Pour une seule saison d’importation, l’Algérie achète en moyenne plus de 5 millions de tonnes de blé. La France qui était le premier fournisseur de l’Algérie de cette denrée alimentaire a été écartée. En effet, depuis fin 2021, l’Algérie avait carrément exclu la France de ses achats de blé. Le pays s’était plutôt tourné vers l’Allemagne, l’Argentine ou encore la Russie. Mais peu importe d’où provient le blé, au final, c’est toujours de l’importation avec des prix d’achat qui sont souvent fluctuants et instables car dépendant de plusieurs facteurs et qui sont estimés entre 380 et 385 dollars la tonne. Mais pour faire face à la grosse facture d’importation de blé, le pays doit passer à la hausse de la production nationale, notamment en blé dur. Mais au fond, la question ne se résume pas au seul souci lié à la grosse facture à payer en dépit de son importance. Il y a toujours pire. Car la dépendance à des pays étrangers, pour s’approvisionner en céréales, notamment est un risque majeur sur la stabilité des pays importateurs qui font souvent l’objet de chantage d’où toutes ces expressions qu’on entend çà et là comme le « pétrole contre nourriture » ou encore « gaz contre blé ». Cette dernière a été d’ailleurs évoquée il y a quelques mois par certaines politiques françaises juste avant la venue de la délégation française en Algérie il y a quelques mois. Ils étaient, certes, recadrés par les dirigeants algériens en leur signifiant que les Algériens ne sont pas des tubes digestifs. Mais les mots ne suffisent pas et ne remplissent pas les ventres creux. Les autorités du pays en sont d’ailleurs conscientes.
CAP SUR 30 QUINTAUX/HECTARE
C’est pour toutes ces raisons d’ailleurs que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a réclamé, lors du dernier Conseil des ministres, de l’Exécutif plus d’efforts pour augmenter la production des récoltes agricoles, notamment le blé et accroître le taux de sa production à 30 quintaux/hectare pour assurer la sécurité alimentaire via une autosuffisance combien stratégique. Stratégique d’ailleurs sur un double plan. Sur le plan interne, l’autosuffisance en général permet surtout de réaliser la stabilité et d’éviter les tensions qui pourraient naitre en raison de la famine ou des pénuries provoquant des « émeutes de la faim ». À l’externe, il s’agit surtout de se mettre à l’abri des pressions des pays producteurs notamment en période de crise d’autant plus que toutes les conditions sont réunies dans notre pays pour relancer l’agriculture, pied dorsal, pour tout réel développement en raison de son importance dans la sécurisation du pays.
REDONNER À TISSEMSILT SA VOCATION
À l’occasion, le chef de l’État veut donner un véritable coup de pression à la production nationale en insistant sur la libération immédiate du foncier dans les zones forestières dans la wilaya de Tissemsilt, en vue de la réalisation des logements ruraux et au profit des exploitants agricoles, car cette wilaya est d’abord une région agricole. Mais pour mener le bateau à bon port, le pays doit, à priori, s’orienter vers l’utilisation des méthodes scientifiques chapeautées par des ingénieurs agronomes à la hauteur d’étudier la nature des terres agricoles et de dégager un plan stratégique d’organisation des spécialités de production notamment le blé dur en raison de sa cote élevée sur le marché international, de surcroît, que les terres agricoles algériennes sont plus favorables au blé dur qu’au blé tendre, selon les spécialistes. Il est aussi important de mécaniser davantage le secteur pour sortir de l’agriculture traditionnelle orientée beaucoup plus sur la consommation domestiques et des ménages. Il est donc plus que nécessaire de s’accommoder des techniques agricoles modernes pour espérer un réel décollage de l’agriculture dans notre pays car seule une véritable révolution en matière de production notamment des céréales et des semences est en mesure de servir de barrages à la fois aux ingérences étrangères et à l’instabilité en interne.
Brahim Oubellil