La détérioration de la situation sécuritaire au Soudan suite à la persistance du conflit armé entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR), depuis le 15 avril dans des zones séparées, dont la plupart sont concentrées dans la capitale, Khartoum, et l’État du nord, comporte inévitablement la menace d’une catastrophe humanitaire dont les premiers signes ont commencé à accabler la population qui ne manque pas une occasion pour appeler à la cessation des combats qui ne servent nullement ses intérêts.
Les médias rapportent que 80% des marchés de Khartoum ont fermé par crainte de pillages. Conséquence immédiate : une augmentation des prix des produits de base, entre 300 et 400 % parfois, et le prix de l’eau en bouteille a doublé dans certaines régions du pays. À Khartoum, les habitants appréhendent l’interruption de la production et l’arrêt des mouvements d’importation par voie terrestre, maritime et aérienne. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, cité par El-Mayadeen, « la pénurie de vivres, d’eau, de médicaments et de carburant est devenue très grave, en particulier à Khartoum et dans ses environs, et les liquidités sont devenues rares et difficiles d’accès, ce qui complique la possibilité de quitter les zones d’affrontements ou de fuir vers des zones sûres ». De son côté l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dresse un bilan dramatique de la situation sanitaire : il y a eu 14 attaques contre des établissements de santé depuis le début des combats ; seuls 25% des centres de santé du pays fonctionnent à pleine capacité, et plus de la moitié ont été contraints de fermer complètement ; le traitement de 50 000 enfants souffrant de malnutrition sévère a été interrompu à cause des combats ; la chaîne du froid qui maintient les vaccins à jour a été affectée par des coupures constantes d’électricité et de carburant. Avocats et médecins au Soudan ont tiré la sonnette d’alarme pour le Darfour ravagé par des combats meurtriers. Dans le secteur de l’éducation, l’impact des combats est aussi désastreux : les fermetures d’écoles ont forcé des millions de personnes à quitter leurs salles de classe. Les réfugiés fuient par dizaines de milliers vers les pays voisins, le Tchad et le Soudan du Sud mais aussi l’Ethiopie et l’Égypte où, selon les autorités égyptiennes, plus de
14 000 Soudanais et 2 000 ressortissants d’autres pays sont arrivés. Au total, 270 000 personnes pourraient fuir au Tchad et au Soudan du Sud, selon l’ONU. Près de 3 000 personnes ayant fui les combats meurtriers ont traversé la frontière de la Centrafrique. Une cinquième trêve au Soudan est entrée en vigueur et un calme prudent régnait, hier, dans la capitale, Khartoum, après que des affrontements sporadiques ont été enregistrés et des survols aériens dans les zones de la capitale. Mais les combats au Soudan se poursuivaient vendredi à Khartoum et surtout dans la région du Darfour, malgré une prolongation de la trêve conclue entre l’armée et la FSR. Le dernier bilan donné hier par le Syndicat soudanais des médecins, cité par Russia Today, fait état de 387 morts civils et de 1928 blessés depuis le début des affrontements. Dans son rapport n°14 depuis le début des affrontements, le Syndicat a déclaré qu’il y a de nombreux blessés et morts qui ne figurent pas dans son inventaire, et qu’il n’a pas pu se rendre dans les hôpitaux en raison de la difficulté de déplacement et de la situation sécuritaire dans le pays. Il a rapporté qu’il y avait eu de nombreux morts et blessés lors des récents combats dans la ville d’El-Geneïna, où il a atteint 74 morts pour les journées des 24 et 25 avril, alors que le Syndicat n’a pas encore obtenu d’inventaire pour les journées des 26-27 avril, et il n’y a pas d’inventaire du nombre de blessés, et tous les hôpitaux de la ville sont hors service.
M. R.