Les autorités marocaines ont annoncé hier un nouveau bilan dramatique faisant état de 37 morts à la suite de crues soudaines provoquées par des précipitations orageuses d’une intensité exceptionnelle ayant frappé la province de Safi au Maroc dimanche soir. Le précédent bilan faisait état de 21 décès. Il s’agit du plus lourd bilan humain lié à des intempéries de ce type au Maroc depuis plus d’une décennie, selon les autorités locales. Dans un communiqué officiel, celles-ci ont précisé que quatorze personnes sont actuellement prises en charge à l’hôpital Mohammed V de Safi, dont deux placées en soins intensifs, tandis que les opérations de recherche, de secours et d’assistance se poursuivent dans les zones sinistrées. Située à environ 300 kilomètres au sud de Rabat, la province de Safi a été touchée par de très fortes pluies orageuses concentrées sur une courte durée, provoquant en l’espace d’une heure des écoulements torrentiels exceptionnels, selon les autorités locales. Des experts expliquent que si l’automne est traditionnellement marqué par une baisse progressive des températures au Maroc, le réchauffement climatique modifie désormais ce schéma. La persistance d’une forte humidité atmosphérique héritée de l’été, combinée à des contrastes thermiques, augmente considérablement le risque d’averses violentes et soudaines.
Une ville submergée
Des images largement diffusées sur les réseaux sociaux montrent un torrent d’eau boueuse déferlant dans les rues de Safi, emportant voitures, poubelles et débris. D’autres séquences montrent un mausolée partiellement submergé, ainsi que des embarcations de la Protection civile intervenant au cœur de la médina. Selon un premier bilan officiel, au moins 70 habitations et commerces ont été inondés dans la vieille ville de Safi, notamment au niveau de la rue Bir Anzran et de la place Abou Dahab. Les crues ont également emporté une dizaine de véhicules et endommagé un tronçon routier reliant la ville au centre de la commune d’Ahrara, sur la route provinciale n°2300, entraînant de fortes perturbations de la circulation à l’intérieur de la ville. Pour les habitants, le choc est immense. « C’est une journée noire », a confié à l’Agence France-Presse (AFP) Hamza Chdouani, résident de Safi. Un autre habitant, Marouane Tamer, s’interroge : « Pourquoi aucun camion n’est venu pomper l’eau, comme le faisait auparavant la société Radees ? » En soirée, le niveau de l’eau a commencé à refluer, laissant derrière lui un paysage de boue, de véhicules renversés et de dégâts considérables. Des curieux observaient les interventions des forces auxiliaires et de la Protection civile, mobilisées pour dégager les débris encore immergés.
Recherches en cours et mesures d’urgence
Les autorités locales affirment poursuivre activement les opérations de ratissage afin de retrouver d’éventuelles victimes supplémentaires. Elles assurent également travailler à sécuriser les zones touchées et à apporter l’aide nécessaire aux populations sinistrées, qualifiant la situation d’« exceptionnelle ». Sur le plan préventif, la Direction provinciale de l’Éducation nationale à Safi a annoncé la suspension des cours, lundi 15 décembre 2025, dans l’ensemble des établissements scolaires de la province, en raison de la dégradation des conditions météorologiques et des bulletins d’alerte émis par les services de la météorologie. La Direction générale de la météorologie (DGM) avait averti dès samedi de fortes pluies parfois orageuses dans plusieurs provinces du royaume, ainsi que de chutes de neige à partir de 1 700 mètres d’altitude. Dimanche soir, la DGM a de nouveau signalé que des pluies intenses localement orageuses sont attendues mardi à travers le pays. Si les crues et intempéries ne sont pas rares au Maroc, elles surviennent dans un contexte paradoxal : le pays fait face à une sécheresse sévère pour la septième année consécutive, illustrant les déséquilibres climatiques croissants auxquels le royaume est confronté. M. S.
