Le Courrier d’Algérie : -Selon le dernier bilan des Calpiref, par rapport à la même période de l’année 2013, le nombre de dossiers acceptés durant le troisième trimestre de 2014 a enregistré une baisse de 42%. Est-ce que cette évolution baissière pourrait dénoter des situations de saturation des espaces dans plusieurs wilayas, ou d’une baisse de la demande?
Abdelhak Lamiri : -Il y a très peu de foncier maintenant, surtout à la disposition de l’Aniref, car les walis peuvent disposer des terrains pour les affecter à l’investissement en dehors de l’Anref. Mais il y a peu de terrains viabilisés disponibles. Il faut reconnaître que la question de la dégradation des zones industrielles est vieille. On en parle depuis des décennies. À chaque fois un nouvel exécutif propose une nouvelle approche qui ne trouve pas d’échos sur le terrain. J’ai bien peur qu’on refasse la même chose. J’espère qu’on sera plus vigilants pour mettre en place des mécanismes plus efficaces.
– Pourquoi le problème du foncier industriel persiste, à votre avis?
Le problème persiste parce qu’on n’a pas essayé les solutions innovantes: nouvelles villes au niveau des Hauts-Plateaux; on n’a pas exploité l’autoroute Est-Ouest pour créer tout autour des zones industrielles et surtout on n’a pas permis aux entreprises privées de créer, avec un cahier des charges précis, des zones industrielles à gérer et des espaces à louer. On a toujours tendance à croire que l’administration, à elle seule, peut régler les problèmes.
– Qu’en est-il également du projet des 49 zones industrielles?
Pour les 42 projets, il a été prévu que les livraisons se fassent en 2017 (s’il n’y aurait pas de retard). En attendant, la pénurie continue. Il faut savoir que ces zones vont satisfaire la demande à hauteur de 10 à 20% seulement. elles ne vont pas régler le problème. Ensemble, ces projets sont plus petits qu’une zone industrielle en Europe. Il ne faut point s’attendre à voir le problème disparaître dans le futur. On a besoin d’une modernisation de ces zones qui se délabrent à vue d’œil en plus d’en créer d’autres pour accroître l’offre. Il est temps que le ministère concerné se saisisse de la question, car c’est l’image de l’Algérie et le climat des affaires dans notre pays qui sont concernés. Mais le problème est comment le faire efficacement ? En premier lieu, il s’agit de créer des entreprises algériennes, publiques et privées, spécialisées dans la gestion des zones industrielles et les mettre en concurrence. On a besoin d’assainir le passif: le détournement du foncier industriel, et définir les nouvelles modalités (cotisations des entreprises bénéficiaires). Aussi, il est important de profiter des expériences et du savoir-faire étranger. C’est un bon début que de faire participer les pays étrangers qui ont su régler ces problèmes. Cependant, il faut faire émerger des entreprises algériennes compétentes dans ce domaine. Il faut opérer un transfert intelligent de savoir-faire et le garder après le départ des sociétés étrangères.
– Le manque des ZI est surtout relevé dans la capitale «Alger» qui attire le plus d’investisseurs, surtout étrangers. Quelles sont les solutions à adopter dans ce sens ?
À Alger c’est pire. Le manque de terrains est flagrant. Il faut libérer l’initiative privée dans ce domaine. Dans les environs d’Alger, il faut créer une industrie de « démolition » des anciennes bâtisses, des anciens sites peu utilisés, et construire beaucoup en hauteur, lorsque cela est possible. Mais nous aurons besoin de conquérir les espaces des Hauts-Plateaux et autour de l’Autoroute pour régler définitivement le problème.
Entretien réalisé par I. B.