Été rime avec fête. Dans nos traditions, bien ancrées, on célèbre les noces, les réussites aux examens scolaires, les circoncisions et autres événements heureux durant la saison chaude . Les programmations sont établies, évidemment, en rapport avec les vacances scolaires et les congés de détente qui permettent à la famille de se regrouper, même nos émigrés rentrent, à l’occasion, « au bled » pour se ressourcer. Cette année, Ramadhan oblige, tout a été reporté au mois d’août, et il faut faire vite car tout doit être bouclé au jour « j ». L’été est la saison bénite pour les gérants de salles, les couturières , les coiffeuses, les laveuses de laine, les matelassiers, les rouleuses de couscous et les meuniers auxquels nous confions « le frik « qui agrémentera la fête et la meida du ftour ; l’été est aussi l’occasion de laver la maison à grande eau et de dégraisser couettes et couvertures avant de les ranger. Plusieurs mois à l’avance, les préparatifs battent leur plein afin d’être prêt le jour « j »et donner à la cérémonie un éclat particulier à la mesure de l’événement. Les couturières sont très sollicitées dès l’hiver afin que les robes soient prêtes à temps et éviter les mauvaises surprises, et tant pis pour les retardataires. La réservation de la salle n’est pas laissée au hasard non plus, elle est sélectionnée en fonction des commodités offertes et du prix de la location, c’est-à-dire du rapport qualité/prix le plus avantageux. Plus le jour fixé approche et plus la fièvre monte, on débat de la quantité et de la variété des gâteaux qui accompagneront le café avant de passer à tout ce qui rentre dans la préparation du repas de la fête .La liste des invités fera l’objet d’une attention particulière et prendra en compte les relations passées et celles à venir, de sorte à ne froisser aucune susceptibilité et à rendre la monnaie de sa pièce à une famille qui ,à une occasion donnée ,a « oublié de vous appeler ». Il est de coutume de faire appel à une cuisinière « mnawlia » expérimentée pour la préparation des plats qui seront servis aux convives. Aucun détail ne sera négligé, à commencer par les voitures du cortège et le minutage du parcours. Il sera fait appel, à défaut d’un orchestre, au meilleur disc- jokey qui fera danser et déhancher les plus réticents. Durant le Ramadhan, le rideau tombe pour les fêtards et place sera laissée à la dévotion, au recueillement et aux prières. Les retardataires auront la latitude de programmer leurs cérémonies en septembre, l’essentiel étant que ça ne déborde pas sur la rentrée des classes, préoccupante pour les familles.
Mâalem Abdelyakine