Le film-documentaire « 444 – Médiation algérienne » qui met en lumière le rôle décisif joué par l’Algérie dans le dénouement de l’affaire de la crise des otages américains à Téhéran a fait sensation chez nos voisins tunisiens. Le film a reçu une standing ovation !
L’ambassade d’Algérie en Tunisie a marqué de fort belle manière le 63e anniversaire de la Fête de l’indépendance et de la jeunesse. À cette occasion, le Consulat général d’Algérie à Tunis a organisé une cérémonie de projection, une première à l’étranger, de l’œuvre cinématographique signée par le cinéaste et réalisateur algérien Mourad Ouabbas.
Ce film-documentaire plonge le spectateur dans les coulisses d’une véritable prouesse diplomatique réalisée par l’Algérie. Menée par le géant ministre des Affaires étrangères de l’époque, le défunt Mohamed Seddik Benyahia, la médiation algérienne entre Washington et Téhéran a réussi le coup de maître d’obtenir, avec tact et discernement, la libération des otages américains séquestrés par des manifestants en colère en Iran. Le travail laborieux et de longue haleine mené par Alger durant la période de prise d’otage (entre le 4 novembre 1979 et le 20 janvier 1981) a permis la libération de 52 diplomates et personnels civils américains séquestrés, pendant 444 jours, par des étudiants qui ont pris d’assaut l’ambassade des États-Unis à Téhéran après la chute du régime du Shah.
Artisan en chef de la médiation algérienne, le défunt Mohamed Seddik Benyahia a mis à l’œuvre son talent de diplomate chevronné et infatigable pour faire assoir autour d’une table, dans la villa Montfeld à Alger (actuelle résidence de l’ambassade américaine), de hauts responsables iraniens et américains. Pendant ces négociations tenues secrètes, l’ancien secrétaire d’État adjoint des États-Unis, Warren Christopher, faisait la navette entre Washington et Alger. Les pourparlers avaient abouti à la signature, le 19 janvier 1981, des Accords d’Alger en vertu desquels les 52 otages étaient libérés. Les diplomates élargis étaient acheminés de Téhéran vers l’aéroport international Houari-Boumediène à bord d’avions d’Air Algérie.
Juste reconnaissance
Depuis le dénouement pacifique et salutaire de cette affaire, aussi bien Washington comme Téhéran n’ont cessé de témoigner leur reconnaissance à l’Algérie et à sa médiation sans laquelle la crise d’otages aurait peut-être pris une voie sans issue. C’est d’autant plus que d’autres offres de médiation sur la table à l’époque avaient échoué. En tout état de cause, cet épisode marqueur et mémorable dans l’histoire de la médiation algérienne aura inauguré une longue série d’initiatives de médiation, toutes aussi réussies, de la diplomatique nationale qui a fait des missions de bons offices une marque de fabrique et une vocation qui ont valu à notre pays une réputation internationale.
Il faut souligner que l’intitulé du film « 444 » représente le nombre de jours de captivité des Américains à Téhéran. L’œuvre a le mérite d’avoir documenté un épisode important dans l’histoire et la mémoire algériennes, notamment dans un contexte où la guerre d’image fait rage dans le monde. Des témoignages rares d’anciens otages américains et des diplomates algériens y ont été rapportés. Ce documentaire a laissé une forte impression parmi les élites tunisiennes qui ont salué cette prouesse diplomatique qui fait honneur à l’Algérie. Ainsi, nous apprenons de source diplomatique que de nombreux écrivains, professionnels des médias et intellectuels tunisiens, ainsi que des membres de la communauté nationale en Tunisie ont assisté à cette projection. Beaucoup parmi l’assistance ont témoigné de son admiration au rôle de premier plan de la diplomatie algérienne. Pour Kamel Benyounes, écrivain et journaliste tunisien, ce documentaire « réaffirme encore que la diplomatie algérienne leur a joué un rôle historique, à plusieurs reprises, notamment lors de conflits très complexes. » De son côté, l’historien algérien Djamel Yahiaoui, « met en avant les positions diplomatiques de l’Algérie qu’on voit d’ailleurs toujours notamment aux Nations unies est une reconnaissance des efforts des diplomates et de la diplomatie algérienne qui restera une référence dans la résolution des conflits. »
L’Algérie se souvient des amis de sa Révolution
Au terme de la projection de ce documentaire, un hommage a été rendu par notre représentation diplomatique en Tunisie aux amis de la Révolution algérienne. À l’instar du militant et syndicaliste tunisien, le défunt Ahmed Tlili, surnommé « ministre de l’Algérie » en Tunisie pour son engagement fort et sa défense de la lutte algérienne pour l’indépendance. Tout comme le grand militant tunisien, le défunt Ahmed Mestiri, le premier ambassadeur tunisien en Algérie (1962), ainsi que le défunt combattant algérien Mohamed Jilali El Amraoui.
Pour conclure, le Consul général d’Algérie en Tunisie, Nasreddine Laraba, a affirmé que l’Algérie reste fidèle à ses principes et n’oubliera jamais la contribution des militants, des personnalités et des amis qui ont été du côté de la Révolution algérienne et épousé sa cause juste pour l’indépendance.
Farid Guellil