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Quatrième jour du procès Sonatrach I Le P-DG de Contel Funkwerk à bout de nerfs

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Avec une heure de retard, le 4e jour du procès Sonatrach-1 s’est ouvert au tribunal criminel de la Cour de Ruisseau, à Kouba, avec à la barre, pour le deuxième jour d’affilée, le président-directeur général de Contel Funkwerk, Mohammed-Réda Djaafer Al Ismaël (M.R.DJ.A). Le jeune P-DG, qui croupit en prison depuis 2009, perd souvent le contrôle de ses nerfs, en répondant aux insistances interrogatives du juge, Mohammed Reggad. Le magistrat, dont le souci apparent semble de détenir la preuve de la confirmation d’association de malfaiteurs, un crime aux yeux de la Loi, et qui est l’un des quatre chefs d’accusation, avec corruption et dilapidation de deniers publics, passation de marchés publics en violation de la législation en vigueur, et de blanchiment d’argent, retenus à l’encontre du P-DG, allait dans le plus infime détail pour tenter de savoir si ce dernier jouissait de l’appui de quelques personnes influentes, lesquelles personnes lui ont permis de décrocher trois contrats avec Sonatrach. D’emblée, une rétrospective des textes de loi, dont le décret présidentiel 02/56 du 24 juillet 2002, portant réglementation des marchés publics, a été énoncée par le juge dans le souci d’identifier Sonatrach comme étant une entreprise publique à caractère industriel et économique (EPIC), donc soumise, comme toutes celles composant le tissu industriel en Algérie, au respect des passations des marchés conformément à la réglementation en vigueur. À la barre, M.R.Dj.A. identifie Sonatrach comme seule responsable d’avoir été derrière les dépassements réglementaires, si ceux viennent à être prouvés. Sa société en est innocente, voulait dire l’inculpé, affirmant être en totale ignorance du volet réglementaire régissant les entreprises. «Moi, je m’attache à l’aspect technique, veillant à sa concrétisation, selon les standards internationaux», a-t-il précisé. Et d’ajouter, «ça m’étonne qu’une société de l’envergure de la Sonatrach ne respecte pas la Loi. En plus, toutes les étapes de la relation commerciale entre elle et la société que je dirige, cotée en Bourse, ont été publiées en Allemagne. C’est dire le degré de transparence que nous accordions à notre démarche». Le juge, accordant au parcours de l’entreprise mixte algéro-allemande un intérêt primordial, s’interroge sur le récurrent changement de son règlement intérieur, enclenché depuis 29 mars 2003. Le jeune P-DG, un dandy algérois de première classe, le justifie par l’expansion qu’a prise Contel Funkwerp, créé, en 2001, sous l’appellation de Contel Algérie, pour devenir Contel Funkwerp en 2005. L’objectif, selon lui, est de servir le pays, qui aura à se traduire par l’érection d’une usine de caméras de télésurveillance, la première en Afrique. «Et les enfants du P-DG de Sonatrach, Mohammed Meziane, Mohammed-Réda et Fawzi, n’ont rien a voir», répondait le jeune conseiller de Funkwerk aux questions du juge, sur la prétendue implication des deux fils, qui ont vu leurs biens saisir à l’époque (2011, ndlr) de l’enclenchement de l’instruction judiciaire (villa située à Birkhadem, d’un duplex à Aïn-Allah, d’une Audi Q5 appartenant au premier cité, et d’une villa à Bouzaréah, d’une BMW X5, biens du second). Trois contrats de télésurveillance de 11 milliards de DA Ensuite, le magistrat s’attaque au volet des marchés avec Sonatrach, cinq inventoriés dans l’arrêt de renvoi. «Trois. Et ce sont des contrats, pas des marchés», rectifie l’inculpé. «Un qui a été accordé, selon la procédure du gré à gré, et deux après consultation restreinte», résumera, plus tard, Mohammed Raggad. La somme dégagée est estimée à 11 milliards DA, soit 1 100 milliards de centimes, et destinée à la mise en place d’un système de télésurveillance et de protection électronique. Ouvrons ici une parenthèse : le juge tente de déclarer les montants en centimes, manière de les amplifier, alors que l’inculpé les énonce en dinars algériens, dans le but certain de minimiser de leur valeur. Parenthèse fermée «Le premier date du 12 juin 2006, pour un montant de près de 2 milliards de dinars algériens, destinés à la réalisation d’un système modèle de télésurveillance à Hassi-Messaoud. Il a été accordé en gré à gré», dit le juge. «Le contrat a été établi en présence de Hassani Mustapha, directeur de l’activité Amont (inculpé, lui aussi, ndlr)», indique Al Smail Mohammed-Réda Djaafar. Le deuxième contrat, daté du 26 mai 2007, concerne la sécurisation de 123 sites de Sonatrach, pour une enveloppe financière de plus de 40 milliards de dinars. Il a été, selon les dépositions de l’arrêt de renvoi lu par le juge, scindé en quatre lots, consistant en la mise en place d’un système de télésurveillance, d’un système de détection et d’intrusion et d’accès par réseau. «Nous avons eu le lot 2, estimé à 8,9 milliards DA, soit le troisième en terme d’importance financière par rapport aux 4 lots. Le lot 2 dispose de 18 unités. J’ai déposé comme garanties bancaires, auprès de Sonatrach, la valeur de 2,2 milliards DA, sous forme de cautions de garantie. Ensuite, mon équipe technique a effectué une visite de site, traduite par des études de sol et autres actions devant nous permettre d’élaborer la meilleure offre technico-commerciale qui soit. Nous étions quatre soumissionnaires à déposer notre candidature. Nous avons été retenus pour la stabilité, la performance et la qualité du matériel allemand que nous possédons», détaille l’inculpé. «Ensuite, Sonatrach nous a exigé de revoir l’offre de 15%. En finalité, le projet ne coûtait que 6 milliards DA, contracté avec le département de production et de forage», conclut-il en ce qui concerne le deuxième contrat. Et au juge de lui demander, «pourquoi avoir établi de contrats avec Sonatrach selon ces deux procédures ? Au lieu d’un appel d’offres national ou international ? », «Y avait-il vraiment urgence ?» L’inculpé y répond : «L’urgence est dans le terrorisme, le risque pouvant découler d’attentats», et d’expliquer, sur la base de propos d’experts publiés sur les colonnes des médias, (il cite le journal “Liberté”), que «tous les experts qui se sont exprimés sur le sujet, expliquent qu’il faut une convergence entre les aspects de sécurité interne et externe, et celle garantie par les éléments de l’Armée nationale populaire, pour prévenir les attentats ou même les simples tentatives d’intrusion au sein des sites industriels». «L’un des fils de Mohammed Meziane a rejoint la société suite à la tenue de l’Assemblée générale». Les enfants du P-DG de Sonatrach étaient les mieux placés pour renforcer l’entreprise qu’il dirige, du fait de leur expérience en la matière, d’autant que Mohamed-Réda, fils aîné, lui a proposé auparavant de créer une société de transport d’hydrocarbures. Quant à Fawzi, il a rejoint l’entreprise à la faveur de l’approbation de l’Assemblée générale. Sur les 650 000 euros qui lui ont versés sur son compte bancaire domicilié en France (Société Générale), par les Allemands de Funkwerp, l’inculpé déclare qu’elles le furent au titre de dédommagements de frais déboursés dans le cadre de ses différents déplacements professionnels en Allemagne. Quant à Hachemi Maghaoui, P-DG du CPA, et son fils Yazid, qui ont signé un contrat avec les Allemands, de respectivement 10 000 et 8 000 euros, sur deux ans, M.R.DJ.A., dit ne pas être concerné ni de près ni de loin. «Vous n’avez, monsieur le juge, qu’à interroger Maghaoui». Au moment où nous mettons sous presse, l’audition de l’inculpé se poursuit. Affaire à suivre.
Zaid Zoheir

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