La situation sécuritaire dans la zone tampon d’El-Guerguerat au sud du Sahara occidental « risque de s’aggraver », a prévenu l’eurodéputée suédoise Malin Bjöork qui a interpellé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, sur les mesures prises par l’UE pour inciter le Maroc à quitter le territoire et à respecter ses engagements, conformément à l’accord de cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le Front Polisario.
Dans une question écrite adressée à la Haute représentante de l’UE aux Affaires étrangères et la Politique de sécurité, la députée européenne Malin Bjöork a affirmé que les deux camps « maintiennent, à ce jour, leurs positions à environ 100 mètres les uns des autres » dans cette zone. « La situation risque de s’aggraver » s’il n’y a pas de suivi, a-t-elle averti.
Elle a rappelé, à ce titre, que le Maroc a violé, il y a plus de quatre mois, l’Accord de cessez-le-feu négocié sous l’égide l’ONU avec le Front Polisario par son incursion dans la zone d’El-Guerguerat. L’eurodéputée a exhorté la première responsable de la diplomatie européenne à évaluer cette situation induite par la violation de l’Accord de cessez-le-feu par le Maroc, conformément aux dispositions de l’article 2 de l’Accord d’association UE-Maroc. Elle a suggéré, à ce titre, d’activer la clause relative aux droits de l’homme qui figure dans l’Accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre l’UE et le Maroc. La députée européenne Malin Bjöork s’est demandée si la violation du cessez-le-feu par le Maroc n’est pas un motif pour déclencher cette clause qui intègre un mécanisme permettant à l’UE de suspendre, unilatéralement, le protocole en cas de violation des droits de l’homme.
De son côté et dans un reportage exclusif sur le terrain, le journal américain The New York Times estime que le Maroc démontre sa volonté de saper l’Accord de paix au Sahara occidental, en violant le cessez-le-feu et en envoyant des forces pour imposer la construction d’une route controversée, traversant les territoires sous contrôle du Front Polisario. Le processus de paix au Sahara occidental risque de s’effondrer, fragilisé par les obstacles dressés par le Maroc contre la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, a écrit récemment le quotidien américain “The New York Times”. «L’architecture fragile de la paix au Sahara occidental est aujourd’hui au bord de l’effondrement. Le cessez-le-feu de 1991 a promis au peuple du Sahara occidental un référendum d’autodétermination. Plus de 25 ans après, il n’a pas eu lieu», s’inquiète l’auteur de l’article, intitulé «La Prochaine guerre de l’Afrique du Nord», paru lundi. «Les réfugiés nés et qui ont grandi en exil battent les tambours de la guerre», a écrit la journaliste qui s’est rendue dernièrement à El-Guerguerat et à Tindouf, où elle a rencontré le président sahraoui, Brahim Ghali. «Depuis plus de deux décennies, le Maroc a entravé la tenue d’un référendum qui est le principal mandat de la Minurso», constate la journaliste Hannah Armstrong, qui rappelle que le «rythme du changement s’est accéléré en mars dernier, lorsque le Maroc a expulsé la composante civile de la Mission onusienne, en riposte aux propos tenus par l’ancien secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui avait, alors, qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d’«occupation».
Le Maroc a maintenu sa volonté de saper l’Accord de paix au Sahara occidental, en violant le cessez-le-feu et en envoyant des forces pour imposer la construction d’une route controversée traversant les territoires sous contrôle du Front Polisario, rappelle encore le quotidien américain. En réalité, ce projet de route devrait renforcer le contrôle par le Maroc du commerce dans cette région, en facilitant le déplacement quotidien des centaines de camions de marchandises vers le Sud. Le journal rapporte que la situation au Sahara occidental a changé depuis sa dernière visite dans la région, il y a de cela deux années. «À l’époque, les réfugiés me disaient que la patience était leur arme. Maintenant, ils me disent que leur patience s’est épuisée». Elle a eu à relever ce changement lors de sa discussion avec le président Ghali qui «semble s’inquiéter de la situation qui prévaut actuellement à El- Guerguerat», a-t-elle dit. «Depuis l’expulsion des Casques Bleus, les actions du Maroc étaient imprévisibles. Le roi a peut-être sous-estimé les conséquences de cette escalade. Nous avons tout fait pour éviter un scénario de conflit ouvert», a ajouté Hannah Armstrong en rapportant une partie de son entretien avec le président sahraoui. Hannah Armstrong est revenue sur les efforts déployés par le Front Polisario pour exhorter l’ONU à intervenir après la violation de l’Accord de cessez-le-feu dans la zone tampon d’El-Guerguerat et aussi sur le déploiement des forces sahraouies pour empêcher la réalisation de ce projet. «En tant que combattants, nous avons fini par perdre patience», a déclaré le commandant Abdelhay Moy, 70 ans, un des résistants sahraouis rencontrés par Hannah Armstrong à l’ouest de Tifaritti. «La pression pour la guerre a régulièrement augmenté parmi la jeune génération.
Mokhtar Bendib