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Le marché de la viande dans l’impasse

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Devant la demande progressive du marché, et le recul de la production nationale, le marché des viandes en Algérie tend vers une impasse. Une situation complexe qui nécessite de revoir la politique économique de cette filière. Le pays importera une quantité de 30 000 tonnes de viande «indienne et brésilienne» congelée en prévision du mois de Ramadhan. Une mesure urgente que les autorités auraient prise pour pallier à l’insuffisance de cet aliment. Le porte-parole de l’Union nationale des commerçants et artisans algériens, El-Hadj-Tahar Boulenouar a affirmé qu’en effet, les Algériens consomment environ 80 000 tonnes de viandes durant chaque mois de carême, ce qui pousse l’État à recourir à l’importation pour combler le manque. S’exprimant hier au siège de l’UGCAA, Boulenouar a estimé que les autorités pouvaient bien éviter de se retourner vers l’importation à la venue de chaque événement comme celui de Ramadhan, si celles-ci avaient adopté une politique à long terme. «Une politique économique bien étudiée et notamment axée sur l’amélioration de la production locale», a-t-il préconisé.

Le porte-parole de l’UGCAA s’est d’autre part interrogé sur les chiffres avancés par le ministère de l’Agriculture, faisant état d’augmentation de la production de viande rouge durant l’année 2014. Cette instance aurait estimé que 450 000 tonnes de viande rouge auraient été produites durant l’année en cours. Mais, selon Boulenouar, ces chiffres ne reflètent pas la réalité. «Sinon pourquoi le taux d’importation ne baisse-t-il toujours pas et notamment celui des prix». «Nous ne sommes pas convaincus, il n’y a pas d’augmentation de la production», a-insisté le conférencier. Pour ce qui est du phénomène des augmentations de prix des viandes «rouge et blanche» durant le mois de Ramadhan, Boulenouar a expliqué que ceci est dû à une forte demande, sachant que les prix sont soumis à la règle de l’offre et de la demande. «L’augmentation de la demande provoque automatiquement l’augmentation des prix», a-t-il encore souligné. Dans le même contexte, le conférencier prévoit une augmentation de 50 à 100 DA pour les viandes rouges, il a dit par contre que le prix des viandes blanches resterait stable.
Par ailleurs, l’ingénieur agronome et expert en développement, Akli Moussouni, a expliqué également que si la filière des viandes se trouve dans cet état, «c’est dû essentiellement à l’affaiblissement de la production locale, la soumission à une forte dépendance des importations et surtout le vide progressif dans les étables». L’expert évoque aussi un lien avec la filière lait qui est, elle-même, fragilisée. La filière viande rouge est essentiellement liée à cette dernière, «le taurillon sert à compenser la faiblesse du rendement en lait de vache et même compenser les frais en aliments, dont le prix est insupportable», a-t-il développé. L’instabilité saisonnière de l’alimentation et des frais d’entretien des animaux, figurent également parmi les problèmes auxquels font face les éleveurs.
L’intervenant a considéré dans ce sens que les pouvoirs publics au lieu d’investir dans le développement des filières pour réduire cette dépendance flagrante à l’importation, ont créé des organismes importateurs à travers lesquels ils perçoivent de fortes taxes douanières. Pour se libérer donc de cette situation, Moussouni recommande de dégager un programme de développement de l’alimentation humaine et animale.
Ania Naït Chalal

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