Les discussions informelles sont en cours au niveau des États amis du Sahara occidental autour de l’avant-projet de résolution soumis par les États-Unis, rédacteurs du texte. Ce projet dans ses grandes lignes réaffirme le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et propose le renouvellement du mandat de la Minurso pour une période de six mois alors que le Maroc et son allié principal au Conseil de sécurité suggère une période de un an pour gagner du temps et faire durer le statu quo. Le texte se félicite également de la relance du processus de négociation, à travers les deux tables rondes de Genève et prend note de la convocation d’une troisième rencontre Maroc-Front Polisario en Juin à Genève.
Mais comme à chaque fois qu’il est en échec diplomatique, le Maroc s’agite beaucoup et son ministre des Affaires étrangères a multiplié les visites de Moscou à Ryadh pour noircir la situation dans notre pays en la liant aux conséquences du Sahara occidental. La manœuvre est grossière pour faire avaliser la colonisation marocaine d’un territoire non autonome et le déni du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui . Un droit imprescriptible et inaliénable, semble oublier le Maroc.
Il est vrai que souvent à Rabat on prend ses désirs pour la réalité et après l’échec du lobbying sioniste à Washington pour faire fléchir la position des États-Unis, l’appareil diplomatique marocain s’est emballé sur plusieurs fronts. En même temps que la propagande pour faire passer le sursaut démocratique algérien pour un effondrement de l’État algérien. Une fable qui fait rire les interlocuteurs du Maroc très conscient par contre du danger réel qui menace de l’intérieur un régime monarchiste à la dérive conteste au quotidien par des manifestations d’ampleur.
Ce qui frappe dans la cécité du makhzen est cette démarche à l’approche du renouvellement du mandat de la Minurso, qui tente de gagner, à ses positions coloniales, la Russie ou encore la Chine. Moscou n’a pas été par quatre chemins pour rappeler le respect strict de la charte de l’ONU ou est inscrit en lettres d’or le droit à l’autodétermination des peuples.
C’est pourquoi, aucun État ne reconnaît «la souveraineté» du Maroc sur un territoire sous occupation coloniale alors que le secrétaire général de l’ONU, dans son dernier rapport demande un monitoring indépendant et global sur la protection des droits de l’Homme au Sahara occidental ou la répression marocaine s’exerce avec une violence inouïe.
D’échec en échec diplomatique, le Maroc met tous ses espoirs en Paris pour éviter la périodicité courte et contraignante de six mois. C’est une épée Damoclès qui pèse sur Rabat et que les États-Unis ont voulue comme catalyseur pour accélérer le processus de décolonisation du Sahara occidental. Et ce ni l’intransigeance marocaine qui essaye de vendre un faux «compromis» à travers son «offre d’autonomie», soufflée par la France, ni les résultats des deux tables rondes organisées à Genève et, encore moins, les manipulations sémantiques marocaines autour de son format – pourtant clairement défini dans les différents rapports onusiens : 2 parties + 2 voisins – ne peuvent et ne doivent justifier l’abandon de six mois, alors que le Maroc conforte son occupation par la construction de nouveaux murs au Sahara occidental occupé. Et ce n’est pas non plus les basses manœuvres de Rabat qui met en avant la situation en Algérie pour torpiller de concert avec ses alliés l’action de l’envoyé personnel du SG de l’ONU, Horst Köhler qui, jusque là, n’ a pas dévié de sa volonté de parvenir à un règlement de la question du Sahara occidental conforme à l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. L’attitude de Köhler est d’autant plus méritoire que certains agités par le Maroc ont tenté de l’influencer et alors que Paris se malmène pour pousser Berlin à agir selon les thèses de Rabat.
Mokhtar Bendib