La présentation, lors du dernier conseil de wilaya et de la toute dernière session de l’APW, du programme de développement tel qu’exécuté par les 45 communes, a permis de montrer jusqu’où la consommation des crédits a pu se faire, de même qu’il a permis de mettre au jour les importants reliquats résultant chaque année des budgets imparfaitement utilisés.
D’une consistance de 2 246 projets et d’un volume financier estimé à 9,6 milliards de dinars, il s’étend sur une période allant de 2013 à 2014.
Synthétisant ce travail, le wali a retenu deux points dans son intervention : la consommation des crédits, les problèmes y afférents ainsi que les solutions qu’ils appellent d’urgence.
Un programme ambitieux
De fait, le programme est ambitieux. Il ne cesse d’aller en s’amplifiant. C’est que les enjeux socioéconomiques sont considérables.
Le développement de la wilaya, qui est tributaire d’un certain nombre de facteurs (ressources humaines, formation, richesses naturelles, moyens de production…), met sans cesse l’Etat en devoir de prévenir les besoins de la société dont il prend en main le destin. Ces besoins en perpétuelle croissance exigent la mise un place d’un programme qui tend, non à les brimer ou les réduire, mais à les satisfaire.
Dans la mesure où il s’assigne pour objectif de favoriser la croissance, il peut même décider de les encourager, voire en créer de nouveaux pour l’écoulement des nouveaux produits.
La preuve que l’État reste fidèle à sa politique de développement par la stimulation de la croissance, on peut constater par comparaison des deux dernières années, ainsi que le faisait ressortir l’exposé sur la situation qui prévaut dans la wilaya en matière de développement. En effet, les chiffres pour l’année 2014, qui sont de 2246 opérations pour un budget estimé à 9,6 milliards de dinars, sont nettement en progression par rapport à l’année 2013 qui avait bénéficié de 1873 opérations pour un montant de 7,63 milliards de dinars.
Ainsi, la différence saute aux yeux: on a 373 opérations de mieux pour l’année qui vient de s’écouler. À cela s’ajoute, selon notre exposé, les 53 opérations non inscrites pour une enveloppe de 451 420 000 DA.Croire que ce programme se répartit équitablement entre les 45 communes serait d’un grand angélisme. Le wali a d’ailleurs été assez clair dans sa mise en garde lors de cette journée passée à décortiquer ledit programme pour remédier aux défaillances constatées dans le mode de gestion de certaines communes : celles qui n’arrivent pas à réaliser les opérations dont elles ont été destinataires se les verraient retirer, ainsi que les crédits qui les accompagnent, au profit des plus dynamiques. À ce propos, l’intervenant devait faire remarquer que ce n’était pas en fonction de leur taille, comme on pourrait être tenté de le croire, mais consécutivement à leur capacité à absorber les crédits alloués pour leur fonctionnement que se reconnaissent les bonnes communes.
L’exposé en détaillait 11 communes. En tête viennent les 4 communes qui à elles seules totalisent 27, 60% du programme : Bouira, Lakhdaria,Aomar et Haïzer, avec respectivement 251, 139, 117 et 113 projets. Il est quand même curieux de constater qu’une commune comme Djebahia qui s’est adjugée 89 projets se place dans ce classement avant quatre chefs-lieux de daïra, illustrant parfaitement les propos du wali. Ces dernières, en l’occurrence M’Chedellah, Kadiria, Aïn Bessem, Sour El-Ghozlane et Bir Ghebalou arrivant, loin, derrière avec respectivement 88, 84, 77, 73 et 71 projets. La commune d’El-Adjiba ferme la marche avec 67 projets. La pyramide dressée à l’effet d’illustrer l’inscription du programme en question par année indique dans quelle proportion celui-ci augmente chaque année.
Antérieur à 2001 avec 15 projets, soit 0,67% de ce qu’il représente aujourd’hui, le programme n’a cessé de s’étoffer au fil du temps, atteignant 711 projets en 2013 et 1047 projets en 2014, soit un taux respectif de 31,65% et 46,62% pour ces deux dernières années.
Ce qui clochait au départ
Le problème des projets non lancés est complexe et tient à différentes causes : projets s’ajoutant à un important reliquat, problème de foncier, entreprises défaillantes, lenteur des bureaux d’études, retard dans l’octroi des autorisations de programmes (AP). Quoi qu’il en soit, les projets non lancés occupent 40,46% du programme en 2013, et 41,98% en 2014, soit une progression de 3,14%. Ainsi, les projets non lancés passaient de 758 en 2013 à 943 en 2014. Les dix communes qui détiennent la palme en la matière totalisent 539 de l’ensemble des projets non lancés.
La première à s’illustrer ainsi est le chef-lieu de wilaya avec 94 projets non lancés, suivide Lakhdaria et Kadiria, (69), M’hedellah (53), Kadiria et Sour El-Ghozlane (45). Ahnif (37), Haïzer (34) et Dirah (31) bouclent la liste. Ce qu’il y a lieu de remarquer, c’est que Ridane, Maâla et Guerrouma, les trois dernières communes sur les 45 que compte la wilaya, totalisent chacune1 projet non lancé.
L’exposé donne aussi le classement des 12 daïras en fonction des projets non lancés. La daïra de Kadiria ouvre le bal avec 176 projets représentant 61%, Lui emboitent le pas dans l’ordre de décroissant M’Chedellah, Bouira, Sour El-Ghozlane, Lahhdaria, Bechloul, Aïn Bessem, avec, respectivement, 156, 114, 98, 97, 78 et 48 projets non lancés ( Bechloul et Aïn Bessem étant à cet égard ex aequo). Les 4 daïras à fermer le ban, c’est Haïzer, El-Hachimia, Bir Ghabalou et Souk El-Khemis, avec, respectivement, 44, 37, 35 et 19 projets non lancés. Conséquence d’une gestion jugée déficitaire pour 37 communes avant que celles-ci n’équilibrent leur balance et ne redeviennent excédentaires pour nombre d’entre elles, les projets à l’arrêt constituent quand même un vrai casse-tête pour les autorités locales lancées dans une course contre la montre afin de passer à l’étape suivante. Cette situation résultant d’une gestion peu rationnelle et rigoureuse est magistralement exposée et illustrée à l’aide de chiffres précieux.
Ainsi, sommes-nous informés qu’aux 73 projets bloqués pour diverses raisons, soit 4% du total des projets à l’arrêt dans la wilaya, en 2013, correspondent pour l’année suivante 79 projets, soit une proportion estimée à 3,5%.
Ce qui frappe, dans cet état des lieux présenté par le secrétaire général de la wilaya, c’est que 16 des 45 communes ne sont pas concernées par cette situation. Trois grandes daïras, sur les 12 existantes sont de ce nombre : Aïn Bessem, Bir Ghabalou, El- Hachimia, Kadiria et Becheloul. Plus curieusement encore, ce sont les petites communes comme Zbarbar, Bouderballa, Boukram, Aïn Turk au nord, Ridane et Hadjr Zerga, à l’ouest, Chorfa et El- Esnam à l’est, qui échappent à ce blocage. Celle qui enregistre le plus de projets à l’arrêt, c’est Djebahia (9). Deuxième ex aequo avec 6 projets chacune, suivent Bouira et Ahl Ksar. Suivies elles mêmes avec 5 projets, par M’Chedellah, Bordj Khreis et Aomar. Le reste des communes ont entre 4 projets (Sour El-Ghozlane, Taghdit, Ahnif et Aïn El-Hadjar), 3 (Haïzer et Lakhdaria) et 2 (Adjiba, Saharidj, Aghbalou et Aïn Laloui). Onze communes n’enregistrent qu’un projet à l’arrêt ( Maâmoura, Dachemia,Hakimia, Oued El-Bardi, Oued Rached, Mesdour, Aït Laziz, Taghzout, Maâla, Guerrouma, Ahl Mansour, Souk El-Khémis, El- Mokrani).
L’exposé fait ressortir un autre aspect de cette situation. Trois communes connaissent ce type de problème pour les deux dernières années consécutives : la commune de Djebahia avec 6 et 9 projets , la commune de Bouira avec 4 et 6 projets bordj Khreis avec 5 projets pour l’une et l’autre année.
Les explications fournies à ce sujet par le rapport sont nombreuses. On a ainsi 22 projets à l’arrêt pour «opposition/contentieux», 32 pour «contraintes administratives et techniques», 11 pour «restructuration/ changement d’intitulé» 8 pour «résiliation/ abandon de chantiers» et 8 pour «travaux complémentaires supplémentaires»
Exécution et financement de programme
L’exécution du programme pour toute la wilaya se répartit en projets achevés et projets clôturés. On a ainsi 638 projets achevés contre 925 clôturés, soit un taux d’exécution physique estimé à 49,29% du total du programme.
Afin de montrer que les instances exécutantes marquent une amélioration dans la gestion dudit programme, le rapport affiche celui de l’année écoulée qui est de 43,27%. Et là, on n’est pas peu surpris de constater qu’en matière de bonne exécution, c’est Djebahia qui s’adjuge la première place avec 94%, suivie de Hadjar Zerga (82%) et deTaghdit (80%), de Souk El-Khémis (7 5% et d’El-Hachimia (70%).
Le chef-lieu de wilaya s’insère dans le rang avec 61%, loin derrière Haïzer (68%), Aïn Bessem (67%), Bechloul(66%), Ath Mansour(64%), Maâmoura (63%) et Raouraoua (62%) Cette surprise se justifie amplement si l’on considère qu’à l’exception de Bouira, Aïn Bessem et Haïzer, toutes les autres communes sont situées en zone rurale et, par conséquent, elles-mêmes fortement ruralisées.
Alors que dans ce classement par communes, elle arrive 13ème, dans celui des daïras, Bouira se hisse à un rang honorable avec un taux de 59% derrière Bordj Khreis (63%) et Haïzer (60%), assez loin devant Bechloul (55%), M’chedellah (52%) et trois
ex aequo Aïn Bessem, Bir Ghabalou et El-Hachmia avec un taux d’exécution de 51. Si dans le premier classement, c’est Boukram qui clôt la liste avec 0% d’exécution, dans celui-là, c’est Kadiria qui arrive bon dernier avec 26%, Lahdaria, Sour El-Ghozlane et Souk El-Khémis lui emboitant le pas avec respectivement 38, 39 et 50% de taux d’exécution.
En conclusion, le rapport d’analyse indique que sur les
2 246 projets composant le programme, les chantiers en absorbent 586, soit une proportion représentant 26, 10% de l’ensemble. Le reste se répartit en projets non lancés (41,98%), en projets à l’arrêt (3,52%) et en projets achevés, soit 28,40%. Les mêmes conclusions s’appuyant sur les projets achevés (638) et les projets clôturés(925) entendent montrer l’écart creusé entre la situation physique du programme et la situation financière résultant de son exécution. Elles soulignent également l’importance des projets clôturés en 2014 qui s’élèvent à 925 contre 513 pour l’année l’ayant précédée. Ce qui représente un taux de 29,17% de la totalité du programme.Dans la foulée, l’exposé identifie dans ses conclusions cinq sources de financement : le FCCL, avec 68,94% du budget, le PCD avec 56%, le BW avec 55, 96%, le budget de l’État avec47,13% et le BC avec 42,07%. Revenant sur les raisons qui empêchent les projets achevés d’être clôturés en dépit de leur inscription antérieure à 2012, le rapport met en cause les reliquats des crédits non consommés avant cette date. Leur total est estimé à 100 000 000 de dinars pour 254 opérations. Le FCCL finançait 140, le BW 88 et le B/Etat 26. Le nombre de projets inscrits avant 2012 est de 488, dont 294, soit 60, 24% de la totalité financés par les trois sources citées plus haut à hauteur de 179 projets (FCCL), 65 (BW) et 50 (B/Etat.
Il serait sans grand intérêt de suivre plus loin ce rapport qui a séduit et le conseil de wilaya et l’Assemblée populaire de wilaya. Ses détails sur le financement des projets par commune et par daïra des différents projets lancés, non lancés ou à l’arrêt seraient trop fastidieux pour être rapportés ici. Nous nous bornerons, quant à nous, à rappeler cette observation sur la gestion qui s’est beaucoup améliorée ces dernières années suite aux stages de perfectionnement pour les cadres, les secrétaires généraux des APC et des P/APC, ainsi que des réunions de travail périodiques organisées à leur intention.
À ce propos le premier responsable de la wilaya a évoqué l’époque non lointaine où sur les 45 communes, 37 étaient déficitaires. Aujourd’hui, on en trouverait pas une. Au chapitre de la consommation des crédits, a menacé de retirer les crédits non consommés pour les réaffecter aux communes qui ont donné satisfaction sur ce point. Il y a cependant lieu de noter encore l’emballement de la presse à l’égard de ce remarquable document-un petit chef d’œuvre dans le genre.
Ali D.