Le football algérien est en deuil après l’annonce, jeudi dernier, du décès de l’entraîneur Youcef Bouzidi. Âgé de 67 ans, il aurait succombé à une intoxication au monoxyde de carbone, une tragédie qui laisse un grand vide au sein de la communauté sportive. Ce technicien charismatique, reconnu pour son caractère fort et ses exploits sur les bancs des stades algériens, était une véritable institution du football national.
Né le 19 juillet 1957 à Husseïn-Dey, Youcef Bouzidi a grandi dans un environnement où le football occupait une place centrale. Il débute sa carrière comme joueur dans son club formateur, le NA Husseïn-Dey, avant de se tourner vers le métier d’entraîneur, où il bâtira une réputation d’homme de défis. Au fil des ans, il a dirigé plusieurs clubs du championnat algérien, se spécialisant dans les missions dites impossibles. Que ce soit pour maintenir des équipes au bord de la relégation ou pour décrocher des promotions vers des divisions supérieures, Bouzidi a démontré une capacité unique à transformer les situations les plus périlleuses en succès. Depuis 1998, il compte pas moins de neuf accessions dans différents niveaux du championnat national, un record qui témoigne de sa ténacité et de sa maîtrise tactique. Son plus grand triomphe reste la Supercoupe d’Algérie remportée en 2018 avec l’USM Bel-Abbès, après une victoire 1-0 contre le CS Constantine au stade Mustapha-Tchaker de Blida.
Une saison inachevée au MC Oran
Lors de la saison 2023-2024, Youcef Bouzidi avait été nommé entraîneur du MC Oran. Après avoir brillamment sauvé le club de la relégation lors de l’exercice précédent, il avait démarré la nouvelle saison avec l’objectif d’améliorer les performances de l’équipe. Cependant, des divergences internes l’ont poussé à quitter son poste en octobre dernier. Malgré cet épisode, son passage au MCO restera dans les mémoires comme celui d’un sauveur qui, grâce à son expérience et à sa détermination, avait redonné espoir à une formation en pleine crise.
Un homme de caractère et entraîneur exigeant
Outre ses exploits sportifs, Bouzidi était connu pour sa personnalité forte et son franc-parler. Il ne mâchait jamais ses mots, que ce soit envers ses joueurs, les dirigeants ou même les supporteurs. Cette authenticité, parfois perçue comme un trait clivant, faisait néanmoins de lui une figure respectée et admirée dans tout le pays. Ses anciens joueurs parlent d’un entraîneur exigeant mais juste, capable de tirer le meilleur de son effectif même dans des conditions difficiles. Il était aussi un mentor pour de nombreux jeunes joueurs.
Une perte doublée pour le football algérien
Le décès de Youcef Bouzidi intervient dans un contexte particulièrement douloureux pour le football national. Moins de 48 heures avant cette tragédie, Mahieddine Khalef, une autre légende du sport algérien, s’éteignait. La disparition de ces deux figures emblématiques marque une période sombre pour le football algérien, qui perd deux de ses piliers en si peu de temps.
Un héritage indélébile
Malgré les difficultés, Youcef Bouzidi laisse derrière lui un héritage riche et inspirant. Son nom est désormais associé à la persévérance, à la résilience et à l’amour du football. Ses neuf accessions et sa capacité à transformer des équipes en difficulté resteront gravées dans l’histoire du championnat algérien. Au-delà des chiffres et des résultats, il restera dans les mémoires pour sa passion et son dévouement inégalés. Ses anciens clubs, ses joueurs et les supporters qui l’ont côtoyé continueront de raconter les exploits de cet entraîneur hors du commun, un homme qui avait le don de faire naître l’espoir là où il n’y en avait plus. En ces moments de deuil, nos pensées vont à sa famille, à ses proches et à tous ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin.
Mohamed Amine Toumiat
