Le Parlement européen a appelé, dans un texte adopté à la majorité, les autorités marocaines à respecter la liberté d’expression et la liberté des médias et à garantir aux journalistes incarcérés un procès équitable.
Les eurodéputés ont insisté en particulier sur le cas du journaliste indépendant, Omar Radi, connu pour ses positions critiques envers le pouvoir. Il a été arrêté en 2020 par les autorités marocaines et condamné en mars à six ans de prison ferme pour viol et espionnage. Des accusations qu’il a toujours niées.
Suite à la déclaration des eurodéputés épinglant le pouvoir au Maroc, des défenseurs marocains des droits humains, dont la militante, Khadija Ryadi ont salué, jeudi, lors d’une conférence de presse organisée à Rabat par l’Instance nationale de soutien aux détenus d’opinion (INASDO), cette position et demandent aux autorités de leur pays de reconnaître « l’échec de la répression » à l’encontre des voix critiques.
« La réponse requise (à la résolution) est de reconnaître l’échec des politiques répressives contre les opinions critiques. Le vote du Parlement européen consacre l’échec de la stratégie répressive consistant à fabriquer des accusations sexuelles contre les journalistes et les critiques », a plaidé Khadija Ryadi.
« Nous sommes conscients que la libération des détenus d’opinion n’aura pas lieu grâce au Parlement européen mais grâce au militantisme du mouvement de défense des droits humains au Maroc. Mais ce genre de résolutions nous donne de la force et fait entendre notre voix à l’étranger », a-t-elle souligné.
De son côté, Khouloud Moukhtari, l’épouse de l’éditorialiste Soulaimane Raissouni, condamné et emprisonné ces dernières années pour des accusations à caractère sexuel tout comme l’ex-patron de presse Taoufik Bouachrine, et l’ex-bâtonnier Mohamed Ziane, a qualifié « d’importante » la résolution européenne « eu égard à la régression que nous subissons en matière de droits humains au Maroc ». L’INASDO a lancé à l’occasion un appel à la « libération immédiate de tous les détenus d’opinion ».
Après les révélations, place à l’isolement
Selon des médias citant des sources parlementaires, le Parlement européen (PE) a annulé ou reporté tous les voyages prévus au Maroc au cours des six premiers mois de cette année, à la suite du scandale de corruption qui a touché l’institution et impliquant Rabat. Les voyages de différentes délégations et commissions parlementaires au Maroc ont été reconsidérés à la lumière des révélations selon lesquelles le pays est impliqué dans un scandale de corruption pour influencer les décisions du Parlement européen, précisent plusieurs médias. L’objectif de cette décision étant d’éviter de nouvelles ingérences, a-t-on précisé. Selon l’agence de presse, EFE, toutes ces missions avaient été initialement autorisées par la direction du Parlement européen, mais la présidente de l’institution, Roberta Metsola, a exhorté les dirigeants des groupes à reconsidérer les déplacements dans cette région, sauf ceux aux forums internationaux ou engagements similaires.
Les réunions prévues au Maroc annulées
Ainsi et à se fier à cette source, la réunion de la direction de l’assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée à Rabat ainsi que celle de la commission de l’énergie devant se tenir ce mois de janvier n’ont pas eu lieu. De même pour une autre réunion de la commission parlementaire mixte Maroc-UE qui devrait se tenir en février ainsi que celle de l’assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée sont prévues à Rabat en février et mars, du sommet et de la session plénière en mai, en plus du report d’un autre voyage prévu en juin par la commission des libertés civiles, qui prévoyait d’explorer la coopération UE-Maroc en matière de migration et de surveillance des frontières, en particulier pour la lutte contre la migration irrégulière.
Bien qu’aucune décision officielle annulant ces voyages n’ait été formulée pour l’heure, il reste que la préparation de ces voyages n’a pas encore commencé, et les coordinateurs de la commission des libertés civiles ont voté mercredi le report de la mission, selon cette source.
« Il y avait un consensus tacite au sein de la Conférence des présidents – qui réunit Metsola avec les dirigeants des groupes politiques – pour réévaluer tous les voyages dans ce pays », a déclaré un porte-parole de la présidente à EFE.
Le « Marocgate » pourrait servir la cause sahraouie
Dans un entretien à l’agence officielle APS, la présidente de l’Association d’amitié Portugal-Sahara occidental (AAPSO), Luisa Teotonio Pereira, qui a participé au 16e Congrès du Front Polisario, a estimé que le « Marocgate « pourrait avoir un impact sur le positionnement d’un ensemble de pays concernant la politique expansionniste du Maroc, en raison de l’ouverture de cette porte (retentissant scandale de corruption au Parlement européen dans lequel est impliqué le Maroc, ndlr), estimant qu’il sera cette fois-ci très difficile pour les Européens de continuer de nier les violations des droits humains dans les territoires sahraouis occupés. Pour elle, cela rend également « extrêmement difficile » à la Commission, au Conseil et au Parlement européens de « trouver des expédients » pour les décisions de sa propre Cour de justice, lorsque celle-ci rendra public le jugement final sur les illégaux accords commerciaux conclus entre l’Union européenne (UE) et le royaume du Maroc, tout en souhaitant l’ouverture bientôt des opportunités pour l’organisation du référendum d’autodétermination au Sahara occidental au profit du peuple sahraoui. Elle a également salué par ailleurs, la consistance, volonté et le courage du peuple sahraoui pour gagner son autodétermination et indépendance contre le colonialisme. Il faut noter que les eurodéputés espagnols ont voté contre cette résolution accablant le Maroc pour ses atteintes aux droits humains. Mme Pereira a estimé à ce sujet que cette position a « cruellement mis en évidence jusqu’à quel point le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, au pouvoir) est disposé à nier ses propres valeurs pour défendre des intérêts tiers.
B. O.