Accueil ACTUALITÉ Dépenses de fonctionnement : Les subventions broient près de 50% du budget

Dépenses de fonctionnement : Les subventions broient près de 50% du budget

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Très pesantes sur le plan financier, notamment en ces temps de rétrécissement du trésor, les subventions publiques deviennent de plus en plus problématiques pour l’équilibre du budget de l’État. C’est pour cette raison que les économistes ne cessent d’appeler à revoir le système de dotations en la matière, afin de l’adapter aux nouvelles données économiques et démographiques.
C’est le cas de Alexandre Kateb, économiste et membre de la Task Force qui conseille le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a estimé, lors de son intervention, avant-hier, dans l’émission l’invité de la rédaction de la chaine 3 que le système actuel de subventions de l’Algérie est non seulement « intenable » mais il connaît aussi une hausse en fonction de la croissance démographique au moment où les ressources pétrolières connaissent une baisse drastique. Dans ce sillage, l’hôte de la radio algérienne a affirmé que le système de subventions absorbe près de 50% des dépenses de fonctionnement. Dans le but d’y remédier, il a préconisé de passer à un système de subventions « ciblé ». L’intervenant n’a pas manqué de rappeler que le poids des subventions pèse lourd sur le budget de l’État. Chiffre à l’appui, il a rappelé que les subventions et transferts sociaux représentent 15% du PIB, soit 30 milliards de dollars. Ce chiffre augmente en fonction de la croissance économique et démographique au moment où les ressources pétrolières sont en baisse, a-t-il alerté.
Dans cette optique, l’hôte de la radio algérienne a prôné la rationalisation des dépenses et la nécessité de les rentabiliser, tout en appelant les citoyens à prendre conscience de l’insoutenabilité de ces dépenses. Pour rappel, le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi avait fait savoir récemment que le soutien de l’État aux produits alimentaires de base continuera à fonctionner en 2017, mais, au-delà, un nouveau système de subventions pourrait entrer en vigueur. Le ministre avait jugé que face à la baisse des recettes pétrolières de plus de moitié en 2016, le système des subventions des produits alimentaires de base devra laisser la place à un autre mécanisme.
« Le gouvernement compte, à l’avenir, consacrer ces subventions aux nécessiteux à travers un nouveau système qui est en cours de préparation», avait expliqué le ministre, qui a cependant rappelé que « la politique de subventions serait maintenue pour tous jusqu’au parachèvement de ce système ». Ainsi, le ciblage des subventions s’annonce, aujourd’hui plus qu’une nécessité pour le gouvernement, qui cherche des alternatives afin de sortir de la crise économique qui secoue le pays depuis la chute drastique des prix du pétrole. Cependant, mettre en place un système adéquat semble plus complexe qu’on ne le croyait. Surtout que la suppression des subventions serait synonyme de grogne sociale. D’autre part, l’intervenant est revenu sur la question du gel des projets. Dans ce sens, il a observé que certains projets prioritaires seraient maintenus tandis que d’autres seraient soit gelés soit retardés. Toutefois, l’économiste a jugé « utiles » certaines dépenses à l’instar de celles d’équipement et liées aux infrastructures qui ont un effet favorable sur l’économie nationale (routes, systèmes d’approvisionnement en eau potable…). Abordant la réalisation des infrastructures programmées, il a préconisé le renforcement du partenariat public-privé afin d’offrir de nouvelles opportunités aux entreprises privées nationales et étrangères. Par ailleurs, le membre de la Task Force a affirmé qu’un éventuel endettement extérieur de l’Algérie, « n’est pas un tabou » à partir du moment où les dettes financeraient des projets ciblés structurants qui permettent de développer la productivité. S’agissant du nouveau modèle de croissance économique, il a soutenu qu’il consistait à faire évoluer graduellement l’investissement productif, à se substituer à l’importation et à libérer l’initiative. Quant à la politique budgétaire triennale 2017-2019 prévue pour la première fois à travers le projet de loi de finances 2017, il a expliqué qu’elle visait la consolidation des dépenses budgétaires en les fixant à un niveau global de 7.000 milliards de DA pour les trois années à venir en introduisant une baisse des dépenses d’équipement.
Lamia Boufassa

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