Les prix de vente des masques, tels que plafonné par l’État à 40 DA, ne sont pas respectés dans certaines localités de la wilaya de Tizi-Ouzou. Tous les commerçants qui proposent des bavettes les vendent au minimum le double des prix déclarés par l’État. Les citoyens, obligés de porter ces masques, au risque de s’exposer à de fortes amendes, ne savent plus à quel saint se vouer. Cela d’autant plus qu’un grand nombre de ces bavettes doit être renouvelé au maximum chaque jour. Les citoyens contrevenants à cette mesure d’obligation du port d’une bavette risquent une forte amende de 10 000DA.
Dans la journée d’hier, les rues grouillent de monde, mais le port de bavettes reste mitigé, dans la plupart du temps. Les prix de ces masques, promis par l’État, sont loin d’être une réalité sur le terrain. « Nous achetons ces bavettes chez des distributeurs de gros. Eux-mêmes, ils les achètent chez des fabricants locaux aux prix de 41 DA, et cela avec des factures, bien sûr. Alors comment voulez-vous qu’on les revende, nous, aux prix plafonnés par l’État ? Les citoyens en achètent beaucoup, et se posent des questions sur leurs prix. Mais nous, nous n’avons pas d’autres choix que de les vendre ainsi », explique un pharmacien dans la ville d’Azazga. Les pharmacies ne sont pas les seuls endroits de ventes de bavettes. Très prisé depuis l’obligation de porter une bavette décidée par les autorités publiques, des bureaux tabacs, ou encore des grandes surfaces, les proposent aux citoyens, mais avec des prix qui ne sont pas à la portée des simples bourses. Dans les bureaux tabacs et autres magasins qui vendent des bavettes, les prix varient selon les modèles proposés. Des bavettes sont proposées aux clients entre 90DA et 350 DA chez un buraliste dans la ville de Tizi-Ouzou. « À ce prix-là, je ne sais pas comment me permettre de fournir tous mes employés, quotidiennement en bavettes. Cela en sachant que ces bavettes sont jetables, et qu’on doit les renouveler pratiquement tous les jours. Ça coûte vraiment cher, c’est tout un budget pour moi », regrette un gérant d’une supérette qui emploie une dizaine de travailleurs.
Pour sa part, Madjid, un autre citoyen, qui travaille comme maçon à la tâche, avoue son incapacité à se permettre des bavettes tous les jours à ce prix. « Cela fait plus de deux mois que je n’ai pas travaillé. Comment pourrais-je m’acheter des bavettes à ces prix ? Déjà que j’arrive difficilement à fournir mes enfants en baguettes de pain et du lait chaque matin, on nous impose de les acheter à des prix inaccessibles ! », dit-il, approché par le Courrier d’Algérie. Certains travailleurs, plus chanceux, sont fournis gratuitement par leurs employeurs dans leurs lieux de travail. C’est le cas de Sofiane, un jeune ouvrier travaillant dans le complexe électro-industriel d’Azazga. « Chaque matin, l’usine pour laquelle je travaille nous fournit des bavettes, gratuitement. Je la porte dans mon lieu de travail, et même quand je termine, je sors avec. Ça m’évite tout risque de contamination, ou encore de me faire verbaliser par les services de sécurité ».
À noter que les contrôles des services de sécurité se sont limités, jusque-là, à certains vendeurs dans les commerces autorisés à rouvrir leurs portes, telles les boulangeries, les marchands de fruits et légumes, ou encore ceux de l’alimentation générale. Un grand nombre de citoyens circulant à pied, ou à bord de leurs véhicules ne portaient pas de masque de protection durant la matinée d’hier, sans pour autant se faire inquiéter.
Arezki Ibersiene