De nombreux habitants de la ville des Jujubes avouent, chaque fois que l’opportunité leur est donnée, que le manque d’hygiène qui caractérise plusieurs endroits de l’agglomération, marquée par l’amoncellement d’immondices aux abords des immeubles, relève avant tout, de la responsabilité de tout un chacun.
Il faut dire que le spectacle offert à l’entrée et dans le voisinage de certains bâtiments de la ville est « désolant au plus haut point», pour reprendre l’expression de ammi Mohamed, un retraité, résidant au beau milieu de la cité Bouzered-Hocine. Il est difficile, en effet, d’emprunter les trottoirs sans être obligé d’enjamber ou de contourner (en prenant soin, de préférence, de se boucher le nez) un tas de détritus nauséabonds ou des flaques d’eau stagnante, même devant les commerces, voire des bâtiments publics ou des établissements scolaires. Ce vieux ajoute qu’il est trop facile de pointer du doigt les services de la mairie à eux seuls. Selon lui, «même avec toute la bonne volonté du monde et des moyens matériels ultrasophistiqués, les éboueurs ne pourront jamais venir à bout de cette situation si les riverains ne s’impliquent pas, à commencer par balayer devant leur porte ».Sacs-poubelle jetés des balcons. L’opinion du septuagénaire est partagée par Amine, 42 ans, cadre moyen: «j’habite une tour et j’aperçois régulièrement certains voisins jeter de leurs balcons des sacs-poubelles pleins d’ordures, sans même se soucier du lieu où ils atterrissent !». il affirme qu’un petit «comité» s’est constitué pour prier ces voisins peu «scrupuleux et inconscients» de faire preuve d’un peu plus d’ “esprit citoyen» mais, soupire-t-il dans un haussement d’épaules, «c’est chaque fois peine perdue».
De plus, ajoute-t-il, «beaucoup de familles, notamment celles qui résident dans les derniers étages des tours de l’AADL, confient à des enfants la tâche de sortir les sacs-poubelles de 10 à 15 kg ». il dit avoir vu « plus d’une fois» des écoliers traîner difficilement leurs fardeaux avant de s’en débarrasser «où ils peuvent», c’est-à-dire au coin d’une rue, tout simplement. Un autre citoyen, étudiant de 21 ans, soutient de son côté qu’une «grande part de responsabilité revient aux commerçants, en particulier les gérants de cafés et de gargotes, qui sous prétexte de nettoyer leurs boutiques lavent à grande eau et poussent tous les détritus que leur activité génère dans le caniveau», y compris, jure cet étudiant, «des restes de plats, des os et même des bouts de pains entamés, sans compter les centaines de gobelets en cartons dans lesquels l’on sert désormais les cafés ».
Il précise à ce propos que la majorité des clients des cafés, « encouragés » par le fait que les tasses ou les verres ne sont pratiquement plus utilisés par les cafetiers, se ‘’baladent’’ avec leurs gobelets en main et les jettent partout. L’image d’Annaba.. et de l’Algérie Mokhtar, le vieux retraité, revient à la charge en prenant à témoin les personnes assistant à l’entretien : «regardez, dit-il avec une moue révulsée, toutes ces ordures, cette boue et ces canettes de bière vides jonchant l’entrée d’un poste transformateur de la Sonelgaz ; n’y a-t-il aucun responsable de cette entreprise à qui ce spectacle fait mal au cœur ? ». Les bacs à ordure sont toujours pleins et débordent, engendrant odeurs nauséabondes et autres vecteurs de maladies, sans oublier les animaux qui y fouinent à longueur de journée.
Triste réalité et pitoyables comportements des uns et des autres. C’est dire que les hauts responsables, à l’image du président de la république et de son Premier ministre, dégagent des moyens colossaux espérant que les élus emboitent le pas pour réussir ces programmes ambitieux et salutaires, leur offrant toutes les garanties nécessaires. Des dettes ont été épongées, des crédits supplémentaires sont accordés, sans que des résultats probants ne voient le jour.
Ces derniers temps, le citoyen a compris que le problème réside au niveau des communes, seule institution en mesure d’apporter de vrais solutions à ses administrés, car très proches de lui et même émanant de lui, donc plus enclin à y remédier comme c’est le cas dans la plupart des pays qui se respectent et c’est pour cette raison qu’il va y avoir une remise en cause quant à la responsabilité de ces élus en matière de gestion.
Le rôle du citoyen doit être déterminant et réglementé, l’incivisme qui caractérise une bonne partie de nos compatriotes pèse lourdement sur la situation alarmante qui prévaut dans nos villes.
Khadidja B.