À peine plébiscité à la tête de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), pour un mandat de cinq ans, en remplacement à Abdelmadjid Sidi Saïd, Salim Labatcha est au centre des appréhensions, surtout que la Centrale syndicale connaît, depuis quelques mois, l’une des pires crises de son histoire.
Alors que le nouveau SG fait, d’ores et déjà, l’objet de nombreuses réserves, surtout qu’il est réputé pour avoir mené un mouvement de redressement au sein du Parti des travailleurs (PT) en 2016, certains syndicalistes qualifient le 13e Congrès de la Centrale syndicale de «hold-up». Et pour cause, plusieurs congressistes sont considérés simplement d’«inéligibles» à participer à ce congrès. C’est le cas notamment d’Amar Takjout, secrétaire général de l’Union de wilaya d’Alger et membre du secrétariat national de l’organisation, qui a boycotté cet évènement. Préférant se montrer prudent en s’interrogeant sur l’avenir de la Centrale syndicale, le syndicaliste a, néanmoins considéré que les syndicalistes sont désormais «devant le fait accompli». Ainsi, pour lui, il est préférable de se pencher sur les mécanismes de sortie de crise. «Est-ce que Labatcha va maintenir la crise jusqu’au moment où ça éclatera ? Ou il essaiera de trouver un moyen d’ouvrir les canaux de discussions et de concertations, ce qui est propre à tous les nouveaux dirigeants ? », s’est interrogé l’ancien SG de la fédération des travailleurs du textile. Plus loin, il a précisé qu’ « aujourd’hui, beaucoup d’interrogations nous hantent. La scène syndicale n’est pas unifiée. Les structures sont dénoncées de toutes parts. Les travailleurs sont déçus et n’arrivent plus à voir clair dans la ligne de conduite», a-t-il constaté.
Dans la foulée, notre interlocuteur n’a pas manqué de souligner pourquoi il considère le 13ème Congrès de l’UGTA comme étant «illégitime». «Labatcha a perdu sa crédibilité puisqu’il n’a pas tenu de Congrès dans la Fédération des travailleurs de l’agroalimentaire», a-t-il rappelé en précisant que «celui-ci n’avait pas le droit de participer à ce congrès». Plus loin, il précisera que d’autres congressistes n’avaient «ni le droit de participer ni de voter». Ainsi, il dira qu’«au moins huit fédérations sont inéligibles à voter et à participer». «C’est le cas des fédérations de la santé, de l’éducation, de la culture», a-t-il argué en regrettant que des personnes pareilles«puissent élire un nouveau SG de la Centrale syndicale».
Par conséquent, il s’est demandé si ces personnes n’ont pas «fait un hold-up de l’UGTA». Dans tous les cas de figures, il a précisé que «l’histoire retiendra qu’il y a eu une direction qui a été mal-élue, à travers un Congrès contesté et contestable».
«Il a été récompensé»
Interrogé, d’autre part, sur le profil de Salim Labatcha, Takjout a précisé que la «jeunesse plaide en la faveur de celui-ci». Toutefois, au sujet du mouvement de redressement mené au sein du parti des travailleurs pour tenter d’évincer Louisa Hanoune, le syndicaliste qui est également militant au sein du même parti a précisé que celui-ci a «finalement été récompensé pour son travail».
«Ceux qui ont été derrière l’intronisation de monsieur Labatcha, ont fini par le récompenser», a-t-il dit. «Encore une fois, ceci prouve que l’UGTA reste un enjeu des clans au niveau de la sphère du pouvoir. Chacun œuvre à ce que la Centrale reste entre les mains du pouvoir», a encore rajouté le SG, en rappelant que Labatcha est un «proche» de Sidi Saïd.
Notons que l’ex-SG de la fédération des travailleurs de l’agroalimentaire a été plébiscité, à plus de 99% des voix, lors de la première journée du 13ème congrès de la Centrale syndicale, tenu au Centre international des conventions (CIC), et ce, en remplacement de Sidi Saïd qui occupait ce poste depuis 22 ans. Environ une dizaine d’unions de wilaya a opté pour le boycott de ce congrès, considérant que les règlements intérieurs n’étaient pas respectés.
Lamia Boufassa