Sorti de nulle part, après un mutisme que la majorité des algériens et de la classe politique espéraient durer, l’ex-patron du parti FLN, Ammar Saâdani, un des symboles, les plus en vue du système Bouteflikien, que la mémoire collective des algériens et de la classe politique en général ne sont pas prêts d’oublier, s’est manifesté, jeudi dernier, par hasard, en accordant un entretien, à TSA.
Ses déclarations en plus de coïncider avec l’arrestation, la veille de Baha Eddine Tliba, l’ex- SG du parti FLN, a voulu, à travers sa sortie médiatique, lancer des clins d’œil, notamment à Paris en exposant encore une fois, sa posture en faveur de la colonisation marocaine au Sahara occidental. Faisant fi d’un des fondements de la politique extérieure de l’État algérien, de la teneur de la Charte de l’Union africaine (UA) et avant elle, celle des Nations unies, (ONU), consacrant le principe et le respect du droit des peuples à l’autodétermination, notamment dans la Résolution de l’ONU 15-14, Ammar Saâdani piétine celle-ci, alors qu’elle a pu voir le jour, grâce notamment aux sacrifices du peuple algérien et des peuples africains, dans leurs luttes respectives et convergentes contre le colonialisme dans toutes ses formes. Après avoir fait l’éloge de la teneur du projet de loi sur les Hydrocarbures, auquel de experts des compagnies pétrolières mondiales ont contribué à son élaboration et donc davantage en leur faveur, l’ex-patron du parti FLN, Saâdani a lancé un clin d’œil à des capitales occidentales en course pour leurs mainmises sur les ressources et les voies d’approvisionnement en énergie, dont certaines ont été plus visées, par ce clin d’œil, en leur offrant son soutien aux thèses qu’elles prônent, principalement Paris, en faveur du dernier système colonial, qui perdure sur notre continent, comme souligné par les peuples et les États africains, ainsi que les Nations unies et ses différents organes. Au moment où notre pays, la communauté algérienne en France et les citoyens français libres et au premier rang les enfants des victimes des massacres de milliers d’algériens, lors des évènements tragiques du 17 octobre 1961, à Paris, pour que nul n’oublie, les crimes coloniaux, Ammar Saâdani, pensant pouvoir réussir, là des acteurs et des poids lourds de lobbies pro-système colonial, en Palestine comme au Sahara occidental, propose que notre pays adopte une posture différente de celle qu’il a promue, depuis la guerre de libération à ce jour, en matière de soutien auxpeuples en lutte contre le colonialisme qui sévit, malheureusement, à nos jours, en Palestine, depuis 1948, par l’occupant sioniste et au Sahara occidental, depuis 1975, par le colonisateur marocain. N’ayant aucune fonction officielle et encore moins une audience, depuis le mouvement populaire pacifique du 22 février dernier, pour le changement du système et de ses symboles, dont A.Saâdani, qui a occupé le perchoir de l’APN et le poste de secrétaire général du parti FLN, dont l’ex-président démissionnaire sous la pression de la rue, à travers le pays, contre le cinquième mandat, en était le président l’interviewé a remis en cause un des fondements et des principes de la politique étrangère de l’État algérien.
Saâdani se contente de reprendre une propagande du Palais marocain et son Makhzen
Pour plaire à des capitales occidentales, siégeant au Conseil de sécurité, principalement la France, il invite le peuple et l’État algériens à renoncer à leur attachement de principe à la résolution onusienne 15-14, consacrant le droit des peuples à l’autodétermination, quia pu voir le jour, aux Nations unies, grâce aux sacrifices des martyrs algériens des évènements de décembre 1961. Saâdani balaye, en effet, d’un revers, l’acquis des luttes des peuples pour la liberté et la fin de tout système colonial, en déclarant, jeudi dernier : « en vérité, je considère, d’un point de vue historique, que le Sahara est marocain et rien d’autre », alors que la Cour internationale de justice, se basant sur des faits historiques, a tranché la question, en déclarant que le Sahara occidental est un territoire non autonome en plus des résolutions de l’AG et du Conseil de sécurité consacrant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Pour mieux plaire à qui il lance son clin d’œil, que ce soit au Palais de la monarchie marocaine ou dans la capitale française, Saâdani ira même jusqu’à déclarer « je pense que la conjoncture est favorable », pour un saut, de l’Algérie, dans le camp de ceux et celles qui activent et manœuvrent via des lobbying, notamment en Europe et à l’ONU, pour faire valoir le droit de la force sur la force du droit des peuples à l’autodétermination. Pour mieux plaire aux acteurs influents dans la région, dont ceux à l’origine du chaos où a été plongé la Libye en 2011 à ce jour, suite au rôle de la France pour l’intervention de l’Otan dans ce pays, l’ex-patron du parti FLN s’inscrit sur la voie des visées inavouées de la vague du printemps arabe, visant le remodelage de notre région et celle du Moyen- Orient, des évènements qui ont été tragiques pour les peuples, notamment libyen, syrien, yéménite, et bien avant eux le peuple irakien. Il dit, à qui veut l’entendre de l’autre côté de la Méditerranée, que «la conjoncture est favorable» car, selon lui « il y a l’élection d’un nouveau président (en Algérie :Ndlr) et le changement de système en Tunisie, l’Algérie se dirige vers une élection et un changement de système, la Libye aussi vit une transformation ». Poursuivant dans sa promotion de la solution de l’occupant marocain, en violation du droit international, Ammar Saïdani s’efforce d’ignorer qu’aucun pays, à travers le monde ne reconnait la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, dont notamment la France et l’ex-colonisateur des territoires sahraouis, l’Espagne. Ce dernier, pays dont la responsabilité juridique, historique et politique est engagée dans le malheur que vit le peuple sahraoui, depuis son retrait, du Sahara occidental, en 1975, avant la tenue du référendum, suite aux accords de Madrid ouvrant la voie à l’invasion militaire marocaine des territoires sahraouis. Voulant verser dans le populisme, lui qui symbolise le système Bouteflikien et que des millions d’algériens ont décidé et annoncé le glas de sa fin, Saâdani fait abstraction des sommes faramineuses, des milliards de dollars dilapidés par la bande outre le détournement des deniers publics au profit des symboles bannis pacifiquement par l’Algérie de l’après 22 février, Saâdani parle du soutien financier de l’État aux justes causes des peuples, l’expression de la solidarité agissante, en direction de ceux qui luttent encore pour leur indépendance, dont le peuple sahraoui et aussi palestinien, un principe hérité du soutien similaire d’autres peuples et États à la lutte et la révolution du peuple algérien pour son indépendance. Celui qui a été, dans les années précédentes, un fervent défenseur de l’ex-président Bouteflika et son système, suggère que le moment est venu pour que l’Algérie tourne le dos aux peuples en détresse, dont sahraoui, et par conséquent aussi au palestinien, vu que sa pensée converge avec les soutiens de l’occupant sioniste, qui faut-il le rappeler, a été et continue d’être d’un apport non négligeable, à la monarchie marocaine, dans sa colonisation au Sahara occidental et du rôle à jouer en Afrique, continent fortement convoité et ciblé par l’entité sioniste.
Karima Bennour