Ils ont mis leurs menaces à exécution! Les médecins résidents ont boycotté, une fois de plus, l’examen des études médicales spécialisées (Dems), et ce, malgré les mises en garde des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur d’appliquer des « sanctions» contre les boycotteurs.
Les médecins résidents ont boycotté l’important examen pour obtenir le Diplôme d’Études Médicales Spécialisées (DEMS) de la spécialité orthopédie-traumatologie, hier, à la faculté de médecine Ziania à Ben Aknoun (Alger 1), 120 candidats ont refusé d’accéder aux classes d’examens. Ce corps médical a fait un autre pas en avant dans le durcissement de son mouvement de grève et de protestation qui dure depuis près de quatre mois, en maintenant le boycott du DEMS. « Devant le refus insultant des autorités à engager la moindre discussion avec nos représentants, nous décidons à nouveau de boycotter l’examen du DEMS et demeurons résolument mobilisés qu’elles qu’en soient les conséquences afin de mener jusqu’au bout notre engagement », écrit le Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) dans un communiqué de presse. À travers le même document, les résidents expriment leur « engagement indéfectible » pour faire aboutir leurs revendications. Le Collectif a notamment profité de ce (re)boycott pour dénoncer une nouvelle fois les violences subies par les médecins résidents lundi 19 mars dernier, lors du boycott par les médecins résidents en ophtalmologie des examens du DEMS. Ce n’est pas la première fois que les médecins résidents boycottent cet examen crucial. En effet, après avoir boycotté la session initiale de janvier dernier, le boycott de la session de «rattrapage», normalement réservée aux recalés, organisée du 18 mars au 12 avril vient confirmer l’année blanche.
Le boycott du DEMS est une première en Algérie. En effet, lors du mouvement de contestation lancé en 2011 par ce corps médical, les médecins n’étaient pas « prêts » à prendre un tel risque, ce qui les a poussés à mettre un terme à leur grève qui avait duré, à l’époque, 112 jours. Il semblerait, donc, que cette vague de protestation entamée depuis 2017, est plus radicale que celles lancées auparavant par les résidents. D’ailleurs, il convient de noter que les résidents s’apprêtent à organiser des actions nationales dés les prochains jours, après leur marche historique à Alger. Le Collectif annoncera, dans les prochains jours, les détails quant aux prochaines actions nationales qui seront menées.
La détermination des médecins résidents semble plus que jamais renforcée. D’ailleurs, les blouses blanches disent ne rien craindre malgré le spectre de l’année blanche qui se précise sur leur parcours. Bien au contraire, cette option semble désormais partagée à travers la base, malgré que celle-ci soit consciente des répercussions d’une année blanche sur tout le cursus universitaire.
Pour rappel, les revendications des résidents portent essentiellement sur l’abrogation du caractère obligatoire du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire pour l’intérêt du patient et l’épanouissement socioprofessionnel du médecin spécialiste, le droit à la dispense du service militaire, le droit à une formation de qualité pour le médecin résident, la révision du statut général du résident, le droit aux œuvres sociales, ainsi que le droit à l’agrément d’installation à titre privée de spécialistes en biologie clinique. Pendant ce temps, le spectre de l’année blanche se confirme, tandis que les négociations avec la tutelle sont interrompues depuis février dernier, prenant ainsi en otage, les patients mais aussi tous les autres étudiants en médecine, qui sont eux aussi concernés par la dite année blanche.
Lamia Boufassa