Le texte de loi le plus controversé à l’heure actuelle, fait l’objet, hier, et encore une fois, d’une virulente critique, de la part de la patronne du Parti des travailleurs (PT). Intervenant devant la presse nationale, à l’occasion d’une réunion de son groupe parlementaire consacrée à l’examen du projet de loi de finances 2016, Louisa Hanoune a signifié une opposition farouche à ce projet, dont il est question.
Devant être débattu à partir d’aujourd’hui au niveau de l’Assemblée populaire nationale (APN), le PLF-2016, sujet à une polémique depuis la publication de sa mouture initiale, a été qualifié d’antinomique par la secrétaire générale du PT. Et pour cause, selon elle, le projet n’est pas adapté au caractère souverain de l’état, ses spécificités socioéconomiques et les aspirations de la population. Louisa Hanoune a exposé un argumentaire faisant croire, que s’il venait à être adopté dans sa quintessence, «ce projet qui consacre le retour au plan d’ajustement structurel mènera le pays droit vers la rupture de tous les équilibres et induira une récession économique», a-t-elle prévenu. Ceci, sur le plan socioéconomique. D’autre part, et selon la première responsable du PT, les retombées d’une telle loi sur le plan politique et sécuritaire ne seront pas à exclure, en raison du «recul» sur la souveraineté de l’état et de «la remise en cause» de l’immunité générale du pays, a-t-elle relevé. Encore une fois, Hanoune a ménagé le chef de l’état afin de se donner raison et de justifier ses critiques à l’adresse du gouvernent. En effet, elle a rappelé qu’Abdelaziz Bouteflika était «clair» au sujet de la souveraineté économique de par «son refus» de recourir à l’endettement extérieur. Cependant, ce constat effarant, exutoire soit-il à la position du PT sur cette question, suffirait-il comme moyen, à même de faire du lobbying parlementaire pour avoir gain de cause? Sinon, comment espère-t-on dissuader une majorité parlementaire, composée de la paire FLN-RND, du bien-fondé du rejet, dès lors que celle-ci est acquise au pouvoir et son gouvernement? En tout cas, Louisa Hanoune y croit dur comme fer. D’ores et déjà, ses députés s’affairent à mener une véritable action de sape, pour discréditer le projet qui consacre la répartition budgétaire de l’année 2016. D’un autre côté, le fait que la commission des finances et du budget de l’APN ait supprimé cinq articles parmi les dispositions contenues dans la mouture du projet, semble réconforter son parti. Hanoune s’est même enorgueillie de ce «pari réussi», grâce à la pression exercée par ses représentants qui siègent dans cette commission, quant bien même le PT n’en dispose que d’une poignée d’élus, a-t-elle souligné. D’ailleurs, «des députés d’autres obédiences partisanes, et parmi eux ceux issus du FLN, partagent notre constat», s’est-elle taguée. En effet, après la vive polémique sur ce projet, où certains articles sont considérés comme étant «un recul» sur la souveraineté étatique et économique, pendant que d’autres «confisquent» les prérogatives du chef de l’état, la commission de l’APN a cédé devant la pression. Ainsi, les articles 9, 13, 53, 62 et 71, ont été retirés de ce texte. Même si elle juge de positive cette décision, il n’en demeure pas moins que d’autres devraient connaître le même sort, a plaidé Hanoune. D’ailleurs, elle a déploré l’adoption par les élus du FLN et ceux du RND des dispositions portant sur l’augmentation des prix du carburant, en faisant même «mieux» de proposer d’ajouter 1 à 2 dinars par rapport au prix fixé par le texte. Sur ce registre, elle n’a pas manqué d’accuser les députés de ces partis de faire dans la contradiction, après leur décision de voter en faveur des autres dispositions portant sur la révision à la hausse des taxes sur l’énergie électrique, le carburant, l’habitat etc. Autre exemple, mis en cause par le PT, l’article 70 modifiant la règle 51/49%, imposée au partenariat pour l’investissement. C’est ce qui fait dire à Hanoune que l’état est dépouillé du pouvoir de contrôle que lui confèrent ses prérogatives. Dans le cadre du débat sur le projet, le PT a proposé une trentaine d’amendements. Ceci, a fait tout de même penser à Hanoune que le projet tel qu’il est soumis par le gouvernement, le texte n’est pas «amendable» et qu’il doit être retiré.
Farid Guellil