opérations d’attaques terroristes. Et le changement est annoncé et le cap aussi par les responsables américains en premier lieu, le président américain Barack Obama, quand celui-ci critique l’intervention en Libye, de l’ex-président français Sarkozy, en la condamnant pratiquement, en lui faisant porter la responsabilité de ce qui se passe actuellement, (le chaos libyen et ses conséquences sur la région :ndlr). Aussi, dans la condamnation dernièrement d’Obama de l’action de l’Arabie saoudite, en l’accusant d’être à l’origine de l’extrémisme et du terrorisme, il me semble que le changement est opéré. Et c’est à partir des Accords des 5+1 avec l’Iran, qu’il me semble qu’Obama a démontré une partie de sa stratégie, notamment avec l’écartement de la Maison- Blanche, de sa conseillère Samantha Power, en opérant le changement au sein du commandement centre de l’armée américaine, le départ du général Meyer, qui a continué à mener la politique du responsable militaire Petraeus en Irak, et même du personnel au niveau des agences de la DIA, de la Cia et la NSA, qui soutenaientt Daech, en formant et armant celui-ci, et d’ailleurs la lutte des Etats-Unis contre ce groupe terroriste n’a commencé qu’après avoir opéré ces changements en question. Ce qui fait que la stratégie Obama est affichée, après avoir opéré par de petites touches, qui n’étaient pas très visibles, et la déclaration du président américain nous permet de voir, aujourd’hui, la nouvelle stratégie des États-Unis.

Le Courrier d’Algérie : Pouvez-vous être plus explicite sur cette stratégie du président américain, notamment concernant la lutte contre les sources de financement et le wahhabisme, alors qu’Obama est en fin de son mandat présidentiel ?
A. M : Attention, si le président américain a tenu de tels propos, c’est qu’il s’est appuyé sur une force, il y a un courant qui soutient cette approche politique, il ne peut pas s’attaquer seul aux néoconservateurs, ce n’est pas possible. Et les changements, dont j’ai fait part avant, il ne pouvait les opérer sans les appuis et les soutiens dont il bénéficie, je vous rappelle que c’est lors de sa convocation des responsables des pays du Golfe, après l’Accord des 5+1 avec l’Iran, qu’Obama leur a déclaré que le danger et la menace sur leur régime n’est pas, l’’Iran, mais bien de leur système et il faut opérer des changements, leur a-t-il lancé. Et il a même accusé directement le régime saoudien d’être derrière l’extrémisme, le Wahhabisme, le terrorisme et son financement, c’est là une condamnation du système de lArabie saoudite.
Entretien réalisé par K. B.

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