Un prestigieux sigle en danger de disparition. Et le mot n’est pas fort. La fête est finie après l’incomparable bonheur ayant suivi logiquement, mais au finish à l’arrivée d’un baisser de rideau à controverses, le titre de N°1 algérien. Un sigle prestigieux, une belle consécration acquise certes dans la douleur et un palmarès à la hauteur de l’histoire d’un géant national désormais dans la tourmente. Sous la menace, tout simplement, d’aller rejoindre les tiroirs de cette même histoire
Sales temps
Les nouvelles du front ne sont pas bonnes. Du côté de Bab-El-Oued –Soustara, les deux plus traditionnels fiefs usmsites, le temps n’est plus à la fête chez ces bruyants et non moins brillants supporters «rouge et noir» à nuls autres pareils dans le pays et dont les chants, repris pour la plupart par le «Hirak», ce mouvement populaire toujours en cours et jamais en manque de souffle, qui emportera dans ses mailles ses «propriétaires», les frères Haddad et à l’origine de déboires en série. Sales temps même, et c’est le moins que l’on puisse dire, comme le montrent ces images fortes d’un stade de Bologhine aux trois quarts plein pour une «simple» séance d’entraînement samedi dernier à l’heure même où les champions d’Algérie en titre, écrasés par des problèmes de tous ordres, se devaient de répondre présent à l’appel d’un derby algérois, contre le voisin de palier et non moins ennemi-intime mouloudéen, frappé cette fois du sceau du boycott. Forfait consommé et match perdu par pénalités, même si la direction unioniste, qui avance des arguments règlementaires et menace d’internationaliser le «conflit» en en appelant, si nécessaire, à l’arbitrage de la Fifa. Sanctions sans appel. Qu’on est loin de l’explosion de joie de cette fin d’exercice 2018-2019 et le retour, méritoire et plus que mérité, au sommet pour une équipe conjuguant les distinctions à tous les temps. Une réalisation (encore une qui en appelle, en principe, d’autres) historique et un retour fracassant à la «Une» pour les Zemmamouche and Co auxquels, dans un contexte sociopolitique difficile induit par la chute du clan Bouteflika (merci de rappeler que les responsables de ce club sportif au passé glorieux se confondant avec la juste lutte de libération nationale figurant en bonne place, Ali Haddad, rattrapé par les affaires se retrouvant derrière les barreaux), retrouvant la scène internationale par la belle lucarne de la prestigieuse champion’s league africaine. à la clef, une qualification sans problèmes (sur le plan purement sportif) à la phase de poules. Mission accomplie et soucis à la pelle. Problèmes à la limite de l’insoluble. Pour souligner que les nouvelles du front ne sont pas, loin s’en faut, bonnes. Et un avenir en pointillés.
Victime d’un système ?
Finies les ouvertures des médias ayant suivi le 8e sacre qui en fait le 2e plus titré du pays après la JS Kabylie. Finie même la «récréation», place au(x) doute(s) surtout quand le présent, et encore moins l’avenir, n’est plus aussi « rose » et que le conte de fées vire au cauchemar. Surtout quand tout s’enchaîne, les mauvaises nouvelles se succédant. Tant pis (ou tant mieux ?) si on n’est plus dans le sport et dans la performance. Et à la vitesse où vont les choses, il y a danger pour une équipe citée hier comme modèle de « professionnalisme» intra-muros et ayant profité, n’ayant pas peur de le dire, des «bienfaits» d’une politique de privatisation basée sur la rapine et loin, très loin d’être performante. Lire politique. Finalement victime de choix dans un système porté sur l’éphémère, le tout s’écroulant tel un château de cartes. La belle «aventure» qui prend fin et avec elle une certaine idée d’un professionnalisme sans foi ni loi. Sans garde-fous surtout dans une pâle copie où tout le monde exige sa part de subventions et donc de partager le gâteau. Malheureusement. Fin d’une épopée. L’USM Alger, dans son habit de champion pourtant jusque-là bien assumé et de brillante «locomotive», qui quitte les rails et en passe de tirer sa révérence. Sinon en grosse(s) difficulté(s). Redescend carrément sur terre, en ne sachant pas où aller. Comment et avec quels moyens. Conséquemment ou concomitamment avec ce «forfait» qui fera date dans la longue série de ce derby au retentissement planétaire mais à la sauce exclusivement algéroise avec l’immense bonheur qu’il offre, bon an mal an, au peuple de la capitale, ne voilà-t-il pas que le ciel vient de tomber sur la tête de ce public unique faisant le show dans les très électriques travées de Hammadi avec ce pourrissement, allant en s’aggravant, de la situation d’un fleuron du football algérien se préparant à quitter la scène dans un silence assourdissant. Dimanche, la veille de la réunion de la Commission de discipline d’une LFP ne sachant plus à quelle saint se vouer et dirigée par un président, Medouar, rarement aussi contesté (près d’une année après un 1er mouvement de contestation mené par quelques membres de son bureau en vue de le destituer, nous parvenaient dans cette même journée, des informations relatives à une rébellion en règle avec, cette fois, toute la composante qui va au bras de fer pour exiger son départ) pour statuer sur les sanctions à prendre après le « non événement» MCA-USMA, les joueurs de cette dernière, n’en pouvant mais, montent au créneau en décidant carrément de «geler» leurs activités, la mesure «concernant aussi bien les entraînements que les rencontres nationales et internationales» et ce, jusqu’au règlement de la situation d’ensemble.
Onde de choc
Intenable par bien des côtés. Motifs invoqués, via un communiqué officiel, « la crise sans précédent qui secoue le club depuis plusieurs mois déjà et rendant impossible toute possibilité de le voir tenir ses engagements contractuels. Et quand c’est cette même direction du club qui en constitue le relais, on peut croire que les concernés (lire les joueurs qui perdent patience et attendent sans rien voir de concret quant au règlement de leurs arriérés de salaires, excédant, pour certains, les 8 mois, ainsi que les autres employés livrés à eux-mêmes) sont décidés comme jamais à défendre leurs droits et que le conflit sera autrement plus sérieux que cette grève-éclair entamée le mois dernier. Une solution «extrême» d’ailleurs vite abandonnée en raison du désir de l’équipe de mettre en sourdine ses revendications et de se concentrer sur ses engagements, notamment en se consacrant à honorer les couleurs (c’est désormais chose faite en compostant magistralement son billet pour la phase de «poules») avant de remettre çà, la pression en plus. Un ras-le bol qu’explique «la fin de non recevoir réservée aux nombreuse requêtes (parmi elles le déblocage du compte bancaire du club, ndlr) adressées à la justice mais restées malheureusement sans suite». Si la direction, qui voit ses efforts buter sur des problèmes d’ordres juridiques récurrents, appelle les supporters à la «mobilisation» avec un «appel clair» (c’est une première) aux âmes charitables parmi les fans et autres amoureux du club, beaucoup craignent, en attendant une «ouverture» salutaire qui ne semble pas montrer le bout du nez, qu’il est maintenant tout aussi clair et sauf «miracle» (peut-être cette entreprise fantôme du nom d’ «Al Hayat Pétrolium» dont on ne connaît rien et accusée de se faire de la publicité gratuite sur le dos du sigle et tarde à clarifier ses intentions, ou la cession, à l’arrivée d’une bataille juridique s’annonçant rude, de la majorité des parts de la société sportive à une entreprise nationale, nous avons nommé la SONELGAZ, qui connaît bien la maison pour avoir dirigé la manœuvre des années durant), que, vu du «front», les nouvelles ne sont pas bonnes. Qu’il y a vraiment matière à craindre pour l’avenir d’un fleuron victime des pratiques douteuses de ses anciens dirigeants et qui se dit, en retour et loin de toute victimisation, pas prêt à payer l’addition. SOS club en danger.
Par Azouaou Aghilas