Que l’Algérie se place comme deuxième économie africaine, voire caracole en tête, c’est tout le mal qu’on souhaite à notre pays. Après tout, cette ambition émane de la volonté propre et forte des hautes autorités de faire émerger notre économie. L’Algérie s’est fixé un objectif à terme et elle s’est donné les moyens pour l’atteindre. Qui plus est, cet objectif est réaliste parce qu’il repose sur des critères rationnels. Dans la foulée, s’intéresser à tout ce qui s’y rapporte, comme les classements établis par des institutions et des organismes spécialisés, est dans l’ordre des choses. Faut-il rappeler, à ce titre, le passage de l’Algérie de la quatrième à la troisième économie africaine. Mais le classement n’est pas une fin en soi. Et si l’on aborde cette question, c’est parce qu’on a entendu, dans le cadre de l’IATF à Alger, des professionnels se perdre en conjectures. En effet, il s’agit de l’Association africaine des fabricants d’automobiles. Dans une déclaration à la presse, sa présidente voit l’Algérie, à terme, à la deuxième place sur le marché africain de l’automobile. S’il flatte les égos, ce classement préétabli est fondé sur des probabilités. Il relève au mieux d’un effet d’annonce, et au pire il sert à spéculer à des fins qui partent en vrille. Or, l’Algérie ne peut projeter sur la base de probabilités. Et elle ne peut tenir compte de déclarations spéculatives. Elle cherche une véritable chaîne de valeur automobile. Une industrie intégrée où les ressources locales sont valorisées. Libres aux professionnels de défendre leurs intérêts, mais que cela ne soit pas un moyen pour influencer les orientations de l’État. La politique nationale est claire : les portes sont ouvertes aux constructeurs capables d’employer, de créer un réseau SAV, de s’appuyer sur la sous-traitance locale… Comme par hasard, cette annonce nous rappelle le leitmotiv de l’époque, révolue, consacrant l’industrie du « gonflage des pneus ». Aujourd’hui, la politique de l’État sert de boussole pour éviter de tomber dans la grossière arnaque du passé qui a ruiné le Trésor public. Les investisseurs doivent respecter les règles et se conformer aux existences de l’État. Pour assoir une industrie, non pas budgétivore, mais industrialisante. À présent, l’écosystème semble commencer à se mettre en place. L’intérêt de l’expertise algérienne est grandissant. Quelque 2500 demandes de contribution à la sous-traitance sont reçues. L’État encourage les investisseurs honnêtes. Ceux qui sont dans les clous et rompent avec les mauvaises pratiques. En juillet dernier, le président Tebboune en a donné des garanties en mettant le dossier des agréments relatifs à la construction et à l’importation de véhicules sous la compétence exclusive du Conseil des ministres. C’est un message fort à l’égard des investisseurs sincères !
Farid Guellil