Star des années 1960 et 1970 avec l’incontournable «Et j’entends siffler le train», le chanteur a vendu près de 50 millions de disques. Il est mort à 77 ans. Il restera dans la mémoire collective avec un titre, «Et j’entends siffler le train», tube enregistré en 1962 qui, un demi-siècle plus tard, lui est resté collé à la peau. Mais la carrière de ce polyglotte – il parle 6 langues – va bien au-delà ce tube éternel. Né au Caire le 13 janvier 1938, Richard Anthony fut la tête de pont française du twist et l’un de ceux qui importa le rock dans l’hexagone. Il y gagna un surnom «le père tranquille du rock» et une immense popularité dans les années 60 et la premières moitiée des seventies. On lui doit dès la fin des années 50 notamment les adaptations de «You Are My Destiny» de Paul Anka ou «Peggy Sue» de Buddy Holly. Il sera, avec Johnny Hallyday, le plus gros vendeur de tubes des années 60, enchaînant 300 galas par an.
Sa notoriété est telle qu’il traite d’égal à égal avec les Beatles qu’il croise régulièrement dans les studios Abbey Road de Londres. La petite histoire veut que la chanson «Michelle» des Fab four a été composée une nuit dans les cuisines du Hilton de Londres, où Richard résidait. Il avait alors invité McCartney à se restaurer après une longue séance de studio. Le concierge monte au chanteur plusieurs messages se son épouse Michelle. Paul McCartney aurait alors lâché un «Michelle, ma belle…» qui fera ensuite florès…
Problèmes avec le fisc
«Je me suis dit : lançons-nous, sans même savoir si je savais chanter», racontait-il. Le succès l’attend à son troisième 45 tours, «Nouvelle vague» (1959), inspiré de «Three Cool Cats», des Coasters. Suivront «Itsy bitsy petit bikini» (1960), «Let’s Twist Again» ou «Fiche le camp Jack» (1961), et surtout son célèbre slow «J’entends siffler le train», en 1962, vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires. Il enregistre des dizaines de hits – «Écoute dans le vent», adapté de Bob Dylan, en 1964, «Je me suis souvent demandé» (1965), etc. – et pilote son avion privé pour ses tournées. Il achète des villas, maisons, voitures, motos, bateaux…
À partir des années 70, le disque s’enraye. Il connaît un moindre succès, malgré le tube «Amoureux de ma femme» qui le hisse une dernière fois à la première place des hit-parades. Puis c’est une longue traversée du désert dans la décennie suivante. Le fisc lui reproche d’avoir dissimulé des revenus. Il s’exile un court moment aux États-Unis avant de s’installer dans le sud de la France. Il profite alors, comme beaucoup de chanteurs de sa génération, de la vague nostalgique qui atteint l’Hexagone et ressort avec succès les chansons de ses débuts.
«Je n’ai jamais été une bête de scène»
«Timide et sauvage comme je suis, je n’ai jamais été une bête de scène», reconnaissait-il. Au total, il aura dans sa carrière 17 tubes classés 21 fois numéro un des ventes : il est aujourd’hui encore le seul chanteur français ayant atteint un tel record. Il a également été numéro 1 en Italie, en Allemagne, au Portugal, en Espagne, en Suisse, en Belgique, en Argentine, au Liban et même en Iran…
Père de 9 enfants de plusieurs mères, certaines le poursuivent en justice, il doit même verser une pension alimentaire à une ex-gouvernante pour deux enfants qu’il dit avoir reconnus pour «lui rendre service» sans en être le père. Au milieu des années 1990, il connaît un retour en grâce avec de nouveaux enregistrements de ses tubes et des mémoires («Il faut croire aux étoiles», 1994). En 1998, il fête ses 40 ans de carrière au Zénith, à Paris. Dans sa carrière, il a enregistré plus de 600 titres et vendu près de 50 millions de disques.
Après un nouveau come-back en 2006 grâce aux populaires tournées d’anciennes vedettes «Âge tendre et Têtes de bois», il est opéré d’un cancer du côlon et publie une nouvelle autobiographie plus personnelle (Quand on choisit la liberté, 2010). Promu en 2011 au grade d’officier dans l’ordre des Arts et des lettres, il avait retrouvé en février 2012 l’Olympia de ses débuts, pour un dernier concert.
Richard Anthony est mort dans la nuit de dimanche à lundi à Pégomas, sur la Côte d’Azur. Il était atteint d’un cancer.