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CONFÉRENCE À L’INESG : Boumediène et l’ordre du jour du chef d’état-major du FLN

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Ahmed Adimi

Dans le sillage de la commémoration de l’histoire de la Guerre de libération nationale pour le recouvrement de l’indépendance, le docteur Ahmed Adimi a animé hier, au siège de l’Institut national d’études stratégiques globales (INESG), une conférence riche en enseignements.
La thématique abordée a tourné autour de l’« ordre du jour » du colonel Houari Boumediene, chef d’état-major de l’Armée de libération nationale (ALN). Devant un parterre de professeurs et d’historiens, cette rencontre a mis en lumière un texte fondateur, à la fois militaire et politique, révélateur de la doctrine boumediéniste. Pour comprendre la portée de cet «ordre du jour », il faut remonter aux racines du nationalisme algérien moderne. Dès 1943, à travers le Manifeste du Peuple Algérien, le drapeau national et l’hymne (l’Appel des Algériens) se dressent comme des symboles de souveraineté et d’unité. Ils rappellent, dans la mémoire collective, l’existence d’un peuple distinct, porteur d’un projet d’État indépendant. Ces repères se transforment rapidement en leviers de mobilisation : les enfants grandissent avec l’image du drapeau hissé haut et l’hymne comme appel à l’unité. Ils forgent ainsi cette génération du 1er Novembre 1954, prête à prendre les armes pour arracher l’indépendance. Entre 1945 et 1947, le mouvement nationaliste structure ses ambitions : nationalité reconnue, élaboration d’une Constitution républicaine, remplacement du gouverneur général par un gouvernement algérien, et création d’un Parlement élu. Six principes fédèrent toutes les tendances : nationalité, République, démocratie, Constitution, Parlement et drapeau. Autant de piliers que la guerre de libération, puis l’indépendance, viendront concrétiser.

Un nom, une doctrine
C’est dans ce sillage qu’émerge Houari Boumediene. Derrière ce nom de guerre se cache Mohamed Boukherouba, stratège de la lutte armée, mais surtout penseur d’un projet de nation souveraine au sens large. À travers son ordre du jour publié le 19 mars 1962, Boumediene adresse à ses soldats bien plus qu’une directive militaire : il leur livre une feuille de route pour l’après-indépendance. Le docteur Adimi a rappelé hier que Boumediene concevait l’indépendance non comme un aboutissement, mais comme un moyen. Loin de s’arrêter à la libération du territoire, il pose la question essentielle : « Quelle forme doit prendre l’État algérien ? ». Pour lui, la réponse est claire : un État républicain, démocratique, doté d’institutions souveraines et d’un gouvernement issu du peuple.

Une lecture stratégique de l’« ordre du jour »
Rédigé avec une précision presque chirurgicale, cet ordre du jour se décline en quatre paragraphes, résumant plus d’un siècle de lutte en quelques phrases. Boumediene y convoque la mémoire : 124 ans de colonisation jusqu’au 1er novembre 1954, pour rappeler à chaque officier, soldat et militant d’où vient le sacrifice. Il y lie le cessez-le-feu, la victoire militaire et le projet politique. La guerre ne s’arrête pas avec les armes : elle se poursuit par la construction et la vigilance. « L’indépendance, dit-il, ne signifie pas l’arrêt de la révolution mais sa continuation sous d’autres formes, plus complexes et plus exigeantes », a cité Azaïmi. Par cette formule, Boumediene pose les bases d’une souveraineté totale, pas seulement politique mais aussi économique, culturelle et sociale.

Un héritage à préserver
L’« ordre du jour » est aussi un message de transmission. Il appelle les générations futures à ne pas oublier. « Malheur à celui qui oublie », avertit Boumediène, désignant le peuple comme seul garant de la continuité du projet national. Pour lui, le drapeau, l’hymne et les institutions ne vivent que par la mémoire et la fidélité aux idéaux de Novembre. En clôturant la conférence, le docteur Adimi a souligné l’importance de ce type de rencontres, à l’heure où la jeunesse doit se réapproprier son histoire pour mieux défendre l’héritage des martyrs. Car au-delà de la figure de Boumediène, c’est toute une vision de l’Algérie qui se dessine : un pays debout, maître de son destin, fidèle à ses symboles et à ses principes. De l’idée à la concrétisation, l’État algérien moderne s’est bâti grâce à des hommes comme Boumediène, dont l’« ordre du jour » reste, encore aujourd’hui, un texte de référence pour quiconque croit en une souveraineté totale, ancrée dans la mémoire et tournée vers l’avenir.
M. Seghilani

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