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Après l’élection de Donald Trump : Inquiétudes sur la conduite de la politique extérieure

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Après l’élection surprise, de Donald Trump, du moins pour les médias et leurs grands networks américains et avant même l’entrée en fonction du chef exécutif américain le 20 janvier prochain, beaucoup d’interrogations sont avancées le jour d’après, tant pour la mise en œuvre de ses engagements électoraux que pour ce qui est de la conduite de sa politique extérieure.

On se fera une idée plus précise après la nomination du secrétaire d’état aux Affaires étrangères mais pour de nombreux experts des changements radicaux sont à exclure dans l’immédiat, car et selon l’ancien diplomate Abdelaziz Rahabi , ce sont des politiques lourdes et si la « politique étrangère américaine devait changer, cela demandera un peu plus de temps. En fait, il faut plus d’un mandat pour pouvoir changer fondamentalement la politique extérieure américaine, notamment le niveau d’engagement militaire en dehors des États-Unis», relève-t-il. Sur les engagements militaires extérieurs il note qu’avec la doctrine Obama, « il y a eu déjà une redéfinition de leur engagement militaire à l’étranger ». « Les Américains collaborent sur la question du renseignement, ils sous-traitent avec les pays de la région ou les Européens. Ils envoient des commandos d’élites mais pas de troupes, a-t-il observé. A propos des sympathies supposées de la candidate évincée Hillary Clinton, financée à coups de millions de dollars par le Roi M6, l’ancien diplomate pense que « c’est une illusion de penser qu’un candidat ou un ministre pourrait impliquer un changement dans la politique étrangère parce qu’il a de la sympathie pour un pays. Ensuite, je vous rappelle que le rapport du département d’État sur les droits humains est très négatif sur le Maroc. J’ajoute que les Américains veulent encore activer la dimension liée aux droits de l’Homme de la Minurso. Le processus de prise de décision en matière de politique étrangère est très complexe et implique plusieurs acteurs. Il ne se limite pas seulement au chef de l’État » a-t-il encore indiqué. Pour ce qui est de l’Afrique qui a été la grande absente des débats et des discours des deux candidats à la présidentielle américaine, on peut penser que l’on va aller dans le sens d’une continuité dans la politique africaine des Etats-Unis. Il n’y a jamais eu de réelle différence idéologique entre démocrates et républicains sur la politique africaine, même si les démocrates sont plus fermes sur la promotion de la bonne gouvernance par principe, quand les républicains, plus axés sur les intérêts du secteur privé, estiment que la libéralisation économique est en soi un facteur de démocratisation.
La concurrence avec la Chine est l’un des éléments qui pourraient pousser Donald Trump à s’intéresser davantage au continent. Il faut rappeler que lors de la campagne, Donald Trump a adopté une attitude de confrontation avec la Chine, et les Etats-Unis sont bien conscients d’être très en retard face à l’offensive chinoise en Afrique, en particulier dans le secteur économique et l’accès aux matières premières. En businessman, Trump devrait adopter une politique pragmatique basée sur les intérêts américains avant tout, économiques et sécuritaires, et, en chantre de l’isolationnisme, relayer au second plan les exigences démocratiques. Mais cet isolationnisme pourrait avoir une répercussion négative sur l’aide au développement, si Donald Trump, qui a promis de placer les intérêts des Américains avant toute chose, décidait que l’enveloppe conséquente de l’aide aux pays africains serait mieux utilisée à l’intérieur du pays. Autre interrogation, Donald Trump va-t-il mettre fin à l’AGOA, cet accord de libre-échange signé en 2000 qui facilite l’entrée des marchandises africaines au marché américain ? Le Ghana est particulièrement concerné. En plus d’avoir de très nombreux ressortissants aux Etats-Unis, le pays a exporté des millions de dollars de cacao et d’anacarde vers la première économie mondiale en vertu de l’accord AGOA de libre-échange.
Signe de l’inquiétude après les déclarations du candidat Trump menaçant de remettre en cause une fois élu plusieurs des accords de ce type. Mais contrairement aux accords Alena avec les voisins américains ou le Traité transatlantique, l’AGOA était absent de la campagne.

Trump va-t-il s’en prendre à l’AGOA ?
Du côté de l’un des plus importants partenaires commerciaux, l’Afrique du Sud, avec 13 milliards de dollars échangés en 2015, on en doute. Car cela risque aussi de gêner les intérêts de grandes entreprises américaines implantées en Afrique. Autre obstacle, le Congrès américain. Dominé par le camp républicain, il reconduit l’AGOA jusqu’en 2025. Mais là encore, rien ne dit que Trump entend revenir sur l’accord. Plus inquiétante pour l’Afrique est la remise en cause répétée par Trump de l’aide au développement ou encore de l’accord mondial sur le climat. Mais en fonction de ses conseillers et des secrétaires d’état qu’il va nommer, Donald Trump va tempérer de beaucoup ses déclarations de campagne pour une politique extérieure plus réaliste en fonction des intérêts de la première puissance mondiale. On peut d’ores et déjà parier sur un meilleur dialogue avec la Russie de Poutine et un règlement accéléré de la crise libyenne, la non remise en cause de l’accord nucléaire avec l’Iran. Reste le Proche-Orient et la forte emprise des Lobbies sionistes sur la Maison Blanche .Et déjà le Premier ministre israélien entend dicter sa politique à Trump, décrète la mort d’un futur état palestinien et la reconnaissance de Jérusalem en tant que « capitale d’Israël ». Des pressions qui risquent malheureusement de porter sachant les nouvelles alliances entre l’entité sioniste et les monarchies du Golfe. Sans compter le Maroc et l’accueil plus que chaleureux réservé à Israël a la Cop 22 de Marrakech, poussant la Mauritanie à quitter avec fracas la conférence.
M. Bendib

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