Trois anciens dirigeants africains, à savoir les ex-présidents nigérian Olusegun Obasanjo et kenyan Uhuru Kenyatta, ainsi que l’ancien premier ministre éthiopien Haile Mariam Dessalegn, ont été désignés pour servir d’intermédiaires dans les processus de règlement de Luanda et de Nairobi pour l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a rapporté la radio congolaise Okapi, citant un communiqué de la CAE et la SADC.
Dans une déclaration commune de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), les médiateurs seront principalement chargés de surveiller le cessez-le-feu entre les parties belligérantes, de coordonner l’aide humanitaire et de négocier entre les parties au conflit pour assurer une solution durable. Cette nomination fait suite à des consultations avec les chefs d’Etat des deux communautés régionales. Depuis le début de l’année, les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) sont à l’offensive dans l’est de la RDC et se sont emparés d’une grande partie des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, y compris de leurs centres administratifs, Goma et Bukavu. Les autorités de la RDC accusent le Rwanda de soutenir le M23 avec des unités régulières de son armée.
L’ONU préoccupée par l’aggravation de l’épidémie de choléra à Goma
Des agences humanitaires des Nations Unies se sont dit inquiétées de l’aggravation de l’épidémie de choléra dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), alors que la situation sécuritaire dans la ville de Goma demeure préoccupante et un « calme précaire », noté à Bukavu, chefs-lieux du Nord- et du Sud-Kivu actuellement sous le contrôle du mouvement armé M23. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), le groupe sectoriel Santé alerte sur une aggravation de l’épidémie de choléra dans et autour de Goma. Au moins 420 cas et un décès ont été signalés sur deux semaines consécutives (du 3 au 15 février), soit plus d’un tiers des 1.280 cas de choléra enregistrés dans toute la province du Nord-Kivu depuis le début de l’année. Par ailleurs, des cas suspects de choléra ont été signalés au sein du camp de la Mission de paix des Nations unies (MONUSCO) à Goma, où de nombreux membres des Forces armées de RDC (FARDC) désarmés se sont réfugiés. A ce jour, un décès dû au choléra a été enregistré, tandis que 24 cas suspects sont en cours de traitement. « Des tests de dépistage rapide ont confirmé trois cas parmi eux. Le diagnostic approfondi est en cours », a détaillé lundi l’OCHA dans son dernier rapport de situation. En réponse à cette épidémie potentielle, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en place des mesures de riposte, qui comprennent l’isolement et le traitement des personnes affectées, ainsi que la distribution de kits d’eau, d’hygiène et d’assainissement aux occupants du camp. Si le Nord-Kivu fait face au choléra, au Sud-Kivu, l’inquiétude porte sur le mpox (variole simienne) et l’augmentation des cas de rougeole. Selon l’OCHA, 224 cas de rougeole et sept décès ont été recensés au sein de la population déplacée, depuis un nouveau regain de tension dans l’Est de la RDC. La RDC est parmi les pays les plus touchés au monde par le mpox, avec plus de 79.000 cas suspects dont plus de 1.500 décès répartis sur l’ensemble de ses 26 provinces, entre le 1er janvier 2024 et le 9 février 2025. Près de 15.000 cas ont été confirmés au laboratoire dans les 26 provinces du pays au cours de la même période. Depuis fin janvier, le M23 est arrivé dans de nouvelles localités, dont Goma et Bukavu, déclenchant de nouveaux mouvements des populations. Cette avancée est la plus grave escalade depuis plus de dix ans dans le conflit qui sévit dans l’est du Congo.
R. I.