La mise au jour de cet épisode lugubre de la face cachée de la France coloniale viendra en remettre une couche aux exactions commises contre les Algériens durant la Guerre de libération nationale.
En parallèle en effet aux massacres d’Algériens, les citoyens français proches, ou soupçonnés de l’être, du FLN sont liquidés dans le plus grand secret sur ordre du général Charles de Gaulle. Ces révélations étalées hier sur les colonnes du journal Le Monde auront davantage réprimandé les voix qui, aujourd’hui encore, s’élèvent de temps à autre pour glorifier la France coloniale.
Cette séquence sinistre de l’histoire de la Guerre de libération nationale traite de la période 1956 – 1962, où- cite l’Agence de presse nationale des passages de l’article auxquels elle a eu accès- les services secrets français, par le biais du service action coordonné par le sinistre Jacques Foccart –homme de main et de confiance du général de Gaulle- sont ordonnés d’assassiner les citoyens français pro-Front de libération nationale. Ainsi, écrit l’auteur de ce travail d’investigation du journaliste Jacques Forollou (à ne pas confondre avec Fouroulou, surnom de l’écrivain algérien Mouloud Feraoun assassiné par l’OAS le 15 mars 62 à Alger), « Des documents lèvent le voile sur des projets d’élimination de Français, d’Européens et de dignitaires étrangers pendant la Guerre d’Algérie », lequel journaliste a puisé ses révélations dans « Les Tueurs de la République »(Plon), de Vincent Nouzille et a à partir des extraits du fonds d’archives personnelles de Jacques Foccart.
Ainsi, durant l’été 1958, le pouvoir de Gaulle, qui sort vainqueur du putsch d’Alger opéré le 13 mai, « Jacques Foccart a coordonné, sous les ordres du général, un programme d’opérations clandestines sur fond de conflit algérien. » le mode opératoire consistait alors à procéder à des menaces, commettre des attentats et des actes de sabotages, et enfin, procéder à des assassinats, comme procédé d’exactions toléré dans les opérations secrètes. La seule action du Sdece (service de documentation extérieure et de contre-espionnage) était chargé de mener ces missions, selon le même auteur. Preuve à l’appui, le conseiller du Premier ministre chargé des affaires de renseignement, entre 1959 à 1962, « chiffrait le nombre d’assassinats à 140 pour la seule année 1960, sans pour autant fournir de détails », détaille-t-on. Également, cite-t-il, « un document daté du 5 août 1958 et intitulé « Fiche concernant les objectifs Homo (terme technique qui désigne les assassinats), qui dresse la liste de neuf personnes à éliminer classées en trois catégories ».
Il s’agit de la catégorie « Français pro-FLN » avec un nom, Jacques Favrel, un journaliste basé à Alger, celle des « trafiquants » qui comprend six noms (des vendeurs d’armes mais aussi des proches du FLN, dont un Autrichien, un Allemand et un « Français musulman algérien » appartenant à un réseau d’exfiltration de légionnaires déserteurs, et enfin, de la catégorie intitulée « Politique ».
« Cette liste a reçu l’accord de l’amiral Cabanier. Ce dernier n’est autre que le chef d’état-major de la défense nationale attaché au général de Gaulle à la présidence du Conseil », indique cette source.
Farid Guellil