Un concert de musique aux contenus authentiques et aux formes fusionnées de la World-Music, a été animé vendredi soir à Alger, par la chanteuse algérienne Malya Saadi, dans une atmosphère empreintes de plaisir et de convivialité, créée par un public peu nombreux.
Les petits groupes de spectateurs éparpillés sur les gradins, en grande partie inoccupés, de l’Esplanade des Sablettes, ont été unanimes à déplorer le «manque de communication» de la part des organisateurs, qui, de leur avis, «sont restés indifférents» au flux de dizaines de familles venues se détendre au complexe «sans avoir à être attirées par la moindre annonce», si ce n’est une simple affiche placardée sur la porte d’entrée du théâtre. Imprégnée du patrimoine musical algérien, le genre chaâbi notamment, Malya Saadi, artiste pétrie de qualités, a livré une prestation pleine, rendue avec beaucoup de métier et de savoir faire, saisissant d’entrée les atmosphères «glaciales» d’un réceptacle quasi vide, contrainte majeure pour un artiste, qu’elle surmontera dès son apparition sur scène, avec son talent d’oratrice et sa spontanéité d’interprétation avec une voix suave à la large tessiture. Soutenue par Rédo Slow Hand à la basse, Nazim Benkaci à la batterie, Zakaria Ghazi à la percussion, Bob Mattallah à la guitare, Tarek Kadem au clavier et Mehdi Ferhat à la mandole et à la direction artistique, Malya Saadi a étalé, 75 mn durant, une dizaine de pièces, entre compositions et reprises dans une fusion des genres intelligente, alliant cadences binaires et ternaires de différents horizons, que l’assistance a hautement apprécié.
Choisissant de commencer par «Ya wrida», chanson que son père, le célèbre chanteur chaâbi, H’Cissen Saadi, artiste aux vocations artistiques multiples, lui a écrite et composée, Malya a voulu rappeler que son art «s’inscrivait dans l’élan d’une tradition familiale» très présente en elle.
Très applaudie par l’assistance, l’artiste à entonné entre autres pièces, «Ya b’har», «La mauvaise réputation» du grand Georges Brassens (1921-1981), reprise en 6/8, «Sobhane Allah Yaltif» du Cheikh El Hadj M’Hamed El Anka (1907-1978) au texte écrit par le grand poète Mustapha Toumi (1937-2013), «Ki liyoum, ki z’mane», «Mani Barrani» (nostalgique), «My Way» de Frank Sinatra (1915-1998), reprise en version espagnol, «Leila» (avec une transition gnawi ) et «Chilet laâyani», reprise en chúurs par les spectateurs. Cédant au déhanchement entre cadences, chaâbies, salsa (aux arrangements jazzés), berouali, rumba, raï, et autres, le public, séduit par l’artiste, a savouré tous les moments du spectacle dans l’allégresse et la volupté, passant naturellement d’un genre musical à un autre dans des arrangements brillamment conçues. Affichant des airs de complicité (clins d’oeil et sourires), les musiciens ont montré durant tout le concert, l’étendue de leurs talents respectifs, lors d’un thème musical plein notamment, où Malya Saadi a eu à présenter chacun d’eux après un tour d’improvisation endiablé. Partie en France à 14 ans, Malya s’inscrit très tôt dans plusieurs cycles de formations musicales et finit par acquérir une base classique tout en se nourrissant de nouvelles influences de genres différents. Elle fera très vite partie de plusieurs groupes, «Lastimeli», notamment, dirigé par Chico des Gipsy King, avec lequel elle connaitra la scène durant trois ans, pour se voir invitée plus tard, en 2003, à participer au Festival de la femme algérienne.
Comptant, jusqu’à présent un seul CD à son actif, «Ya b’har» (2013), Malya Saadi, qui projette la sortie d’un nouvel opus en 2019, se produit régulièrement en Algérie depuis 2012, son dernier concert datant de juin 2018 à la salle El Mougar, à Alger. Le concert de Malya Saadi a été programmé à l’Esplanade des Sablettes par l’Etablissement Arts et Culture pour une représentation unique.