Malgré les difficultés financières du pays, dues à la chute des prix du pétrole, le ministère de l’Habitat achèvera son programme tel qu’il a été tracé. Il est question de doubler les efforts pour atteindre les objectifs, a soutenu le premier responsable de ce secteur. Pour Abdelmadjid Tebboune, pas de retour en arrière. Se voulant, hier, rassurant, le ministre, de l’Habitat de l’Urbanisme et de la Ville a souligné que le département qu’il gère n’abandonnera pas sa politique de subvention malgré le contexte économique actuel, lié à la dégringolade de la rente pétrolière. «Nous avons décidé d’accélérer la cadence et de fournir plus d’efforts pour une réception allant jusqu’à 300 000 logements», a-t-il soutenu. S’exprimant à l’issue de l’inauguration d’une unité industrielle de construction à El-Harrach, Tebboune a assuré que le programme de construction qui comprend toutes les formules sera achevé tel qu’il a été tracé. Dans ce contexte, il a également précisé que les programmes AADL et LPP se poursuivaient le plus normalement possible. «Les chantiers sont en cours», a-t-il ajouté dans ce sens. Pour ce qui est, par ailleurs, de cette unité industrielle officiellement inaugurée en présence des cadres du ministère et de l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, il s’agit plus exactement d’une usine algéro-espagnole de fabrication de panneaux pour la réalisation des logements préfabriqués d’une capacité de 2 000 unités par an. Cette usine est le fruit d’une joint-venture créée entre le groupe public algérien Alrecc et le groupe espagnol Ortiz, selon la règle 51/49% du capital, régissant les investissements étrangers en Algérie. La capacité de production de cette nouvelle structure est de 250 000 m3 de panneaux en béton armé pour être montés sur chantiers en bâtiments. Outre la réduction des délais de réalisation, les constructions réalisées selon ce procédé industriel se caractérisent par une meilleure isolation thermique et acoustique, ainsi que par une meilleure sécurité grâce à leurs structures résistantes aux séismes, explique-t-on. Le ministère de l’Habitat mise sur ce type de projets pour accélérer la cadence des programmes de logements et d’équipements publics (écoles, centres de santé, de police…). D’ailleurs, il compte confier à cette nouvelle usine d’El-Harrach la réalisation des équipements nécessaires accompagnant les cités AADL en cours de construction.
L’usine Alrecc-Ortiz commencera par prendre en charge la réalisation d’un lycée dans un délai de huit (8) mois, une première expérience qui sera évaluée par le ministère. Le capital de cette société est de 117,5 millions DA, alors que le total des investissements déployés pour mettre sur pied cette usine dépasse les 650 millions DA. Le ministre de l’Habitat qui a effectué, à l’occasion, une visite guidée et a eu une démonstration de toutes les étapes de préfabrication a estimé que cette usine constituait le premier jalon dans la concrétisation de la politique de l’industrialisation du bâtiment. D’autres usines similaires sont également prévues à l’Est et à l’Ouest du pays, a-t-il fait savoir, soulignant que l’industrialisation permettrait de rendre les métiers du bâtiment plus attractifs au moment où le secteur enregistre un déficit considérable en terme de main-d’œuvre algérienne. Tebboune a rappelé que l’Algérie a déjà connu cette technique industrielle de construction et avait des capacités, mais après la crise des années 80, «tout est tombé à l’eau», a-t-il regretté avant de reconnaître qu’aujourd’hui l’Algérie tente de repêcher ces techniques. Par ailleurs, à une question sur les véritables causes de l’annulation du contrat relatif à l’étude l’aménagement et la réalisation des infrastructures de la nouvelle ville de Sidi Abdellah entre la société sud-coréenne Kenagnam chargée de ce projet et le ministère de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune a refusé de donner la moindre explication. « Je ne répondrai pas à cette question. Il fallait venir nous voir avant d’aller chercher des explications auprès de cette société », a-t-il répondu.
Ania Nait Chalal
