Alors que la célébration de l’Aïd El Adha approche, beaucoup d’Algériens appréhendent le rituel du sacrifice en raison de la putréfaction de la viande. La Fédération algérienne des consommateurs a dans ce sens fait savoir qu’elle s’apprête à entamer une campagne de sensibilisation au profit des consommateurs, et a appelé notamment le ministère de l’Agriculture à communiquer davantage sur ce phénomène qui se répète depuis deux ans.
S’exprimant hier, à ce sujet au forum du Courrier d’Algérie, Zaki Hariz, président de la FAC, a en effet déclaré que la sensibilisation des consommateurs sur les techniques d’abattage et de conservation de la viande reste le moyen le plus efficace qui permettra de minimiser au moins les cas de putréfaction. Avant de souligner qu’il n’y a pas de risque zero, Hariz a fait savoir que plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de ce phénomène. Il a cité, dans ce cadre d’idées, les conditions d’élevage et la qualité de l’alimentation administrés au cheptel par les éleveurs. Selon le président de la FAC, quand les étables ne sont pas nettoyées régulièrement des bactéries se développent au milieu du bétail. Lors du sacrifice, ces bactéries contaminent la viande et c’est ce qui provoque la putréfaction et la couleur bleu. Il se trouve aussi que certains éleveurs nourrissent leur cheptel avec des aliments contaminés et même avec des eaux usées ignorant que l’animal est une chaine alimentaire, et quand il est nourri d’aliments chargés de micro-organismes (microbes), ces derniers arrivent jusqu’à l’homme. Hariz a relevé que même les conditions climatiques aggravent la situation. La chaleur est en effet, selon lui, un facteur de risque. Pour ce qui est des cas de viande dégradée recensés l’année dernière, l’intervenant a indiqué avoir eu des échanges avec les services vétérinaires du ministère de l’Agriculture. Après avoir effectué des analyses sur quelques échantillons, il s’est avéré qu’un germe appelé (Pseudomenas) était à l’origine des cas de putréfaction. Ce dernier se développe suite aux facteurs déjà cités. Reprochant aux responsables de ne pas être allés «au fond des choses» au cours de l’enquête, Hariz a appelé à l’instauration d’un système de traçabilité du cheptel. Il convient de rappeler que le ministre de l’Agriculture, Abdelkader Bouazgui, s’est exprimé dernièrement sur ce sujet. Il avait déclaré que son département ne ménagera aucun effort pour qu’il n’y ait pas de dépassements ou de mauvaises surprises lors de la prochaine fête de l’Aid El Adha. Il avait toutes fois pointé du doigt le comportement du consommateur et la méthode de conservation de la viande après sacrifice. Selon le ministre, le fait de laisser les viandes exposées à la chaleur et à l’humidité après le sacrifice avait conduit à ce résultat, surtout que l’Aïd El Adha a coïncidé avec les périodes de grandes chaleurs». Le phénomène aurait, selon Bouazghi, régressé en 2017 comparant à 2016 où beaucoup de citoyens avaient été contraints de jeter leur viande qui dégageait une odeur nauséabonde et dont la couleur avait viré au bleu.
Ania Nait Chalal