Les 23 000 tonnes de café que viennent de saisir les services du gouvernement sont un message fort lancé aux spéculateurs en particulier et aux barons de l’économie informelle en général. La présence du ministre du Commerce et du directeur général des Douanes sur les lieux de la saisie renseigne sur la détermination des Pouvoirs publics à frapper fort, pour débarrasser, une fois pour toutes, l’économie nationale de l’informel. La dernière trouvaille des spéculateurs est de ne plus courir le risque de dissimuler les marchandises dans des hangars hors douanes. Ils ont adopté l’idée de laisser leurs importations en zone douane en ne procédant pas aux procédures de retrait, pourtant simplifiées. 23 000 tonnes de café sont restées ainsi « stockées » dans les ports depuis septembre dernier. Le but étant de créer artificiellement une pénurie qui ferait grimper les prix du café. Les compensations financières promises par l’État aux opérateurs du café pour le différentiel entre le prix plafond à la consommation fixé par décret et le prix sur le marché mondial, ne suffisaient, visiblement pas, à « rassasier » les requins de l’informel.
Mais à voir de plus près, les objectifs de ces criminels vont au-delà du café et de la spéculation. C’est l’économie informelle qui « joue » sa survie. En effet, les « parts » du marché noir se réduisent à vue d’œil dans notre pays. Au-delà des mesures conjoncturelles prises par l’État depuis l’Indépendance comme moyen de défense contre les « assauts » de l’informel, le président Tebboune, après avoir lancé lui-même plusieurs appels et avertissements qui ont été relayés par les services du Gouvernement, a décidé de laisser s’exprimer la puissance de l’État, dans toute sa force, contre ce fléau. La bancarisation de « l’argent stocké dans les foyers » et dont les toutes dernières mesures contenues dans la loi de finances 2025 imposent lors des grandes transactions (immobilier, voitures, bateaux de plaisance, assurances…) les paiements par voie bancaire. Ce qui constitue un grand obstacle pour les barons de l’informel. Non seulement dans leurs œuvres de spéculation mais aussi dans les opérations de blanchiment d’argent. Sans oublier le grand chantier de la numérisation qui est en voie d’achèvement.
Un chantier si grand qu’il englobe la lutte contre l’économie informelle en même temps que la lutte contre la corruption. Bien que le lien entre les deux est ténu. Cet épisode du café démontre, avec son ampleur, que les actions criminelles commises par les partisans de l’argent sale, sont passées à un cran supérieur. La réaction de l’État résonne, pour sa part, comme le « dernier round » d’un long combat qui, une fois réussi, verra le retour massif de la confiance entre gouvernés et gouvernants. Une confiance qui est l’arme absolue d’un pays, d’une nation contre tous les vents contraires. Aujourd’hui, l’informel et les corrompus, sentant la fin proche, ruent dans les brancards. C’est le seul enterrement qui suscitera la joie des gens honnêtes !
Zouhir Mebarki