Le procès des «réunions secrètes», sur lequel le tribunal militaire de Blida a statué le 24 septembre dernier, n’a pas livré tous ses secrets.
Le Collectif de la défense de Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, condamnée le 25 septembre dernier, par le tribunal militaire de Blida, à 15 ans de réclusion criminelle, a animé, hier, une conférence de presse, dans laquelle il revient sur les « conditions dans lesquelles s’est déroulé le procès et les dépositions faites par les prévenus durant l’audition ». Le procès qualifié d’ « expéditif » par les avocats, a été marqué par «le refus» du tribunal militaire de convoquer l’ancien président de la République, le général Liamine Zeroual, pour témoigner, ainsi que «le non accès» des avocats au dossier, tel ce qui est prévu par l’article 132 du Code de la justice militaire.
La conférence a été, de surcroît, consacrée à commenter les déclarations de l’avocat du général Toufik, Me Farouk Ksentini, qui avait fait savoir, le 23 septembre dernier, que les avocats de Louisa Hanoune ont demandé le report du procès. « Nous n’avons pas demandé le report du procès. Les avocats du général Toufik l’ont fait et nous n’avons pas exprimé de réserves à ce sujet », a déclaré Me Mokrane Aït Larbi, sans citer Me Ksentini par son nom. En sus, regrettant que celui-ci s’est félicité que les accusés n’aient pas écopé de la peine capitale, Aït Larbi a précisé que « ce qui intéresse la défense de Louisa Hanoune c’est l’absence d’une preuve tangible qui confirme les charges retenues contre elle ». « Il n’y a pas d’enregistrement de cette rencontre. Ils nous ont dit qu’un problème technique a empêché d’enregistrer la rencontre de l’après-midi, à laquelle Mme Hanoune a pris part et n’a duré qu’une heure seulement», a précisé l’avocat, avant de noter qu’«aucun témoin n’a témoigné contre elle (Louisa Hanoune, ndlr)».
« Rien ne confirme qu’elle était initiatrice de la rencontre»
Pis encore, « les auditions des autres accusés ont confirmé que la cheffe du Parti des travailleurs a accepté de rencontrer l’ancien conseiller du Président (Saïd Bouteflika, ndlr) pour faire connaître les positions de son parti à l’égard de la situation politique». Dans la foulée, l’avocat a précisé que malgré l’insistance de la défense pour convoquer l’ancien président, Liamine Zeroual, dont le nom figure sur la liste des témoins, le tribunal a rejeté cette demande ».
Il a rappelé que l’article 132 du code de la justice militaire stipule que le prévenu peut communiquer librement avec son conseiller ; celui-ci peut prendre communication ou obtenir copie de la procédure. Mais, selon lui, « la défense a été privée de ce droit fondamental en violation du droit militaire lui-même ».
Pour sa part, Me Saheb Hakim, a qualifié ce procès d’ « expéditif » et de « politique ». Donnant sa version des faits, l’avocat a signalé que «rien ne confirme que Louisa Hanoune a été l’initiatrice de la rencontre ». Bien au contraire, il existe des SMS envoyés à l’ancien conseiller du président dans lesquels elle recommande la démission de Bouteflika».
«Zeroual doit assumer sa lettre»
Le collectif a également confirmé que toute l’affaire a été déclenchée après la parution de la lettre du général Zeroual et dans laquelle celui-ci révèle avoir reçu la visite de Toufik Mediène pour lui proposer une nomination à la tête d’une instance de transition.
« Nous avons demandé que l’ancien Président soit convoqué comme témoin mais le juge a refusé. Zeroual doit assumer sa lettre», a déclaré, pour sa part, Me Aïssa Rahmoune. Celui-ci a, par ailleurs, révélé que l’enquête sociale contenait des « anomalies ». « L’enquête a fait ressortir que ma cliente détenait 3 comptes CCP et deux comptes devises, ce qui est faux », a déclaré Me Rahmoune. Pour ce qui est de l’appel interjeté le 25 septembre dernier, Me Mouhous Seddik a précisé que «selon les procédures, le procès en appel devrait être ouvert dans un mois à 45 jours».
Lamia Boufassa